Suite à plusieurs crises de panique, de journées à pleurer, à rester au lit, à ne rien faire, des journées entières à angoisser pour tout et sur tout, des congés à répétition au travail, des matinées à rester plantée devant mon ordinateur comme une statue par manque de motivation et une incapacité à avancer dans mes dossiers, quelque chose n'allait pas. J'ai donc décidé d'aller voir le médecin. J'ai appris dans le bureau du médecin que je faisais une sorte de dépression.

En fait, elle m'a dit qu'on appellerait cela un épuisement professionnel puisque je n'avais pas de pensées suicidaires. Mais, en somme, c'était une dépression. Elle m'a dit que je devais être en arrêt de travail pour un temps, que je devais aller voir un psychologue et elle m'a prescrit de petites pilules bleues pour réduire mes crises de panique. Ouf! J'avais 24 ans, c'était il y a un an environ. C'est une chose assez difficile que de se faire dire cela. Mon premier réflexe fut de penser que j'étais d'une faiblesse inimaginable.

Je n'étais même pas capable de gérer mon quotidien, je n'arrivais pas à travailler, ah! Comme j'étais faible! Mon médecin m'a tendu tous les papiers : diagnostic, prescriptions et demande de services. Je suis partie, avec mes pensées sur ma faiblesse d'esprit et mon manque de gestion émotionnelle flagrant. J'avais une estime très basse de moi à ce moment. Je me sentais comme une moins que rien. Je ne m'aimais pas.

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J'en ai parlé à mon patron en premier. Il m'a dit tout le contraire que ce que mes pensées ruminaient. Il m'a dit que c'était normal avec tout ce que je vivais, que je pouvais prendre tout le temps que j'avais besoin et de ne pas m'en faire avec mes clients, qu'il allait s'occuper de tout. Il m'a finalement dit de prendre soin de ma santé. Sa réaction m'a rassurée et elle m'a réconfortée. C'est vrai après tout, c'était ma santé qui était atteinte et je devais me soigner. J'avais le soutien d'une personne qui me comprenait et qui acceptait ma situation.

J'en ai parlé à mes proches par la suite. Ils n'ont pas trop fait de cas. Ils ont été très soutenants. Mes amis m'ont tous tendu la main et m'ont écoutée lorsque j'avais besoin, sont restés silencieux lorsque je ne disais rien et n'ont pas démontré de sympathie, plutôt de l'empathie. Ils ne me disaient pas des phrases comme : « ah! Pauvre toi, courage, tu vas aller mieux bientôt, au moins, tu n'as pas de maladie grave! ». Ça, c'est de la sympathie, le genre de phrase qu'on dit pour se débarrasser d'un sentiment d'inconfort créé par la détresse d'autrui. Mes amis me disaient plutôt : « Marie, je suis là pour toi. Je n'imagine même pas ce que tu peux vivre en ce moment, mais je veux te soutenir. Peu importe ce que tu souhaites, parler ou juste te changer les idées, appelle-moi et je vais être là ».

Ça, c'est une forme d'empathie qui permet de se rapprocher de la détresse sans la laisser nous envahir et sans s'approprier celle d'autrui. Je recherchais de l’empathie, je devais être entourée de personnes qui me faisaient du bien psychologiquement. Ce facteur m'a grandement aidée. Le soutien des proches dans les moments difficiles, c'est un remède merveilleux! Une doudou qui réchauffe le cœur et apaise l'esprit. Mais, ce n'est pas magique. Il faut aussi aller chercher une aide plus objective. Je suis donc allée voir un psychologue. Le choix d'un psychologue clinicien est un déterminant assez important pour augmenter l'efficacité de la thérapie.

Il est possible de consulter le site de l'ordre des psychologues pour se renseigner à ce sujet. Sinon, on peut aussi consulter notre entourage pour voir s'ils ont un psychologue à recommander. Personnellement, j'apprécie l'approche TCC (thérapie cognitive comportementale). C'est une approche thérapeutique qui permet de recentrer ses pensées tout en laissant place à ses émotions durant la séance. Le psychologue tente donc de créer un environnement chaleureux et de repositionner les comportements et les pensées du patient. Aussi, il arrive que le thérapeute visant cette approche donne des trucs, des devoirs utiles pour changer nos cognitions (pensées) et participer activement au développement de notre bien-être.

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C'est ce que je voulais à ce moment-là. Bien entendu, il y a d'autres approches qui peuvent mieux convenir aux besoins et à la personnalité du patient. Je faisais donc mes devoirs et je m'entourais de personnes qui me faisaient du bien. Cela a contribué à améliorer mon bien-être psychologique. Je ne me suis pas arrêtée là. J'ai décidé de m'impliquer, j'ai commencé à faire du bénévolat. L'altruisme est un mécanisme de défense très efficace. Je me suis mise à faire plus de sport, du yoga et de l'escalade avec les personnes que j'aime. Peu à peu, j'ai retrouvé mon entrain, mon énergie, ma motivation. Six mois après ma consultation, je suis allée revoir le médecin afin d'avoir un suivi. Elle m'a dit que je semblais très bien. Elle m'a demandé si je faisais encore des crises de panique régulière.

« Presque plus », j'ai répondu. « Je me sens vraiment mieux ».

Elle m'a laissé partir et m'a demandé de retourner la voir dans six mois.

Je me sens mieux, oui. J'ai eu le soutien de personnes formidables et la chance d'avoir des professionnels extrêmement compétents. Mais, je dois reconnaître mes caractéristiques personnelles : je suis d'une nature anxieuse. Je suis vulnérable au stress. Je me laisse vite envahir par mes pensées. Je dois reconnaître mes limites. Je dois surtout, accepter celles-ci.

Je vais revoir mon psychologue régulièrement. Il m'aide beaucoup à réduire l'envahissement angoissant que cause mes pensées. Je crois que je vais garder cette relation encore pour quelques années. Elle me fait du bien, elle m'aide à m'aimer.

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