À toi, l’intervenant social qui se dévoue chaque jour,
Tu as choisi ce métier parmi tous les autres et on doit se le dire, ce n’est pas le choix qui manque! Tu te mentirais certainement à toi-même si tu disais que ça ne t’arrive jamais, dans un élan de fatigue, de stress ou de découragement, de te remettre en question, de te demander pourquoi tu as choisi ce métier qui, même s’il est merveilleux, n’en demeure pas pour autant facile.
Pour exercer ce métier, tout d’abord, tu dois être avant tout très intelligent. Tu n’as peut-être pas choisi des études doctorales ou ultra contingentées qui te donnent accès à des revenus annuels qui frôlent les six chiffres, mais tu as choisi bien plus grand. Tu as choisi un domaine qui met en relief la machine la plus complexe qui soit, celle de l’être humain qui interagit avec d’autres humains tous aussi complexes. Ton métier te demande une forte intelligence émotionnelle, de fortes capacités d’analyse, d’introspection et d’esprit critique. Ce métier, qui t’amène à comprendre l’autre, t’amène avant tout à la plus belle connaissance qui existe, celle de toi-même.
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Dans ton métier, 2+2 ne donne souvent pas 4. Tu dois parfois remettre en doute des instances beaucoup plus hautes et puissantes que toi si tu sens que cela contrevient à des fondements éthiques et aux droits humains. Tu te sens peut-être bien petit quand tu le fais, mais tu réalises par la suite que c’est quelque chose de grand qui demande beaucoup de courage et d’intégrité. Tu dois parfois aller au-delà de toi-même en ne te laissant pas envahir par tes propres émotions et pensées pour agir dans l’intérêt de la personne que tu aides et de te mettre dans une réalité parfois bien différente de la tienne.
Tu arrives à voir plus loin que ce qui est apparent. Tu décodes la souffrance derrière les violences, la peur derrière la confiance et parfois même l’amertume derrière un semblant de joie. Tu acceptes de voir des choses, d’entendre d’autres et de ressentir certaines même si elles tentent de se dissimuler en vain ou s’il serait tout simplement moins exigeant, d’ignorer comme elles l’ont longtemps été.
Parce que dans le fond, le travail social, c’est la base de tout. Qu’est-ce qui est à l’origine des droits? Le travail social de par ses principes d’équité. Qu’est-ce qui est à l’origine des plus grandes révoltes sociétales qui ont amené les plus grands changements historiques? Le travail social de par la mobilisation collective. Qu’est-ce qui fait en sorte que les mouvements de masses influencent non seulement nous-mêmes, mais également la planète dans laquelle nous vivions? Le travail social de par ses principes de solidarité et d’étude des interactions entre les individus et leur environnement, laquelle est le fondement de cette discipline.
Mais surtout, ce qui fait la beauté de notre travail, c’est le fait de se recentrer sur l’essence même de ce que nous sommes: celle d’être humain.