Samedi matin, 9 h 30. Je suis toujours dans mon lit. Dehors, c'est gris-frette-un-peu-laitte et ça ne me donne pas envie de me lever. Je réfléchis à ce que je pourrais faire pour ensevelir loin loin dans mon esprit la morosité qui me gagne et en « niaisant » nonchalamment sur Facebook, je tombe sur une suggestion de sortie de mon ami Louis-Philippe : une dégustation de café au Pourquoi pas espresso bar à 11 h 30.  Et là, bang! Illumination : c'est là que je vais commencer ma journée, avec l'odeur des grains de café fraîchement moulus et la chaleur enveloppante de cette boisson que j'aime tant. Parfois, il faut bien l'admettre, Facebook est un tueur de cafard particulièrement efficace.
Espresso bar, café, montréal, dégustation

Oui, j'aime le café, comme j'aime aussi le vin et la bière. Seulement, voilà, entre aimer boire une boisson et pouvoir affirmer qu'on s'y connaît vraiment, il y a tout un monde. Ce matin-là, au Pourquoi pas sur Amherst, entre Maisonneuve et Sainte-Catherine, je me suis rendue compte que j'étais, comme la plupart des gens, d'ailleurs, plus-que-néophyte en matière de café. Toute une leçon d'humilité, donc, mais qui s'est déroulée dans le plaisir et la bonne humeur, grâce à une équipe de baristas passionnés, généreux et sympas au possible.

La dégustation que l'on nous a proposée, et que l'on propose tous les samedis, c'est un test que l'on appelle le cupping. Ce test est utilisé par les professionnels du milieu pour déterminer la qualité des différents produits et leur associer des prix qui leur sont appropriés. On a disposé devant moi et les six autres participants cinq bols remplis de grains moulus sans nous donner aucune indication sur ce qu'on pourrait y déceler comme arôme. Une dégustation à l'aveugle, comme il se doit.
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Le test s'est fait en trois étapes. La première consistait simplement à sentir les grains et de tenter d'y déceler des effluves particuliers. Chocolat? Petits fruits? Tabac? Noisettes? Cuir?
Étape 1

Ensuite, Maxime, l'animateur de la rencontre, a versé de l'eau à environ 200 degrés Fahrenheit sur ces moutures. On a attendu qu'il se forme une croûte de grains de café sur le dessus et on a nous a invités à entamer la deuxième étape, soit à « casser la croûte ». Il s'agissait en fait de tasser avec le dos d'une cuillère les grains de café qui flottaient sur le dessus à trois reprises et se faisant, de respirer les arômes qui se dégageaient de l'infusion.
Étape 2
Étape 2_2
Casser la croûte (crédit Louis-Philippe Messier)
Crédit photo: Louis-Philippe Messier
À cette étape, il était intéressant de constater que certains arômes de la première étape n'étaient parfois plus là du tout. Après avoir cassé la croûte, David, un autre barista du Pourquoi pas, et Maxime ont retiré les huiles et tout ce qui flottait sur les préparations et nous étions enfin prêts à déguster à proprement parler.
Maxime et David

Mais attention, il ne fallait pas faire ça n'importe comment! On devait prendre une petite quantité de la boisson dans une cuillère et l'aspirer bruyamment en émettant un gros « slurp » bien sonore. Pourquoi? Parce que cela permet au liquide de bien se répandre partout dans la bouche, jusqu'à l'arrière de la langue, et d'ainsi aller réveiller les papilles situées à l'arrière. Encore une fois, surprise! Ça ne goûte pas toujours ce que ça sent... Après le « slurp », on recrachait le café dans un gobelet. Non, je n'ai pas terminé l'activité su'l gros shake, soyez sans crainte.
Ce que j'ai compris au cours de cet atelier, c'est que je n'étais pas très douée pour identifier les arômes et les saveurs. Je goûte, oui, mais nommer avec précision ce que je goûte, c'est pas toujours évident pour moi. Et je n'étais pas la seule, heureusement. Mais l'expérience m'a permis d'en apprendre un peu plus sur le monde des cafés troisième vague en discutant avec les gars du Pourquoi pas. J'ai découvert que toutes les étapes, de la culture des caféiers au séchage des grains en passant par la torréfaction jusqu'à l'extraction peuvent potentiellement altérer le goût du produit que l'on retrouvera dans notre tasse : « Si on sert un café trop torréfié qui n'a aucune rigueur avant même de se retrouver sur nos étagères, ça sert à rien d'y mettre de l'amour en tant que barista. Chaque étape est importante. Moi, je peux ruiner un travail de longue haleine en deux secondes. Deux secondes de trop d'extraction, et je viens de ruiner le café » explique Maxime.
Un début de samedi gris-frette-un-peu-laitte parfait, en gros. Je vous recommande chaudement (CHAUDEMENT) d'aller tenter l'expérience un de ces samedis. D'une part, parce que c'est fichtrement intéressant si vous aimez un tant soit peu le café, d'autre part, parce que les gars derrière le comptoir sont vraiment gentils. Je suis repartie avec un grand sourire et un latte avec café équatorial aux arômes de pamplemousse et de cacao et une mousse de lait d'amande et coco, le tout préparé avec amour par le moustachu David. Oui, pour les vegan et autres intolérants au lactose, on pense à vous, au Pourquoi pas espresso bar.
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Pourquoi pas espresso bar
1447 rue Amherst, Montréal
(514) 419-9400

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