En 2018, je me suis donnée comme mission de détaboutiser (encore plus) les troubles pelviens et la rééducation périnéale !

J'aime mon métier. Oui, je peux dire haut et fort que j'aime ça être une physiothérapeute en rééducation périnéale et pelvienne ! Cette dernière partie de ma trilogie d'articles sur le sujet vous expliquera pourquoi j'aime mon métier. On me pose la question avec intrigue (souvent) et dégoût (parfois). Détaboutiser la rééducation périnéale, c'est comprendre ce que c'est , comment se passe une session et pourquoi on peut être passionnée par ce métier (cet article).

rééducation périnéaleSource: Pixabay

Non, ce n'est pas que j'aime masser les organes génitaux des patient(e)s qui me consultent ! Il faut voir bien au-delà de ça. La rééducation périnéale, oui c'est de la physiothérapie avec des techniques musculaires et myofasciales; des mobilisations articulaires et neurales; de l'enseignement (beaucoup d'enseignement!); des exercices... Mais c'est tellement plus. C'est écouter, rassurer et interagir avec un individu qui se présente à moi et qui se sent vulnérable. Qui se sent seul avec son problème et se sent même incompris par notre système de santé médical (qui n'excelle malheureusement pas dans le traitement des troubles pelviens). Les raisons de consultation en rééducation périnéale sont intimes et je me sens privilégiée que les patient(e)s me fassent confiance et me dévoilent leurs petits secrets. Parce que oui, on parle de pipi, caca et sexualité ! Il faut le voir avec un sourire en coin et non comme une absurdité.

Lorsqu'une patiente me recontacte et me dit que grâce à nos sessions de physiothérapie, elle a été capable d'avoir une relation sexuelle et qu'elle est enceinte, ou qu'une autre me mentionne qu'elle a finalement pu faire son voyage en Asie sans crainte d'avoir des incontinences durant les longs vols d'avion, alors là, je sais que mon travail a un impact. Qu'il compte vraiment.

Lorsque j'étais étudiante en physiothérapie et que j'ai assisté à mon premier cours en rééducation périnéale, j'ai su que c'était ça que je voulais faire dans la vie. Tsé, quand tu as cette révélation et que tu te dis que tu es vraiment au bon endroit au bon moment ! C'est cliché, mais c'est quand même ce qui est arrivé. Je me revois encore assise sur ma chaise dans un local du Pavillon Parc de l'Université de Montréal en train d'apprendre sur l'anatomie des muscles du plancher pelvien. Coup de foudre ! Depuis que j'ai gradué, je n'ai jamais remis en question mon choix de carrière et je crois, sincèrement, que je suis à ma place.

Les patient(e)s qui me consultent souffrent souvent en silence. Je peux parfois être la seule personne de leur entourage qui connaît leur problème. Quand on a mal à la cheville et qu'on fait de la physiothérapie, on en parle sans gêne. Pourquoi est-ce différent pour une douleur au périnée ou une incontinence urinaire survenue après avoir donné naissance ? Pourquoi cacher qu'on consulte pour son périnée ? On ne devrait pas être gênée de prendre soin de soi, jamais. Les problèmes au périnée, quels qu'ils soient, sont fréquents. Chaque jour, mes patient(e)s sont rassuré(e)s lorsqu'ils comprennent qu'ils ne sont pas seuls avec ces problèmes. Et ils me demandent tous pourquoi on n'en parle pas ? En fait, c'est une bien bonne question.

Source: Pixabay

Pourquoi ? Parce que ça concerne la miction et la défécation ? Parce que ça concerne la sexualité ? Parce que ça concerne les organes génitaux ? Je croyais pourtant que cette époque remplie de pudeur et de tabous était révolue...

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