Un quart de siècle... J’ai passé l’équivalent de 25 belles années de vie sur cette terre. 

Loin d’avoir rencontré les 7 milliards d’êtres humains qui peuplent notre planète, j’ai rencontré quelques merveilleuses personnes qui m’ont permis de croire que notre destin nous appartenait et que tout était possible... Absolument tout.

 Mon premier 30 sous a été , à la fois, doux et amer; stressant et excitant; terrible et magnifique...Il a été à l’image d’une fille ordinaire jonglant avec des péripéties négatives et positives afin de garder un bel équilibre. L’équilibre d’une vie totalement banale, mais ô combien enrichissante.

L’amie, au bout de tout ce temps, je peux te dire qu’on apprend à se connaître, mais sache que ça ne signifie aucunement que toutes nos quêtes deviennent claires ou qu’elles se concrétisent soudainement.

25 ans et j’ai encore de la magie enfoui dans le cœur, quelques peurs et un p’tit paquet d’idées et de désirs embrouillés qui me font rêver.

25 ans et je me sens comme lorsque j’avais 15 ans, mais avec plus de responsabilités et avec des traces ,laissées par le temps, partant du bout de mes orteils jusqu’à la pointe de mes cheveux, passant par le creux de mon cœur.

Au bout de toutes ces années, je peux te dire que je suis la fille de nature joyeuse,  à la table du coin, qui te perce les tympans avec son rire un peu trop puissant et son timbre de voix beaucoup trop fort. Je pourrais bien être moins bruyante, mais ces traits-là font partie de moi et ils m’ont permis tellement de choses, dont « survivre »  ...

Je ne suis pas une grande sage, mais je suis la fille qui va te dire que t’es capable de tout traverser et que tu dois afficher ton plus beau sourire parce que c’est ta plus belle arme. Si tu es ton propre soleil, jamais personne ne pourra t’assombrir; les nuages et la pluie deviendront simplement arc-en-ciel à ta rencontre.

On me surnomme communément Rainbow et Rayon de soleil , on me dit plus souvent que fréquemment que mon rire fait rire, que mon rire fait du bien, que mon rire est contagieux... On m’a dit tellement de fois que je devrais donner des thérapies du rire, mais ce que les gens ignorent, c’est que mon rire est ma propre thérapie depuis près d’un quart de siècle. Sans lui, je n’aurais peut-être jamais achevé mon premier 30 sous.

Mon rire est alimenté de tout c’qui m’entoure, je suis ricaneuse et j’aime voir le beau dans tout et dans tout le monde. Il devance tout sentiment et toute pensée. Il s’extasie de tout et de rien et c’est ce qui me permet d’apprécier autant la vie malgré toutes mes mésaventures.

Parlons mésaventures parce qu’à la veille de mes premiers cheveux blancs, j’en ai vécues une beurrée.

Dès le primaire, mon estime a été un peu abîmée par l’intimidation. On m’insultait, on me frappait, on me crachait dessus... C’est seulement une quinzaine d’années plus tard que j’en ai parlé à ma mère. Tu sais nos parents nous donne souvent un qualificatif qui nous représente et qu’on tient à préserver; ma sœur, l’intellectuelle; mon frère, le sportif et moi, le rayon de soleil.

Au secondaire, ça a continué, mais , ironiquement, j’avais la chance d’avoir le plus populaire de l’école comme grand frère. À cette époque, les casiers étaient placés en ordre alphabétique, mais n’ayant aucune ressemblance physique avec mon frère,  plusieurs ignoraient que nous étions unis par les liens du sang...Ceux qui ne le savaient pas l’ont très vite découvert puisque mon frère n’avait aucune tolérance pour les gens qui se moquaient de moi.

Au début du cégep, j’avais l’estime gonflée à bloque, je ressemblais, enfin, au but que je m’étais fixé pendant toutes ces années où je m’étais faite réduire. Le vent avait tourné et pas mal de gars me faisaient de l’œil et je suis tombée sous le charme d’un de ceux-là. J’ai été avec lui 6 ans... Un premier amour qui m’a fait valser avec l’abus sous toutes ses formes et qui m’a amenée à connaître mes premiers échecs dans plusieurs sphères de ma vie.

À l’université, à 22 ans, quand je pensais que j’avais vécu tout ce qu’il y a de pire, je me suis fait agresser sexuellement. À ce moment, je ne parlais plus de nuages et de pluie, mais bien d’un trou noir . Mes employeurs ont appelé mes parents pour leur dire qu’il était préférable que j’arrête de travailler, ils n’avaient aucune idée des raisons, mais en l’espace de quelques jours, ils m’ont vu m’éteindre. J’avais le teint vert, les yeux pochés et mal à ma vie. Mon ricanement n’était plus et, sans lui, je n’étais plus . Mon congé forcé m’a amené à parler.

J’ai parlé au bout d’une semaine, c’était une question de survie. J’avais réussi à être souriante pendant 22 ans, mais je n’étais plus capable. J’avais l’impression que tout mon petit monde s’écroulait, cet événement m’avait vidé de toute la p’tite lumière que j’avais.

 Sais-tu ce que je me suis fait dire?  « Arrête d’avoir l’air triste et souris » .

J’aurais tellement aimé que ce soit si facile, mais c’était vraiment un masque que je n’avais jamais porté malgré toutes les difficultés que j’avais vécues auparavant, un sourire qui n’était pas authentique et un rire qui ne venait pas du cœur. J’étais frustrée qu’on me demande ça, j’avais l’impression de n’avoir aucun contrôle là-dessus, mais je me trompais...

J’avais pleinement le contrôle sur ma vie, j’ai pris un été off, puis, j’ai profité des banalités de la vie... J’ai été un bon moment sans être capable de sortir de chez moi et de ma cour, mais je me suis laissée le temps et, au fil des jours, j’ai retrouvé ma joie . J’ai réalisé que de sourire même sans en avoir envie, ça me faisait du bien parce que chaque fois que je me donnais la peine d’afficher un sourire c’était devant quelque chose qui me faisait du bien et qui me rappelait comment la vie est bonne, comment j’étais chanceuse d’être là.

Tout est possible , tout : espérer quand on n’a plus envie de rêver; croire quand on n’a plus d’espoir; rire quand on a le goût de mourir .

Je peux te dire que j’ai toujours aimé la vie même si ça n’a jamais été facile, rose-rose comme on dit. Je suis benjamine d’une famille digne d’une comédie. Les quatre personnes avec qui j’ai partagé chacun de mes états d’âme, depuis mon jour 1, sont l’ancre qui m’a maintenue en place pendant toutes mes tempêtes; mes amis ,que je peux compter sur une main, mais qui ont, pour moi, une valeur supérieure aux 7 milliards de personnes restant , m’ont fait du bien au-dedans même s’ils n’étaient pas au courant de tous mes tracas; mes nièces ,qui m’émerveillent, me font apprécier chaque moment dans toute leur simplicité ainsi que mes chiens, qui me font rire et sourire, chaque jour ,sans le moindre effort, me font vibrer, me font rayonner et me font réaliser, chaque jour, que je suis privilégiée d’être ici.

J’ai rencontré un grand lot de personnes méchantes, certes.

Cependant, je suis entourée de personnes qui réussissent à accrocher des sourires à mes lèvres et à mon cœur; de p’tits miracles qui agissent tel un baume sur mes maux et de grands êtres  qui m’inspirent jour après jour. Bref, je suis entourée  de mes humains préférés qui viennent peser dans la balance afin d’équilibrer ma petite vie banale, mais ô combien enrichissante.

Je suis chanceuse, je suis heureuse et je suis reconnaissante pour toute cette tristesse transformée en bonheur.

Mon quart de siècle s’est terminé à mon image, un moteur qui surchauffait. Heureusement, il n’a pas brûlé, il était simplement un peu abîmé. Maintenant, réparé, il est prêt à rouler pour un sacré roadtrip.

Cheers!

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