Pendant que tu te maudissais d’avoir été naïve, moi je t’admirais d’être capable de gérer une séparation, un déménagement, des enfants puis un ex un peu trop fou.
Considérant qu’elles t’ont à peine connue et que ta présence aura seulement effleuré leur vie, c’est fou de constater qu’elles ont quand même la capacité de me rappeler à quel point tu me manques.
Les gens qui me connaissent savent à quel point ma mémoire fait défaut. Elle se souvient de ce qu’elle a appris, mais elle abandonne ce qu’elle a vécu.
Tu étais un enfant qui avait besoin d’apprendre. Un enfant qui avait besoin d’amour et qu’y n’avait d’autres choix que de croire que la vie était faite ainsi. Tu étais minuscule et sans défense.
La pression que l’on se met à soi-même ainsi que celle qui nous vient du monde dans lequel nous évoluons et à force de prôner la communication dans toutes les sphères de notre vie, j’ai parfois l’impression que nous devenons obligés de parler.
Il m’arrive de le dire à mes filles. Comme si je voulais qu’elles comprennent que j’aimerais être toujours présente pour les épauler alors qu’en fait, je sais très bien qu’un jour je devrai les quitter.
La force c’est d’avoir très souvent raison, tout en admettant que nous puissions avoir tort. Être forte ce n’est pas nécessairement de parler en criant ou de se vexer en boudant.
Quand c’est toi la bonne personne et que tu commences à te dire que tu devrais peut-être partir vivre dans un autre pays au lieu d’être la raisonnable du groupe… il serait peut-être temps de te gérer un peu moins.
Tu te forgeras des souvenirs heureux qui n’étaient, en réalité, pas si glorieux. Tu espéreras que tout redevienne comme avant, alors que l’avant cesse d’exister aussitôt que le maintenant prend sa place.
Je n’ai jamais vu de traces bleutées sur ta peau. Je ne t’ai jamais entendu dire que tu avais reçu des coups au ventre. Tu n’as jamais été bousculée et tu n’as jamais été écrasée au sol. Et pourtant… j’ai souvent eu l’impression que tu n’arrivais plus à respirer et que le souffle de ta vie s’enfuyait tranquillement.