Impasto : Quand la sauce (à spag') pogne

Entre les Québécois et la « bouffe » italienne, je ne crois pas m'avancer trop en disant qu'il y a quelque chose comme une histoire d'amour. Et cette lune de miel, qui a débuté vraisemblablement autour d'un bol de spag' servi à la bonne franquette par maman un dimanche soir dans la maison familiale, n'est pas près de s'arrêter. La sauce à spag' en soi est même devenue, pour maints Québécois, une sorte d'instrument de mesure pour évaluer le talent culinaire des individus. Si ta sauce goûte bon, tu peux aspirer à de grandes réalisations. « Sky is the limit » pour ceux qui connaissent la divine proportion viande-sauce tomate-légumes, secret d'une sauce pas trop liquide, pas trop épaisse.

Bon, oui, je sais, il y a BEAUCOUP PLUS que le « spagat » et la pizza dans la cuisine italienne traditionnelle. Oui. Et dieu merci. Là où je veux en venir, c'est que, peu importe le plat, du plus simple au plus complexe, il y a dans cette cuisine quelque chose d'incroyablement authentique et d'accessible qui plaît à une vaste majorité de gens. Et chez Impasto, nouveau restaurant situé coin Dante et Saint-Dominique, en plein cœur de la Petite-Italie, il n'y a pas que la bouffe qui est authentique : les chefs, Stefano Faita et Michele Forgione, le sont tout autant.

Pour Stefano, que l'on connaît surtout pour ses livres et ses émissions de cuisine (In the kitchen à la CBC, Al Dante sur CASA, entre autres), devenir restaurateur faisait en quelque sorte partie de son plan de carrière. Il souhaitait depuis longtemps ouvrir son restaurant, mais il ne voulait pas le faire n'importe comment. Rencontrer Michele Forgione, un autre « trippeux » de cuisine italienne traditionnelle et ancien chef exécutif de plusieurs hôtels (Le Nelligan, le Loews Vogue, L'Opus), lui a permis de concrétiser le projet. Car, si Stefano est très enthousiaste à l'idée de se retrouver dans la cuisine du Impasto (il m'a même confié qu'il préférait la chaleur des fourneaux à celles des « spotlights »), il n'abandonnera pas ses projets télé pour autant. Michele accepte avec plaisir de tenir le fort en son absence, et ça, ça le rassure. « Ma mère m'a toujours dit qu'un propriétaire de restaurant doit être sur le terrain, sinon, ça marche pas! », m'explique-t-il.

Ouvrir le restaurant en plein quartier général de la famille Faita (juste à côté de la Quincaillerie Dante, de l'école de cuisine Mezza Luna, qu'il codirige avec sa mère, et de son propre domicile) était aussi très important pour lui. « C'est drôle, parce que jeudi, vendredi et samedi, on a fini à 12 h (minuit) et à 12 h 35, j'étais chez nous! », me raconte-t-il. Ainsi, soutenu dans son projet par sa femme Isabelle, ses deux filles et sa maman Elena, jamais bien loin, Stefano est comblé et excité par l'aventure Impasto qui en est à ses balbutiements.

Michele et Stefano tenaient tous deux à ce que leur restaurant soit accueillant, chaleureux et convivial. Les familles, tout comme les jeunes gens branchés, y trouvent leur compte. On retrouve dans le décor des matériaux nobles (terrazzo, bois, marbre) qui rappellent l'Italie et qui, agencés avec un plafond blanc et de grandes portes vitrées, apportent gaieté et luminosité à l'endroit. Le décor est signé par nul autre que Zébulon Perron (La buvette à Simone, Hachoir, Bily Kun...).

Coup de cœur pour la cuisine ouverte où, assise au bar, j'ai pu observer sans réserve les chefs en plein travail. Un chef qui accepte de travailler devant ses clients, pour moi, ce sera toujours gagnant. Et généreux. C'est un peu comme si Stefano et Michele voulaient nous faire revivre leur enfance, cette enfance qu'ils ont tous deux passée dans la cuisine à observer maman en train d'apprêter des plats traditionnels que l'on imagine savoureux et alléchants.

Et parlant de mamans, on m'a soufflé à l'oreille qu'éventuellement, les dimanches à l'heure du brunch, les chefs céderont leur cuisine à Elena et Filomina, les dames en question... À suivre. Avec intérêt.

Chez Impasto, qui veut dire « préparer un mélange, un pétrissage », il y a fort à cuisiner, car tout y est fait maison, du pain aux pâtes en passant par les rillettes et le pâté de foie. Le marché Jean-Talon situé tout près permet aux chefs de s'approvisionner quotidiennement en produits frais et locaux. Lors de ma visite, j'ai eu la chance de goûter à un pâté de foie de volaille au marsala et oignons caramélisés, recouvert de gras de canard. Oh là là. Que de douceur sous le palais. Fondant et délicieux. J'en ai repris plus d'une fois.

Et si vous avez la dent sucrée, sachez qu'on ne vous laissera pas tomber. Sur le menu du Impasto, on retrouve, entre autres, une brioche fourrée au gelato. Et pas n'importe quel gelato... celui qui provient de Chez Vincenzo dont j'ai déjà parlé ici. Une collaboration entre entreprises du même quartier? OUI. Bravo.

Si l'ouverture était à l'image de ce que sera une soirée régulière chez Impasto, il y a de quoi se réjouir : une soirée sans prétention, amicale et sympathique, tout en délices et en saveurs. La « bouffe » italienne comme on l'aime au Québec, dans tout ce qu'elle a d'authentique, d'abondante et de rassembleuse. Comme un bol de spag' savouré en famille un dimanche soir.

J'ai comme l'impression que ce restaurant obtiendra un bon succès. La sauce va pogner, comme on dit.

Crédit photos : Fanny Lafontaine-Jacob

Impasto
48, rue Dante
514 508-6508
mar - mer: 17:00 - 23:00
jeu - ven: 11:30 - 14:00, 17:00 - 23:00
sam: 17:00 - 23:00

www.impastomtl.com
*Pour l'instant, on paie en espèce seulement.