De tous les péchés capitaux dont je devrais me repentir lors de la messe de minuit, celui de la gourmandise est certainement mon plus grand vice. Ce n’est pas ma faute! Cette faiblesse est héréditaire voire génétique. Je viens d’une famille qui adore manger et popoter. Pour reprendre les mots d’Obélix, je suis tombée dans la marmite étant petite. J’ai grandi au milieu du tintement des chaudrons et des ustensiles, assise sur un petit banc accoudée au comptoir, j’ai observé ma Reine Mère virevolter dans son royaume, la cuisine, toute mon enfance. Ma mère Noël tiendra le premier rôle, assurément. Je serai le lutin en soutien, encore en apprentissage des recettes, des habiletés techniques et du saut de biche.

Noël souper recevoir familleSource : Pexels

Avertissement, il est à vos risques et périls d’entrer sur la piste de danse sans invitation ni sans connaître la chorégraphie. Croyez-moi, après 27 ans de cours, je suis encore en apprentissage des pas de base. L’expérience m’a appris à faire place à la professionnelle; glissade à droite lorsqu’elle ouvre le tiroir pour attraper le fouet qu’elle refermera avec un petit fouetté; pirouette à gauche afin de prendre le lait dans le réfrigérateur; «magie dans les doigts» en cassant les œufs et petit déhanchement sur le rythme de la musique trop forte en touillant l’onctueux mélange. Le tout se fera avec la grâce d’un délicat petit hippopotame en tablier. Cette danse contemporaine occupant toute la piste de la cuisine, effectuée par ce corps de ballerine format mini-cupcake est à la fois magnifique et quelque peu épeurante.

Nous débuterons par les pâtés à la viande et la préparation de la viande à cipaille. Ensuite le potage, les bouchées et les à-côtés jusqu’au numéro final, les desserts! Bien que parfaitement planifiés et chorégraphiés par ma mère, les préparatifs du festin sont toujours un peu chaotiques. Ma mère et moi dansons en symbiose tel un Mini-wheats de Noël. Elle est le côté blé entier empreint des techniques classiques de ma grand-maman Fernande et de ses recettes traditionnelles de beignes, de cipaille, de carrés aux dattes, de tartes au sucre, etc. Tandis que moi, je suis le côté givré qui souhaite des nouvelles saveurs de bûches de Noël, de mokas et de biscuits. J’ai envi d’innover, la cerveau rempli d’idées empruntées aux Ricardo et Trois fois par jour de ce monde.

Repas Noël famille Source: Unsplash

Bien que nous dansons côte à côte et que j’essaie, tant bien que mal de garder le rythme, je provoque encore (trop souvent) des collisions. Il est presque certain qu’un plat de glaçage vert tombe au sol et propulse tout son contenu sur les armoires immaculées suite à un saut de chat mal exécuté ou que quelques œufs s’écrabouillent au sol dans une tentative de tecktonik. Sans oublier LE classique, ma mère qui lave et range tous les ustensiles que je dépose sur le comptoir, même ceux non-utilisés!

Noël souper cuisine familleSource : Pexels

Pendant ce temps, bien installé dans sa chaise à se faire bronzer sous les lumières du sapin, mon père Noël se délecte les yeux en nous regardant valser au travers des chaudrons tout en papotant à l’infini. Nous rions, chantons (atrocement faux) et c’est magique. Mes plus beaux souvenirs familiaux du temps des fêtes sont pratiquement tous reliés à la nourriture. La préparation de cette période festive est comparable au long processus de création d’un spectacle où la soirée de la grande première sera le repas du réveillon. Les plats ont toujours un goût divin mais c’est la passion, l’énergie et l’amour avec lesquelles Mommy concocte ses recettes remplies de beurre et de bonheur qui les rendent aussi précieux que les cadeaux sous l’arbre de Noël.

Source photo de couverture : Pixabay

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