Je sais que présentement il est difficile pour quelqu’un comme toi d’avancer. Tu ne peux pas être là pour les crises de panique de ta sœur, ton frère ou ton ami. Tu ne peux pas être là pour la personne malade dans ton entourage au risque de tomber malade à ton tour. Tu es pris chez toi, pris à regarder les oiseaux voler et à regarder ton chat collé un peu trop tout le temps sur toi, car il le sait que ce n’est pas facile. Tu es arrivé au bout de tes tâches de télétravail, si tu as eu la chance de ne pas être mis à pied par ton employeur.
Pour gérer tout ça, normalement, tu vas voir tes ami.e.s, tu vas prendre une marche et regarder les gens heureux autour de toi, sauf que présentement tout ce que tu vois dans leur regard c’est de l’inquiétude et des faux sourire.
Tu sais que ton autre moyen de gérer le manque de contrôle n’est pas sain. Peu importe comment tu le fais.
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Mon moyen à moi, c’est de contrôler ce que je mange, une variante de l’anorexie, comme m’ont dit les médecins lors de ma 2e crise à 8 ans. Un mécanisme que mon cerveau utilise pour gérer son anxiété. Un peu comme s’il disait à mon corps : « Wait! Toi, peu importe ce qui se passe, je te contrôle. »
Je te mentirai pas, je dois me battre avec mon moi-même à tous les jours pour ne pas faire de rechute; pour me forcer à manger au moins un repas par jour. J’ai la chance d’avoir une amie qui garde l’œil ouvert sur mon état même à distance. J’ai la chance d’avoir un fiancé qui me ramasse dès que je m’effondre et une meilleure amie qui parle seule au bout de la ligne parce qu’elle sait que même si je suis incapable de parler, ça me fait du bien de l’entendre parler.
À toi chère personne qui n’aime pas perdre le contrôle et qui n’a peut-être pas la chance d’avoir des gens autour. Je sais que tu te sens seule, que tu as envie de tout abandonner et que tu as l’impression de ne plus avoir de force. Je ne te dirais pas que tout va bien aller, que tout est beau et rose à l’extérieur et qu’à force de sourire, celui-ci va devenir réel. Non, je te dirai plutôt que c’est correct d’être à terre et de pleurer, que des fois c’est ça qui fait du bien. Je te dirais que c’est effrayant de se sentir comme ça et que oui les gens autour ne pourront jamais te comprendre à 100%, mais que si tu leur laisses une petite chance, tu pourrais au moins ne plus être seule. Tu sais un fardeau comme celui-là, c’est lourd à soulever seul. Aujourd’hui, laisse-toi une chance de vivre tout ce que tu ressens, le bien comme le mal, et demain peut-être que ça ira un peu mieux, ou peut-être pas, mais laisse-toi une chance d’y aller un jour à la fois. Et sache que même si je ne te connais pas, je pense à toi.