Mon fils,

Je vais me souvenir toute ma vie du sentiment inexplicable que j’ai ressenti ce fameux six avril deux mille dix-neuf. Ces deux barres sur le test ont fait de moi une maman au moment même où mes yeux se sont posés dessus.

Je me suis sentie habitée, je savais que désormais je ne serais plus jamais seule et que je ferais tout pour te protéger telle une lionne.

Immédiatement, je me suis mise à faire davantage attention à moi, car cela voulait dire prendre soin de toi. Les hormones peuvent faire ressentir les choses différemment et je me suis mise à faire de l’anxiété. J’avais peur de te perdre, peur qu’il arrive un drame à ton papa aussi.

Tout cela je le vivais jusqu’à dans mes rêves, comme celui que je n’oublierai jamais. Dans ce cauchemar, j’accouchais seule, de toi mort-né et je cherchais désespérément ton papa. Je me suis réveillée en sursaut et en sueur, rassurée par la présence de ton papa à mes côtés et en me flattant le ventre sans réelle forme encore.

Mais, je pouvais me rassurer, ma grossesse allait bien, j’étais chanceuse, je n’avais pas de nausées, seulement une très grande fatigue et des envies de nourriture très spécifiques comme du couscous, ce qui nous faisait rire, ton papa et moi.

Les semaines passaient et les rendez-vous médicaux également. Tout suivait son cours normal, ton papa et moi étions aux anges.

Jusqu’au vingt juin, alors enceinte de 14 semaines, où la docteure en génétique nous a appris que tu avais une anomalie… Ce fut la plus grosse douleur de ma vie, et encore à ce jour.

Je savais que la grossesse ne pourrait pas se poursuivre, mais je me refusais de te perdre toi, mon fils désiré et aimé, déjà.

Je te parlais depuis des mois, mon ventre s’était arrondi, tu étais là et finalement je ne te verrai jamais, je ne te tiendrai jamais dans mes bras, jamais je sentirai ta douce odeur.

J’ai dû vivre un avortement médical à 15 semaines de grossesse, ton papa ne pouvait pas être là à mes côtés, mon cauchemar se réalisait…

Plusieurs années se sont écoulées depuis. Beaucoup de choses se sont passées, mais le fait est que tu as fait de moi une maman, une mamange certes, mais une maman. C’est donc normal que je ne sois plus la même femme qu’avant, je le sens à l’intérieur de moi, je me sens encore plus forte, et ce grâce à toi Samuel.

Merci mon fils, car je suis une meilleure version de moi même maintenant, merci d’avoir fait de moi une maman et de m’avoir appris le réel sens du mot aimer en si peu de temps.

- Ta mamange
Image de couverture via Pixabay
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