Quand mon visiteur indésirable s’est installé chez moi, avec ses valises dans mes placards, il ne m’avait pas avisée de sa visite. Il s’est présenté un matin bêtement, suite à une nuit difficile, et il a commencé à prendre sa place, bien qu’il ne fut pas invité. À peine arrivé, il m’a étouffée, appuyant son poids sur mes épaules. Il était déjà possessif, il m’attirait dans une bulle, me déconnectant ainsi du reste du monde, je marchais dans un univers parallèle grâce à lui, un univers qui côtoyait le réel. Les voix de mes proches étaient des échos. Je devais fréquemment me pincer pour essayer de sentir le réel, bref ressentir les choses physiquement. Plus ça allait, plus il me plongeait dans la noirceur, la lumière du jour n’était jamais assez claire, j’avais maintenant un halo permanent dans mon champ de vision. Et sans parler de ce vide, là dans mon ventre, ce grand vide qui ne cessait jamais de grandir.

Je dois l’admettre, il m’a eue facilement. La fille enjouée que j’étais est rapidement devenue angoissée et déprimée. J’avais bien sûr un sens de l’humour qui me permettait parfois, devant mes proches, de rire de mes larmes qui coulaient seules. Mais dans mon lit le soir, je n’avais plus la force de rire. Je pleurais, paniquée par le grand vide à l’intérieur de moi, mais je ne savais pas POURQUOI. J’étais déjà abattue, après quelques jours à peine.

L’angoisse permanente m’a donné la force de combattre, si on peut dire. J’ai rapidement appelé à l’aide. J’ai rapidement alerté les proches. On m’a diagnostiqué un trouble d’adaptation avec humeur dépressive. Un trouble d’adaptation, moi? Je ne comprenais pas. Malgré tout le refus de mon être, j’ai fini par accepter un traitement. J’ai accepté avec la crainte que ça ne marche pas sur moi, que je sois un cas désespéré.

Mais ça a marché. Plus le temps passait, plus les larmes s’estompaient sur mon visage. Le soleil devenait à nouveau ce qu’il était. Les médicaments faisaient leur effet tranquillement. Mes sourires redevenaient sincères. Je devenais de plus en plus forte chaque jour. Je dois dire, et clin d’œil à mes proches, que j’étais plus que bien entourée. J’avais plus d’une oreille pour m’écouter, et dieu sait que je me suis exprimée.

Quatre ans plus tard, je ne sais toujours pas pourquoi. C’est ce qui me revirait sans cesse dans mes nuits d’insomnie, pourquoi moi, pourquoi je pleure, pourquoi je suis comme déconnectée, pourquoi point.

Je me suis finalement décidée à aller de l’avant. Parfois mon visiteur indésirable passe me voir, et, sans le laisser s’installer, je le laisse parfois venir me rendre visite. Mais, je ne lui laisse jamais le temps d’enlever ses souliers.

noir citation coeur

Source: http://theplaceofmyheart.tumblr.com/

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