** Traumavertissement: Avortement. Des ressources d’aide sont listées à la fin de cet article.
Saviez-vous qu’au CHUL seulement, on effectue en moyenne huit avortements par jour? Je l’ai appris lorsque j’ai dû à mon tour m’y rendre il y a de cela un mois. J’ai toujours jugé les gens qui se faisaient avorter jusqu’au jour où j’ai dû moi-même faire face à cette réalité. Je ne comprenais pas pourquoi il y avait autant d’avortements quand les méthodes de contraception que nous connaissons aujourd’hui ont des taux d’échec aussi bas. Le 21 janvier dernier, cependant, ce fut mon tour. Malgré tout ce que l’on peut penser, l’avortement planifié, ça peut aussi être un deuil.
À toi, petit être que j’ai porté pendant 13 semaines et 4 jours. J’espère qu’un jour tu sauras me pardonner et, qu’un jour, je saurai me pardonner aussi. Le 18 octobre dernier, je suis tombée enceinte de toi, ma belle petite fille, mais ce n’est que quelques semaines plus tard, soit le 16 novembre que je l’ai su. J’étais anxieuse face à la réaction qu’aurait ton père, lui que je ne connaissais que depuis deux mois et demie environ. Après quelques jours, nous avions convenu que nous allions poursuivre la grossesse. Mais, plus le temps avançait, plus, au fond de moi, j'étais incertaine de ma décision.
Source image: Cora-Lee Gauvin
J’ai toujours chéri l’idée d’avoir un troisième enfant, mais ce n’était pas les circonstances que j’avais imaginées. J’ai longuement réfléchi avant de prendre ma décision. J'en suis sincèrement désolée, car, selon moi, une mère ne devrait pas remettre en question l’existence de son enfant. J’ai l’impression de t’avoir trahie, toi qui mesurais 11 cm et que j’ai vu bouger une semaine avant la date fatidique. Tu avais tellement la bougeotte quand je t’ai vue, tes petites mains et tes petits pieds s'agitaient si rapidement que le technicien avait de la misère à prendre ses mesures. Petite coquine qui n’aura jamais eu la chance de rencontrer ses parents. Que je n’aurais jamais eu la chance de se faire bercer, cajoler. Sache qu’au fond de moi, je pense sincèrement que j’ai pris la meilleure décision pour toi, pour moi et pour ton père. Tu méritais une famille unie et heureuse et je ne pouvais pas te l’offrir. J’en suis profondément désolée, car j’aurais tant aimé te rencontrer. J’espère que, peu importe où tu es aujourd’hui, tu es bien et en paix. Avec mon cœur de maman, j’ai pris la décision qui me semblait la mieux pour nous, même si celle-ci m’a brisé le cœur. Je t’aime petit ange.
Suite à la rencontre que j’ai eue avec la travailleuse sociale, j’étais en paix avec ma décision. Cela n’a pas empêché le fait que j’ai dû traverser chacune des étapes du deuil. Je te dis à toi, chère lectrice, qui as peut-être passé par là ou qui aura peut-être un jour à passer par là, que je comprends la peine et le vide que tu peux ressentir. Le plus important, c’est que tu sois en paix avec cette décision, car c’est avec cette quiétude-là que tu vas réussir à passer au travers.
Source image: Cora-Lee Gauvin
Pour terminer, si vous vous trouvez dans une situation semblable, ou avez un proche qui semble avoir besoin d’aide, n’hésitez surtout pas à aller chercher du soutien. Voici une liste de ressources qui sauront vous épauler.
Ressources
- SOS Grossesse (1 877 662-9666)
- Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266
- Pour tous, il est possible de communiquer avec Tel-écoute par téléphone au 514-493-4484 (Grand Montréal), ou auprès de Tel-Aide par téléphone au 418-686-2433 ou, sans frais, au 1-877-700-2433 (Capitale-Nationale, Bas Saint-Laurent, Gaspésie, Île de la Madeleine). Pour connaître le centre d'écoute de votre région, consultez l'Association des Centres d'Écoute Téléphonique du Québec.
- Aire ouverte (services pour les jeunes de 12 à 25 ans): Aire ouverte est présentement disponible pour Laval, le Nord-de-l'Île-de-Montréal et Sept-Îles. D'autres points de services verront le jour prochainement.