Nous venons de changer d’année. D’habitude, ça ne me fait pas grand-chose. Je fête avec ma famille l’arrivée d’une nouvelle série de 365 jours, en sachant qu’elle ne sera pas bien bien différente des autres. Au sens où je suis confiante de ce qui va se passer, je sais environ où je serai et quand, je conserve les mêmes certitudes qu’avant, je suis confiante. Ça fait tout de même depuis mes 5 ans que je vais à l’école. Année après année, je sais que je vais suivre des cours, que je vais avoir des notes, des examens, des vacances de Noël, des semaines de relâche, des congés de Pâques, de fréquentes visites chez mes parents les fins de semaine, et des vacances d’été. Bien que plusieurs choses changent au fil des années (mon niveau d’étude, mes emplois étudiants, les gens avec qui je me tiens, etc.), il y a toujours eu ce fil conducteur, cette continuité réconfortante qui me suit. Ou plutôt, qui me suivait.

Oui, j’ai vécu des doutes (beaucoup de doutes!) concernant mes choix de programme au cégep et à l’université, je me suis demandé maintes et maintes fois si j’étais réellement à ma place dans tel ou tel cours, mais j’ai toujours su que je serais, l’année suivante, une fille aux études.

Mais 2023 me réserve non pas un vent de changement, mais un vrai ouragan, qui va venir balayer ma routine, briser ce fil conducteur et le réconfort qu’il apporte.

En 2023, après 7 ans de primaire, 5 ans de secondaire, 2 ans de cégep, et 5 ans d’université, je ne serai officiellement plus étudiante. Je vais devoir être une « vraie » adulte. Cela concorde également avec la fin de ma cohabitation en appartement avec ma sœur, avec qui je partage mon chez-moi depuis que je suis née (enfants, nous partagions la même chambre, et nous avons ensuite emménagé ensemble). Nous étions les « irréductibles colocs », comme nous nous amusions à nous appeler! Mais cette année, elle va se trouver un endroit à elle, et je partirai de mon côté. Cela concorde également avec le départ de ma meilleure amie, qui quitte pour des contrées lointaines, pour aller travailler dans un domaine qui la passionne (bon, Tadoussac, vous me direz que ce n’est pas bien loin, mais pour moi c’est immense.) Elle était également un pilier dans ma vie, une autre certitude que je tenais peut-être parfois un peu pour acquise. La voir partir, c’est un autre changement fulgurant dans ma petite vie.

Bref, cela peu paraître anodin pour plusieurs, mais pour moi, tout change.

Et bien que cela puisse être excitant, je trouve cela extrêmement angoissant. Je ne me sens pas prête à voir toutes mes habitudes chamboulées, pas prête à avoir un vrai emploi, à devoir me trouver des assurances, à prendre mes rendez-vous, à payer une hypothèque et une voiture, etc. Je ne me sens pas prête du tout, mais en même temps, serais-je réellement prête un jour ?

2023, tu m’fais peur.

Mais au fond, je crois que j’ai surtout peur de me perdre. J’ai l’impression d’avoir bâti ma personnalité sur des fondations scolaires ; je me suis toujours définie comme étant aux études, aimant apprendre, aller dans des cafés pour étudier et rédiger des travaux en écoutant de la musique avec des amis, et en procrastinant plus souvent qu’autrement (la dernière minute est la plus productive!) , tout en me permettant quelques petites soirées, sorties et voyage, ici là. Si ma vie change, vais-je changer aussi ? Qui vais-je devenir ? Est-ce que j’aurai les mêmes amis dans 5 ans? Où serai-je, d’ailleurs, dans 5 ans ? Je ne sais même pas où je serai d’ici la fin de la présente année. Je n’aime pas l’incertitude. Et il y en plein dans ma tête, actuellement.

Oui, 2023, tu m’fais pas mal peur. Soit douce avec moi, avec nous. Envoie-nous de la bienveillance et quand même de p’tits bonheurs par boutes, s’il te plaît.
Image de couverture de Dan Asaki
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