J’ai eu un parcours scolaire, disons-le, plutôt long. J’ai commencé en travail social au Cégep du Vieux-Montréal, où je me suis rendu compte que ce cheminement n’était pas pour moi. Après deux ans, j’ai rebroussé chemin. J’ai continué en sciences humaines, car je ne savais plus ce que je voulais faire. J’étais certaine toute ma vie que j’allais être travailleuse sociale, mais finalement, quelques aspects de cette profession me rejoignaient moins. Je suis atterrie au Cégep Marie-Victorin où j’ai fait un DEC en éducation spécialisée. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un DEC prend normalement trois années à compléter. Dans mon cas, cela m’a pris cinq ans à faire. Je n’ai pas eu un enfant, mais bien deux durant mon cheminement scolaire. Il faut se le dire, dans mon domaine, les professeurs étaient quand même compréhensifs, je crois que j’ai eu droit à seulement un professeur qui, peu importe, bedaine ou pas, je devais être à l’école pour ne pas manquer ses cours.
Lorsque j’ai eu ma fille Charlie, mes collègues de l’école ont été vraiment gentils avec moi. Durant ma grossesse, j’avais des maux de cœur et lorsque je suivais un cours et que quelqu’un décidait d’amener sa poutine durant le cours, laisse-moi te dire que c’était tout un sport. Mes amis m’ont aidée à prendre mes notes lorsque je devais aller faire mon rendez-vous quotidien ou lorsque j’étais malade ce qui m’a vraiment aidé.
Lorsque j’ai accouché, j’ai pris un an de pause, afin de m’occuper de ma mini. J’ai repris les études à l’automne suivant, j’ai fait mes stages et cela s’est bien déroulé. J’étais fatiguée, mais ce qui m’a aidé, c’est que mon conjoint me permettait d’étudier lorsque Charlie était couchée. Lorsque j’avais des périodes libres entre deux cours, j’en profitais pour prendre de l’avance sur mes projets. En décembre, l’année suivante, j’ai appris que j’étais enceinte de nouveau.
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Cette grossesse fut plus difficile émotionnellement ainsi que physiquement, car elle fut plus complexe cette fois-ci. J’étais en train de terminer mon DEC et, en plus, j’avais mon autre mini qui avait un an et demi. Mon conjoint ainsi que ma famille m’ont appuyée et m’ont aidée à passer au travers. J’ai eu également beaucoup de chance d’avoir une garderie formidable jusqu’à la naissance de ma deuxième fille, avant de devoir changer pour me rapprocher de ma maison. Cette gardienne a su me mettre en confiance, elle m’a encouragée et m’a donné des trucs de grossesse afin d’arriver à passer au travers. Je prenais parfois une demi-journée de congé de l’école pour me reposer et je savais ma Charlie entre bonnes mains.
J’ai eu la chance aussi de pouvoir faire mon dernier stage dans un organisme communautaire qui m’a accueilli les bras ouverts, et ce même si j’avais une grosse bedaine. Les usagers, qui étaient adultes, me donnaient des conseils et certains me trouvaient inspirante de persévérer avec ma grossesse, ma fille et l’école. Ça a vraiment pas été facile, il y a eu des jours que j’ai voulu tout lâcher et reporter le tout à plus tard. Lorsqu’il me restait un mois, j’ai été tellement fière de tout ce que j’avais accompli. Lorsque j’ai célébré la fin, ma fille me regardait avec fierté et c’est le message que je voulais aussi lui transmettre. La persévérance, quand tu crois en un projet et que tu veux vraiment, tout est possible. Ce fut une expérience enrichissante, je trainais parfois ma coquille à l’école et mes amis éducateurs spécialisés se donnaient à cœur joie de regarder ma fille pendant ma supervision de stage. J’ai eu la chance d’être bien entourée et aussi bien organisée.