Je n'ai pas (encore) d'enfants. On cesse tout de suite les rumeurs, je ne suis pas en train d'essayer d'avoir des enfants en ce moment, loin de là. Mais bon, tout cela pour dire que je n'ai pas d'enfants pour le moment. Point. Depuis le début de la semaine, mon fil d'actualité Facebook ressemble plus à un album de rentrée à l'école qu'à un fil de nouvelles. Je vois les photos des enfants de mes amis et de ceux qui ne sont pas mes amis les uns après les autres. Ne vous trompez pas, je trouve les visages tout souriants de vos minis avec leurs sacs à dos bien mignons, mais je me pose des questions. J'ai 32 ans. J'ai commencé à m'exposer sur le web vers l'âge de 20 ans. Par choix, mais encore, je n'avais pas la lucidité d'aujourd'hui. Je me suis bâtie une présence sur le web alors que ce moyen de communication était en pleine croissance. Je suis une des pionnière de la blogosphère au Québec et une des premières animatrices de capsules dédiées à Internet. À 21 ans, j'étais invitée comme experte à la télévision pour parler du phénomène. Ça semble si loin aujourd'hui. Tout cela pour dire que j'ai fait mon entrée sur le web en toute conscience. Quand je mets une photo de moi enfant en ligne, je sais qui la verra et je peux rire de moi moi-même.
Ces enfants que les parents mettent partout sur le web, ont-ils ce choix?
Je le répète, je n'ai pas d'enfants. Je sais que la seconde où j'aurai mon ou ma mini, je voudrai probablement montrer son beau (ou moche) minois au monde entier. À entendre mes amis, ce petit être devient le centre de l'univers et on l'aime sans limite. Ça doit être difficile de ne pas mettre de l'avant sur le web, notre routine quotidienne, cette boule d'amour. Je le conçois. Je ne juge pas du tout les parents. Je questionne.
Parce que quand on les met sur le web, si jeunes, ils n'ont pas leur mot à dire. Et tout ce qu'on met en ligne peut aller ailleurs, se déplacer et être réutilisé. Du contrôle, on n'en a pas tant.
La rentrée, c'est anodin. C'est une journée où l'on rencontre plein de nouveaux amis et pour les parents, c'est la fin de l'été avec la marmaille. Mais je me souviens de rentrée dont je préfèrerais que les photos ne soient pas en ligne. Et je suis bien heureuse d'être née dans les années '80 alors que les photos restaient bien docilement dans un album à la maison. Mes cheveux courts à douze ans? Personne n'a vu une photo de cela en ligne et c'est tant mieux pour moi. Je me souviens d'une fois où mon frère, pour rigoler, avait mis une photo horrible de moi enfant sur Facebook. Pour lui ce n'était que drôle. Ni lui, ni ma soeur, ni moi n'étions à notre meilleur. Mais pour moi, c'était un moment à garder entre Dg, pas à montrer au monde entier. Il a compris et l'a retirée en moins de cinq minutes.
Mais ces enfants d'aujourd'hui, s'ils s'en rendent compte dans 10 ans. Et que 10 ans de leur vie a été mise en ligne, comment effaces-tu cela? Comment peux-tu choisir de redevenir anonyme? Et je ne peux même pas parler des enfants de personnalité du web: certains deviennent connus avant même de savoir parler, un peu comme les enfants de vedettes de Hollywood. Je suis coupable: posez-moi des questions sur les enfants de Angelina Jolie, j'en sais trop sur eux. Je comprends donc certaines célébrités de cacher leur vie privée. De l'autre côté, l'avènement des réseaux sociaux a fait en sorte que tout le monde peut créer sa propre petite émission de télé-réalité et se mettre en scène impunément. Je suis coupable.
Mais qu'est-ce que je ferai quand j'aurai une famille?
Je me le demande.
Pour illustrer le tout, voici un look où je semble prête, moi aussi, pour la rentrée à l'école avec ma petite robe et mon sac-à-dos... même si j'ai quitté l'école il y a maintenant dix ans!
Le look:
Robe - Onze Montréal
Sac - Jeane & Jax
Sandales - Call It Spring
Lunettes - Iris
Photos - Vikki Snyder