Dans moins de deux mois, ce sera à mon tour de souffler ma trentième bougie.

Pour  certains, ce n’est qu’un âge, pour d’autres c’est le nouveau 20 ans, mais pour moi, c’était assurément plus que ça.

L’arrivée à ce changement de dizaine a littéralement eu l’effet  d’une bombe sur mon quotidien puisque j’associais cet âge à la réussite personnelle et  professionnelle. En effet, dans mes attentes de petite fille, à 30 ans, j’allais avoir une vie  stable : un bon travail, un chum, des enfants & une maison. C’était là que je pensais être, parce qu’habituellement, dans notre société, à 30 ans on est rendu là.

À l’âge de 24 ans, j’ai été en couple pour la première fois.

Dans ma tête, c’était fait pour fonctionner puisque je me suis « casée » sur le tard. C’était également le discours de mes  proches : « Sois patiente, quand tu en rencontreras un, ce sera le bon : pour les enfants, la maison pi tout le reste. » Naïvement, j’y ai cru. À 26 ans et des poussières, sans que je puisse m’y préparer, le monde du célibat revenait à moi. Je devais dire « Au revoir » à mes projets d’avoir des  enfants et de devenir enfin propriétaire. Ça et recevoir une brique et un fanal dans le visage,  c’était pareil.

Après quelques matchs Tinder, dates, aventures et fréquentations (appelez ça comme vous le voulez), je me suis retrouvée à 29 ans, toujours célibataire, sans enfant & demeurant dans le même appartement.

Plus les jours passaient et plus j’entendais le Tic Tac de l’horloge résonner.

C’est sans surprise que de nombreux questionnements se sont installés dans mon  esprit: « Vais-je rencontrer quelqu’un qui partagera mon quotidien? Est-ce que je veux vraiment des enfants? Suis-je prête à en avoir seule si je n’ai pas de partenaire? Est-ce que je veux déménager? Est-ce que je suis épanouie  professionnellement? Est-ce que je suis faite pour être dans la norme ou je ne le suis pas? » Quand j’en parlais, les gens tentaient de me sécuriser dans mes craintes alors que j’avais seulement besoin d’être comprise, que c’était légitime de me sentir ainsi. Leurs paroles (même si l’intention était  bienveillante) ne faisaient que renforcer ce sentiment d’échec qui prenait de plus en plus de  place en moi, ternissant ainsi tout le cheminement que j’avais parcouru depuis ladite séparation.

J’avais tout simplement l’impression de nager à contre-courant sans jamais être capable de me rendre sur la terre ferme pour respirer. J’étais essoufflée et fermée à l’idée de me retrouver avec mes amies et de devoir parler de ma vie, qui selon moi, n’avait rien d’attrayant. Je n’avais plus l’énergie d’entendre parler de leurs vies de famille, de leurs  enfants (même si je les aime d’amour), de leurs chums et de me faire poser des questions qui me  renvoyaient directement dans ce sentiment d’échec. Ma banque de patience était épuisée pour ce genre de questions : « Puis, as-tu rencontré quelqu’un dernièrement? As-tu des histoires cocasses  à nous raconter? » et j’angoissais à l’idée de me faire demander comment j’allais parce que les  larmes me montaient aux yeux, juste à y penser.

J’ai décidé de me choisir.

J’ai pris une pause drastique de ma vie sociale. Je voyais mes  amies une à une. J’ai refusé des invitations pour des soupers. Je ne relançais pas les gens  pour prévoir des sorties. Cette pause a été plus que nécessaire pour accepter ma situation. Enfin, j’ai pu recommencer à respirer et faire le deuil, que moi, je ne serais pas dans « la  norme ». Dans cet ouragan de remises en question et de découragements, je croyais avoir  perdu le Nord. Pourtant, il n’était pas bien loin. J’avais seulement égaré ma boussole au fond de mes poches pendant quelque temps.

Je pense qu’en tant qu’individu, on se met énormément de pression.

En effet, « l’estiche » de pression sociale à laquelle nous sommes confrontés se glisse comme un serpent dans nos conversations de tous les jours ainsi que sur notre fil d’actualité Facebook et Instagram. Même si j’ai conscience et que je suis persuadée que la vie de couple, les enfants et la  maison ne sont pas synonymes de bonheur, cela a un impact sur comment on se définit en  tant qu’individu (statut social, emploi, etc.) Pourtant, ça ne devrait pas être ainsi.

À quelques jours de franchir cette nouvelle décennie, je suis davantage en paix avec la place que j’occupe présentement qu’au début de mes 29 ans. Aujourd’hui, je peux affirmer  que je connais mes forces et mes fissures qui ont besoin d’être pansées. Désormais, je sais  m’imposer des limites et les respecter, je n’ai plus peur de sortir hors de ma zone de confort,  j’ai appris à aimer mon corps, j’ai mis de côté les relations toxiques que j’entretenais et  surtout, j’ai appris à aimer et à assumer fondamentalement la  personne que je suis.

Si, toi aussi, tu vis cette situation, j’ai le goût de te dire que c’est juste normal de douter de  la place que tu occupes présentement et d’être triste de ne pas vivre ces moments en même temps que tes ami.es. Également, je t’encourage à prendre le temps pour apprendre à te connaître et à te trouver en tant qu’individu. C’est si important. Les décisions que tu prendras auront encore plus de sens. J’oubliais, le chum/la blonde, les enfants & la maison  ne seront qu’un plus à ton bonheur, mais pas essentiel à 30 ans pour avoir réussi.

À recommencer, je ne changerais rien.

C’est mon parcours et ça forge ce que je suis. Je suis fière d’avoir pris le temps de m’offrir le cadeau d’être bien « seule ». Reconnaissante, heureuse & confiante, je suis enfin prête pour ce nouveau chapitre qui  s’ouvrira sous peu.

Image de couverture de Markus Spiske
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