À mon moi du futur

Cher moi du futur,

Par où commencer?

Tu sais déjà qui je suis, alors je t’évite les présentations. Ce que tu ne sais pas encore par contre, c’est qui toi tu es. Alors, j’aimerais tenter ma chance en te présentant. Tu as 27 ans, un diplôme en main, bientôt deux. Tu partages ta vie avec l’homme de tes rêves, ton futur mari, ton meilleur complice. Un beau petit gars et une fille en route. Tu es devenue végétarienne, tu ne pars jamais sans ton élastique au poignet et un brillant à lèvres. Tu as commencé à écrire un livre, mais tu hésites encore à l’envoyer pour édition. Tu adores voyager, te faire des listes et manger beaucoup trop de sucre. Enfin, tu penses à déménager dans une autre ville et t’éloigner un peu des sentiers connus pour faire face au changement. Une belle petite maison, ça t’irait bien, non? 

Est-ce que je me trompe? Sûrement en fait. Est-ce que ma description reflète un peu trop mes aspirations? Sûrement aussi. Ai-je été trop idéaliste de penser cela de toi? Ou alors je ne te connaissais juste pas encore assez profondément pour savoir ce que tu aurais décidé de faire de ta vie?

C’est drôle parce que c’est quelque chose qu’on entend souvent de se demander ce que la « future soi » dirait à la « jeune soi »? Des choses du genre « vis, rêve, fais des expériences, aie un peu plus confiance en toi, amuse-toi. Peut-être aussi des choses du genre « fais attention à ce gars, ne te laisse pas influencer par cette amie, ne donne pas ta confiance aveuglément ». Un lot de conseils qu’on aimerait donner à la jeune soi sachant le mal qui pourrait lui arriver et qu’on aimerait lui éviter.

Pourtant, c’est à mon moi futur que j’ai le plus envie de parler. C’est elle qui a le plus besoin de moi présentement, et pas l’ancienne. L’ancienne moi a beaucoup grandi, traversé beaucoup d’épreuves, appris des évènements fortuits, mûri. Elle a fait son bout de chemin et je l’ai vu faire. La future moi, elle, je ne la connais pas encore autant.

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Sache que peu importe ce que j’ai pu penser de la vie que tu mènerais aujourd’hui, j’ai envie de te dire quelques mots.

À mon moi futur, j’espère d’abord que tu vas bien. Je dis ça parce que je sais que ça n’a pas toujours été le cas. Je sais que tu as passé par une montagne russe d’émotions pour te rendre là où tu es présentement. Et ce là où tu es justement, j’espère simplement qu’il te rend heureuse puisque tu le mérites. Pas juste un peu ou juste assez, c’est loin d’être suffisant. Je te parle du bonheur de faire ce que tu aimes vraiment, d’avoir enfin trouvé ce qui te fait vibrer et qui te donne envie de vivre, pas juste aujourd’hui, mais demain pis après-demain aussi. Pis la semaine d’après aussi rendu là!

J’espère tellement, mais alors tellement que tu aies commencé la vie dont tu rêvais. Que tu as arrêté d’attendre dans la peur de foncer dans un mur. J’espère même que t’en as frappé un mur. Mais pas un trop gros, juste un petit mur. Celui qu’il te fallait pour te faire voir que la vie te parle des fois pis qu’il faut l’écouter. Qu’il vaut mieux prendre du recul, respirer et réaliser qu’il est temps de suivre tes instincts. Si tu pouvais m’entendre, je te dirais qu’ils sont les déclencheurs de si belles surprises. En espérant seulement que cela ne t’ait pas pris trop de murs avant de le comprendre. 

J’espère que tu comprends un peu plus que la vie n’est pas une question de décisions. Et encore moins d’un seul choix. Que ce choix est tout sauf définitif et qu’il ne vaut tellement pas la peine de gruger ton énergie pour lui. En ce qui concerne cela, sache qu’il n’est jamais trop tard pour travailler un peu sur toi et faire des changements. Si je te dis qu’il n’est d’ailleurs jamais trop tard pour rien, me croirais-tu? Car je sais que la moi d’aujourd’hui roulerait des yeux en se disant « je le sais bien », mais peut-être que la moi du futur aura commencer à y croire elle. 

Qu’est-ce que je pourrais bien te dire d’autre? 

Que je suis fière de toi. Crois-le. Je suis fière de te voir prendre les décisions que tu prendras. Je suis fière de te voir prendre ce job dont tu seras si hésitante, même si finalement t’aimeras pas ça pantoute. Pis peu importe le chemin que tu auras finalement choisi de prendre, je veux te dire que l’autre chemin n’était pas mieux. Alors ça ne vaut même plus la peine de te demander si le soleil brillait plus de ce côté. Ton soleil va briller ici, je te le garantis. 

Et puis une dernière chose. Moi future, fais-moi le plaisir de te faire plaisir. Tu verras que tu es mille fois plus belle à voir quand tu suis la source de ton plaisir. Concentre-toi là-dessus et je peux t’assurer que tu me remercieras plus tard. Ou plutôt, tu te remercieras toi-même!

À bientôt.

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