Aujourd’hui, je vous écris, car l’éducateur spécialisé en moi a mal! J’ai mal à mon petit cœur quand je lis des articles de journaux relatant la mort d’une fillette de 7 ans à Granby. Je ne peux pas concevoir qu’un adulte qui est en position d’autorité en vienne à utiliser la violence physique sur un enfant jusqu’à causer sa mort! Il y a quelqu’un, quelque part qui n’a pas fait sa job adéquatement pour assurer la sécurité et le bon développement de cette enfant. Je m'insurge lorsque je lis les témoignages des ses proches qui ont tenté à plusieurs reprises de sonner l'alarme!
Source image : Francis Paradis
Mais le comble, c’est que la fillette était déjà connue de la direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
Comment est-ce qu’un service tel que la DPJ a-t-il pu « l’échapper » ainsi ? On parle de la vie d’une gamine, ce n’est pas rien! Lorsque le service, étant supposé protéger les enfants les plus vulnérables de notre société, commet une telle bourde, je me questionne sérieusement sur l’efficacité de leur fonctionnement! C’est à croire qu’il faut qu’un événement aussi tragique que celui-ci arrive pour que les plus hauts placés se mettent à réfléchir sur la qualité des services déployés pour remplir leur mandat qui est d’assurer la sécurité et le développement des enfants. Pour avoir moi-même déjà fait des signalements, c’est fâchant quand ceux-ci ne sont pas retenus par « manque de preuves ». Néanmoins, si je me fais l’avocat du diable, il est vrai qu’il est totalement inconcevable de retirer un enfant de son milieu naturel sans preuve concrète et que ce moyen devrait être envisagé seulement en dernier recours, mais dans tous les cas, un signalement ne devrait jamais être pris à la légère. Un signalement devrait toujours être investigué, mais trop souvent il arrive que les personnes responsables de traiter les signalements ne se rendent même pas dans le milieu en question pour valider auprès de la personne concernée si sa sécurité ou son développement sont compromis. Je ne blâme pas ceux qui traitent les signalements, car je suis bien conscient qu’ils travaillent d’arrache-pied et qu’ils ont une charge de travail comportant un haut niveau de stress.
Cependant, derrière ce manque de suivi, derrière cette structure fonctionnelle inadéquate se cachent inévitablement des raisons monétaires. C’est évident! Le gouvernement n’a pas les « moyens » d’offrir davantage de ressources monétaires à la DPJ pour que les services soient plus adaptés à la réalité et aux besoins de ces enfants puisqu’il s’agit pour lui d’une dépense et non d’un investissement à long terme. Ainsi, la DPJ n’a d’autres choix que de prioriser certains signalements, des délais sont à prévoir selon la gravité de la situation et des signalements ne sont simplement pas retenus ou investigués davantage.
Toutefois, lorsque je pense au petit frère de 5 ans de cette fillette, ce petit bonhomme qui restera fort probablement marqué à vie par la perte de sa sœur dans de telles conditions et les abus dont il a également été victime, je me dis que c’est un investissement qu’il vaudrait la peine de faire en tant que société.
** Si vous voulez signaler une situation, vous pouvez contacter la DPJ de votre région. En cas d’urgence, composez le 911.