Ce texte s'inspire des rendez-vous manqués que nous réserve souvent la vie. Ils se comptent par dizaines au fil de notre histoire. Ils viennent croiser le fondement d'espoir en une personne et les mots que l'on ne souhaitait pas entendre. Réaliser instantanément que cette personne n'était, au fond, qu'une éclaircie dans ton ciel nuageux.

C'est ok d'être déçu(e), il faut simplement comprendre qu'au moins les nuages commencent à se disperser.

Alors cette personne est apparue, elle était couleur dans ton monde de grisailles et quelque chose d'enfoui au fond de toi-même a jailli pour te rappeler que tout n'est pas mort. Qu'il y aura un après à cette peine et que tu viens peut-être de le croiser. Alors tu la regardes et tu souris. Tu prends le temps de comprendre ce qui se passe à sa simple apparition. Tu contemples ses photos et ne trouves pas le défaut ou la faille qui te dirait que ce ne sera pas elle. Et puis tu te dis pourquoi pas. Que la vie te doit une parcelle de bonheur et qu'enfin la dette se rembourse. En pleine confiance tu te diriges enfin vers elle, tu y trouves tes mots tout en ignorant la peur d'un refus.

Et tu lui demandes le droit de lui dire qu'elle est spéciale.

Que tu as su voir en elle, ce que les autres ne comprennent pas, que de par tes yeux elle est la plus belle des personnes dans ton ici et maintenant, considérant sa place dans ton après. Que de la choisir, tu saurais le faire. Avec la fierté des mots trouvés, tu sens qu'elle saura en être bouleversée. Enfin tu souris. Tu ressens une fébrilité à sentir monter en toi ce possible, mais tu refuses de prendre tout ceci comme paiement acquitté. Parce que tu le sais au fond de toi que la vie n'est pas toujours généreux.

Et c'est là que la réponse arrive et que le suspense ne dure pas.

Tu devines rapidement que de lire la fin n'est même plus nécessaire, que les explications à un non ne sont pas demandées. Survient le moment d'agir comme la personne de valeur que tu es. En bon perdant que même s'il est tanné de perdre, ne le laissera ni paraître, ni sentir. À cette nouvelle jambette, tu n'es pas tombé, mais tu comprends que l'impact t'a quand même dérangé. Alors tu te remets en selle en t'éloignant dans le soleil couchant, seul, une fois de plus.

Tu réfléchis à la chance immense qu'ont des gens d'être deux. Tu leur en veux presque de ne pas en être pleinement conscients. En t'éloignant de tout ça, tu sais et comprends le privilège qu'est d'entendre un ''je t'aime'', ce que représente le choix que fait une personne de partager sa route. La tristesse de ne pas être choisi n'est pas très loin. Des remords et des regrets souhaitent te parler, mais tu ne veux plus les écouter.

Il ne te reste qu'à regarder l'horizon et sourire tout doucement.

De sentir que, néanmoins, cet instant se prépare et qu'il t'est, malgré le moment, destiné. Essayant de te convaincre que ce n'est pas parce que tu es là, sans personne, que tu ne comptes pas et qu'il n'en tient qu'à toi de ne pas diminuer ta valeur. D'attendre la prochaine apparition, de revoir cette nouvelle éclaircie et de laisser tes paupières se refermer. De la sentir sur ta peau et de l'accepter dans tout le temps qu'elle te donne. Priant qu'un jour la chaleur reste et qu'en ouvrant les yeux, tu n'y vois qu'un beau ciel bleu.

Et non ce ne sera pas toi, ce sera une autre un peu plus tard, c'est ok et je ne t'en veux pas... Ce n'est pas que je ne veux pas te parler, mais je n'ai plus de temps pour ne pas avancer.

Image de couverture d'Anandu Vinod
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