«On va attendre à lundi pour te confirmer, mais, fais-toi pas trop d’espoir.» Fais-toi pas trop d’espoir... Ça résonne encore dans ma tête, dans mon cœur surtout. Ce n’est pas l’espoir que j’ai peur de perdre, c’est toi.
«Votre bébé a arrêté de grandir.» Quelle douce façon d’annoncer un décès.
Comme ça, dans mon ventre. Sans avertir, sans donner de signe. Décédé. J’suis pas capable de dire le mot «mort». Je trouve que «décédé» c’est plus doux, plus serein. Même si tout ça n’a rien de doux et de serein. On se console comme on peut.
«On s’accroche à ces p’tites bêtes-là!»
On s’accroche tellement à ces petites bêtes-là. Ça m’aura pris seulement quelques semaines pour t’imaginer un avenir au complet avec nous. Et un rendez-vous pour ne plus rien imaginer du tout. C’est fascinant comme la vie peut changer en un instant.
«On ne comprend pas tant qu’on ne le vit pas.» J’avais de la misère à imaginer cette peine avant. Être triste de perdre un enfant qu’on ne connaît pas, c’est abstrait, non? Je me disais même que peut-être que moi, je ne trouverais pas ça si pire. Je te confirme, je trouve ça «si pire». J’te connaissais déjà au fond, on cohabitait depuis des semaines. Je te connaissais déjà dans ma tête, dans mon cœur surtout.
«J’trouve ça tellement injuste.»
C’est ça que j’ai dit à ton papa, le soir où t’es officiellement «parti». On m’a dit qu’une grossesse sur 5 se terminait en fausse couche. Je suis vraiment désolé pour cette femme sur 5, c’est tellement injuste.
«Tant qu’il y a de l’amour, il y a de l’espoir.» Pourtant, on avait tellement d’amour à te donner. Tu aurais eu une belle vie avec nous, j’suis certaine. On aurait été une belle famille. Malheureusement, même avec tout l’amour du monde, il n’y a plus d’espoir pour toi.
On ne t’oubliera jamais, j’te promets. Tu auras toujours une place dans nos têtes, dans nos cœurs surtout. Dans notre histoire. Mon bébé, tu peux partir maintenant. Je t’aime, pour toujours.
Image de couverture de Muhamad Harun Rabiyudin