Je sais que tu te souviens de lui, ton premier amour.

Je sais que tu te souviens d’eux, des sentiments que tu as ressentis.

Je sais que tu te souviens d’elle, la personne que tu étais la première fois que tu as aimé.

Je sais que tu te souviens de la peine, celle que tu as eu après tes premiers « je t’aime ».

Source: Pixabay

Quand j’ai vécu ma première peine d’amour, j’avais 20 ans. J’avais vu des films, j’avais vu mes amis, j’avais vu à quoi pouvait ressembler une première peine d’amour. Mais rien n’aurait pu me préparer à l’intensité de la peine que j’ai vécue, à part peut-être, l’intensité de la relation que je devais laisser derrière moi. Ce que j’ai trouvé le plus dur, c’est le temps que j’ai pris à me remettre. Dans mon entourage, je ne connaissais personne qui avait aimé deux fois. Du haut de ma jeune vingtaine, je ne connaissais que des gens qui avaient dit: « je t’aime » une seule fois. Je n’avais donc aucun repère sur ce que c’était, l’amour, après. On me disait souvent : « laisse le temps faire les choses ». Alors j’ai attendu. Un an plus tard, j’attendais encore que le temps remplisse sa part du travail pour que je puisse passer, pour de bon, à autre chose.

Les premières semaines, j’étais complètement amorphe. La moindre tâche me semblait être un réel calvaire. Tel un Boom Desjardins des années 90, j’avais de la peine du matin au soir et même dans mon sommeil.

Après quelques mois, la peine devient plus compliquée à vivre. On rentre dans une phase où nos amis ne savent plus quoi nous dire. Le problème, c’est qu’il n’y a rien à dire. On devient mal à l’aise avec les sentiments qu’on ressent, car ils sont là, mais nous avons l’impression que nous n’avons plus le droit de les ressentir et de les partager. On se demande si l’on est normal, est ce que je devrais déjà avoir passé à autre chose? J’aurais aimé que quelqu’un me dise que j’avais le droit, que c’était correct de me sentir faible et vulnérable. Parce qu’à 20 ans, on a tout à prouver au reste du monde et chaque moment de faiblesse est un combat intérieur qui nous impose beaucoup de pression.

Puis vient ce passage, le pire de tous. Celui où l’on ne ressent plus rien. Celui où tout nous semble fade et sans goût, celui où rien ne sera aussi bon que ce que nous avons déjà goûté. Comme si nous avions ressenti tout ce qu’il y avait de meilleur à ressentir, et qu’à partir de maintenant, ça ne sera qu’un pauvre copier-coller. Un copier-coller qui sera accompagné de la peur, la peur d’avoir mal encore. Une peur qui nous fait demander, est-ce que ça en vaut vraiment la peine? Une peur qui nous fait reculer à chaque occasion. Les nouvelles rencontres que l’on fait sont agréables, mais ne dépassent jamais ce stade. On est bien, sans être en amour. L’amour devient un concept abstrait qui semble ne pas être fait pour nous.

Un an plus tard, j’ai compris ce que je trouvais aussi difficile, pourquoi je n’arrivais pas à tourner définitivement la page. Ce qui me manquait le plus, c’était elle, la personne que je suis quand il est là, ou plutôt, la personne que j’étais avant, quand il était là. Ce petit enfant naïf, amoureux et rêveur. Celui qui croit que l’amour règlera tous les problèmes, que la passion permettra de traverser toutes les épreuves (juste d’écrire cette phrase me donne l’impression d’être dans Degrassi). Celui qui s’investit sans peur et sans reculer. Celui qui joue sans se poser de questions. Toutes ces nuits à pleurer, toutes ces journées à me morfondre, je ne pleurais pas pour lui, je pleurais pour elle. Pour cette fille que je ne serais plus jamais. À ce moment-là, je le croyais réellement.

Un jour, on rencontre une personne, une personne qui pèse sur "play" et qui fait jouer dans notre tête la chanson Teenage Dream de Katy Perry sur "repeat", sans arrêt, encore et encore. Et on la retrouve, cette petite fille qui nous avait tant manqué. Je vais être totalement honnête avec vous, ça m’a pris deux ans avant d’être capable de ressentir ce sentiment, pour la deuxième fois. Deux années où j’ai appris à vivre avec moi-même, à m’aimer, à me connaitre et à aimer les autres. Deux ans où j’ai compris, que si l’amour était si facile à ressentir, il ne serait pas si exceptionnel quand on le trouve. Deux ans où j’ai appris que même si un couple se sépare, la relation n’est jamais totalement terminée. Car quand on est amoureux, on grandit ensemble et l’on devient une nouvelle personne, une personne qui gardera toujours dans son cœur, celle qui l’a aidée à évoluer.

Source: Pixabay

Pour ce qui est de mon conte de fée 2016, c’est un amour qui se vivait en sens unique. C’est ça tomber en amour d’un Montréalais, on se perd dans les "one way" et on rebrousse chemin. Une grande amie à moi m’avait dit : « Quand c’est plus fort que toi, tu dois le dire, on ne regrette jamais de dire ces choses-là ». Alors, je lui ai dit, que je l’aimais. Et il m’a dit qu’il ne m’aimait pas. Oui en effet, c’est humiliant, je vous l’accorde. Mais avec du recul, c’est magnifique. Parce que même si je n’ai pas eu la réponse que j’aurais voulu obtenir, j’ai ressenti ce que je voulais ressentir, même pour un bref moment, je l’ai ressenti, j’ai été amoureuse. Je sais maintenant que je peux aimer encore.

Je vous partage cet échec amoureux, car pour moi, il n’en est pas un. Je ne tentais pas à vous dire qu’être en couple c’est formidable et qu’il y a un prince charmant qui vous attend à la Taverne Midway pour révolutionner votre vie avec ses cocktails fancys. Le but ici était de vous dire que les sentiments reviennent. Ils vont revenir, et vous pourrez les partager avec qui vous voulez.

Il y a probablement beaucoup de personnes qui n’ont pas vécu la peine de cette façon-là. Mais j’aurais tellement aimé que quelqu’un me dise que j’étais normale. Que c’était normal de vouloir être seule longtemps, que c’était normal d’avoir de la peine longtemps, que c’était normal d’être blasée longtemps. Que les peines d’amour ça peut être long, beaucoup plus que dans les films de filles. J’aurais aimé que quelqu’un me dise que la peine d’amour, c’est plus que de s’ennuyer de lui, c’est aussi prendre le temps de découvrir la nouvelle personne que nous sommes grâce à lui et sans lui. Alors je vous le dis, à toutes les personnes qui ont encore mal, ou qui ne ressentent plus rien. Les sentiments reviennent. Ils reviennent, plus vrais, plus sains et plus beaux. Un jour, vous serez prêts à les partager. Alors en attendant, profitez, profitez du reste. De la famille, des amis, du travail, et des projets. Profitez de tout le reste pour lequel vous avez TOUT votre temps. L’amour et les « je t’aime », ils reviendront quand le temps aura fait son travail, laissez-le le faire comme il faut.

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