Comment combattre mon monstre intérieur? Je me pose cette question tous les jours. Toutes les heures. Toutes les minutes. J’ai un doute constant à l’intérieur de moi, une peur intense, une phobie. Je crois que ma psychologue me l’a répété à toutes les rencontres depuis novembre. La clef, c’est l’exposition et tolérer l’inconfort que ça implique.
Comment je peux le tolérer cet inconfort? Je ne sais pas. C’est un effort surhumain que je dois faire tous les jours. Je devrais le faire six fois par jour pour être exacte. Six fois par jour, de tolérer l’inconfort, qui me fait paniquer, pleurer, qui me donne le goût de sortir de mon corps et de hurler jusqu’à ne plus rien ressentir.
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En fait, j’ai de la misère à gérer mes émotions, à les comprendre et à les accepter. Pour moi, c’est une autre langue que je ne comprends pas. Ça me rend mal à l’aise. En fait, ce ne sont pas les émotions en tant que telles, c’est de me montrer vulnérable. C’est démontrer que je ne suis pas si forte finalement.
À la thérapie de groupe, on parle beaucoup des distorsions cognitives, des associations erronées que nous faisons automatiquement. Maintenant, je dois apprendre à les combattre et constamment défier mes pensées. C’est difficile à faire lorsque mes pensées et mes impressions semblent être des vérités absolues.
Le rétablissement n’est pas linéaire. Il faut faire des pas devant et des pas derrière. C’est difficile à accepter. Surtout que j’aimerais que tout se fasse sans embûche, sans erreur. Le tout, parfaitement. Je sais que je suis hyper exigeante envers moi-même. Je suis loin d’être la seule personne avec un trouble alimentaire qui est exigeante avec soi-même. Je pense que c’est un des dénominateurs communs de la maladie.
Depuis que j’ai débuté un traitement plus intensif, j’ai réalisé que ma maladie avait beaucoup plus d’emprise sur moi que ce que je croyais. Imaginez-vous devoir vous lever tous les matins pour aller affronter votre plus grande peur. Puis, recommencer le lendemain. C’est comme essayer d’éteindre un feu avec un mini arrosoir. Ça prend du temps et du courage. Le feu peut grossir, mais si on continue à l’arroser, il finira par s’éteindre.
Je pense que pour combattre mon monstre intérieur, je vais devoir m’accepter telle que je suis, ou du moins, un peu plus. Je dois également essayer de focaliser sur les raisons qui me poussent à vouloir guérir. Une liberté d’esprit, une meilleure santé physique et surtout être capable de profiter du moment présent sans être prise dans mes pensées. Une étape à la fois comme on dit. Ce n’est pas facile, mais j’imagine que c’est faisable.
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