Le premier anniversaire est souvent relié à des moments importants qu’on prend la peine de souligner. Mais cette fois,  je ne sais pas si cet anniversaire mérite qu’on le célèbre en grand.

« La veille de cette journée fatidique, j’avais un examen de soir à l’université. Nous étions près d’une soixantaine dans le local. Mais la fébrilité dans l’air n’était pas due à l’imminence de l’examen. Les étudiants commençaient à se poser des questions. L’un d’entre eux a demandé à notre professeur s’il pensait que les écoles allaient devoir fermer, dû à l’arrivée de la COVID-19 dans la province. Il nous a répondu, en toute honnêteté, que cela serait fort probable.

À la sortie de mon examen, je suis allée fêter la fin de ma mi-session dans la résidence universitaire de mes amies et on n’était pas loin d’une vingtaine d’étudiants. Dans un même appartement. Un verre à la main. À s’amuser. J’étais si insouciante. Si seulement j’avais su que c’était la dernière fois que j’allais pouvoir faire ça avant un long moment…

Le lendemain de cet examen, c’était le vendredi 13 mars 2020. Je ne suis habituellement pas superstitieuse, mais cette journée-là m’a fait remettre mes croyances en question.

Cela fait déjà un an. Je me le répète depuis plusieurs minutes et cela me semble si étrange. Parce que je me souviens encore de cette journée comme si c’était hier

Un an. » 

un an gâteau chandelleSource image : Unsplash

Je n’ai revu mes collègues d’université qu’il y a deux semaines, lorsqu’on nous a enfin autorisé à effectuer un retour en classe en présentiel. Cela faisait près d’un an que je ne les avais pas vus en vrai. Avec la fermeture des écoles lors de ce fameux vendredi 13 mars 2020, ma vie a basculé du jour au lendemain. Je n’avais plus de cours, plus d’activités sportives, plus de théâtre, plus de soirées au bar étudiant. J’ai même perdu mon travail d’été. Puis s’est enchainée une succession d’autres mesures sanitaires qui m’ont contrainte, ainsi que tous les Québécois, à me confiner chez soi.

Et on a tous fait face à des situations inattendues qui ont fait émerger en nous une panoplie d’émotions tout aussi imprévues.

On a perdu beaucoup de choses dans la dernière année. Des choses qu’on avait tenues pour acquises. Et je ne parle pas seulement des gyms, des cinémas, des restaurants et des festivals. Oui, ça nous a fait mal de perdre soudainement l’accès à toutes ces sources de réconfort et de divertissement. Mais, on a aussi perdu des choses qui sont, à mon avis, beaucoup plus importantes. Comme des moments. De précieux moments en famille. Entre amis. Des moments avec des collègues, des camarades de classe. Des bals de finissants, des naissances et des mariages. On a dû mettre une croix sur plein de rencontres, de rassemblements, de partys et de voyages. Et on a vécu des déceptions, des moments tristes et des deuils durant lesquels on aurait bien eu besoin d’un gros câlin d’un membre de notre entourage. Sauf que c’était impossible.

Alors on s’est adaptés. On s’est réinventés. En tant que société, mais aussi en tant qu’individus. On a appris à utiliser Zoom pour les cours en ligne, pour les meetings et pour les 5 à 7. On s’est fait des coucous à travers des fenêtres. On s’est aussi trouvé des projets, des choses qu’on n’avait jamais eu le temps de faire avant. Certains ont fait des rénos, du jardinage et du pain. D’autres se sont remis en forme et ont pris des marches. Beaucoup de marches. On a aussi passé la majorité de notre temps habillé en mou, parce que c’est bien plus confortable. On a aussi réalisé que ce n’était pas si plate que ça, le Québec. Que la Gaspésie, c’est ben beau. On a également pris conscience des gens qui étaient importants pour nous et qui méritaient qu’on aille au pied de leur balcon leur chanter des chansons.

Quant à moi, j’ai pris du recul sur ma vie. Ma vie qui allait tellement vite jusqu’à ce qu’on me force à m’arrêter. J’ai réalisé ce qui comptait vraiment pour moi et j’ai tenté de m’entourer de positif et de ce qui me rend fondamentalement heureuse. Oui, j’ai vécu des moments moins faciles, mais ils m’ont fait avancer et fait prendre des décisions pour me guider vers la vie à laquelle j’aspire désormais.

Parfois, j’ai de la difficulté à réaliser toutes les choses qui se sont passées dans la dernière année. Qui m’a semblé si longue et si courte à la fois. Et même si je n’ai pas pu faire tout ce que j’aurais voulu, il n’en reste pas moins que ce fut une année qui m’a fait grandir d’une manière que je n’aurais jamais imaginée. Ça n’a pas été facile pour tout le monde, j’en suis consciente. Mais si on a réussi à passer à travers ces mois difficiles, alors ce n’est pas le temps de lâcher.

En espérant qu’on n’ait pas à fêter ton 2e anniversaire, cher COVID-19.

Source image de couverture : Unsplash
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