À la mi-décembre, entre deux examens dont la préparation m’avait volé deux nuits de sommeil, je reçois un appel d’un numéro inconnu. Évidemment, je ne réponds pas! C’est ma règle, ils laisseront un message et je rappellerai. Tout à coup que c’est un sondage ou encore pire, Visa! Ils ont mordu à l’hameçon, j’ai un message vocal. C’est la pharmacie Jean Coutu.
« Madame Sirois, nous avons reçu vos photos. Vous pouvez passer les chercher, Merci Au revoir »
J’efface le message et je me questionne à savoir dans quel état d’esprit j’étais lorsque j’ai décidé de me commander 10$ de photos imprimées. C’était surement entre deux périodes de procrastination en compagnie de mon ami Pinterest! Je remets ça au lendemain, au surlendemain et jusqu’aux oubliettes.
Je reçois un appel inconnu deux semaines plus tard. Je regarde mon écran jusqu’à ce que la sonnerie cesse et j’attends la notification de message vocal.
« Madame Sirois, nous vous avons appelé, il y a de ça quelques semaines, nous APPRÉCIERIONS beaucoup que vous veniez chercher vos photos, Merci Au revoir »
Je me suis dis que cette dame devait être stressée que je ne possède pas mes belles photos imprimées pour Noël! Je retourne à mon magasinage de cadeaux de Noël, je remets ça au lendemain, au surlendemain et jusqu’aux oubliettes.
Le 28 décembre, j’ai presque remis tous mes cadeaux tel un petit lutin de Noël. Je rejoins ma meilleure amie pour un souper sushi. En l'attendant, je vais chez Jean Coutu pour m’acheter des tampons démaquillants. La caissière me dit : « Ça va vous faire 38,95$». Je me suis accrochée dans quelques produits supplémentaires, un grand classique! Je me souviens alors de mes fameuses photos et là, une remise en question s'impose. Est-ce que je suis vraiment prête à ajouter 10$ sur ma facture qui dépasse largement l’objectif initial de ma venue? Je me questionnais même sur la pertinence d’avoir commandé ces photos alors que j’y ai accès directement sur mon cellulaire. Je me lance et je dis à la jeune fille :
« Je crois (je fais comme si j'étais vraiment pas certaine!!) que j’ai des photos ici depuis un bon petit bout, je n'ai pas eu une seconde pour venir les prendre, ahhhh le temps des fêtes, hein! (Huhu ! ) »
skiesandtalaria.tumblr.com/post/38945896132
J’embarque dans ma voiture, bien contente de mes emplettes. Je prends mon sac et décide de regarder mes photos. D’ailleurs, je me demandais encore à ce moment-là, si j’avais bu une ou deux bouteilles de vin la soirée de cette commande de photos! Ça allait, par contre, être la dernière fois que je me questionnais sur cet action.
Il y avait des photos datant de plusieurs années, mais aussi des récentes. En défilant les clichés, on pouvait y voir mes meilleures amies, ma mère, ma sœur, mon père, mon copain, ma grand-mère et aussi mes deux grands-pères qui nous ont quittés dans la dernière année. Il y avait aussi une photo de moi, devant un paysage magnifique, lors de mon premier petit voyage. Il y avait aussi beaucoup, mais beaucoup de sincères sourires. C’était évidemment tous de beaux et d’heureux moments. Donc j’étais dans ma voiture et je regardais des photos imprimées avec le sourire et un sentiment de bien-être indescriptible. De l’extérieur, on n’aurait pas su de quel génération je provenais vraiment!
Je me suis alors questionné à savoir pourquoi je ressentais une joie si intense en regardant ces photos qui se retrouvent dans mon cellulaire et aussi quelques-unes sur mes réseaux sociaux. Pendant le temps d’une tournée de la pile de photos, j’avais complètement décroché de la réalité et j’arrivais presqu’à revivre le sentiment de bien-être lors de ces évènements. Je réalisais aussi à quel point mon entourage est beau et agréable. Je n’avais pas un nombre «likes» sous ma photo papier et je n’avais pas non plus d’alerte de message texte dans le haut de ma photo. Je regardais un moment dénudé de technologie et sans écran à titre d'intermédiaire. D'ailleurs, cette connexion continue à la technologie nous ramène constamment à la réalité. Les photographies nous permettent de capter un moment présent afin de pouvoir le conserver à travers le temps. J’ai découvert que ce capteur de moment ne peut être entièrement apprécié s'il n'est pas détaché brièvement du moment présent et consommé dans sa plus simple expression. J’ai donc décidé que chaque année, je passerais chez mon ami Jean Coutu. J'y ferai imprimer les photos qui me font bien me sentir et qui représentent mes bons moments de l’année. Je prendrai le temps de me retirer, pendant un instant, du moment présent et de la réalité afin de regarder mes photos, format papier, et de les apprécier à leur juste valeur.
Petite thérapie quétaine à employer aussi souvent que nécessaire!