Je n’ai pas de vie. Entre mes deux jobs, l’écriture et le gym, je n’ai pas de vie. J’annule mes sorties. Je ne vois plus mes amis. Faute de temps. D’énergie. Pourtant, je m’étais jurée de ne plus me retrouver coincée ainsi. Pressée comme un citron. Je pensais même avoir réussi. Car si je n’avais pas rechuté, j’aurais bientôt fêté un an de vie au ralenti. À travailler moins. Pour vivre plus. Mais non. La workaholic que j’ai toujours été a refait surface dernièrement. En disant oui à des contrats auxquels elle aurait dû dire non.

J’aurais dû dire non. Le conditionnel passé, j’haïs ça. Ça veut toujours dire qu’il est trop tard pour changer quoi que ce soit à une mauvaise décision. Alors je suis pognée pour attendre. Attendre que les conséquences de ma mauvaise décision passent. Attendre en essayant de gérer ma colère du mieux que je peux. La colère contre moi. Parce que je m’en veux. Je m’en veux d’avoir dit oui. Je m’en veux de ne pas avoir su protéger mon équilibre. D’avoir été gourmande. Plu$ de contrat$, plu$ de ca$h… Je m’en veux d’avoir été influençable. Tu sais, on aime tellement ton travail… Trop généreuse. Ben oui, j’suis capable de donner plus… Et niaiseuse. Car au final, c’est moi et seulement moi qui me retrouve avec les yeux cernés. Les ongles rongés. Épuisée.

Quand je sors la tête de l’eau, je n’ai pas la force de faire quoi que ce soit. Date amoureuse? Non. Projet de voyage? Non plus. Lecture? Deux-trois lignes, sans plus. En fait, la seule chose qui me distrait de ma vie dite stricte, c’est District 31. Ben oui, toi. Moi qui ne regardais plus la télé depuis deux ans, voilà que je suis devenue accro à cette émission. C’est bien écrit, bien joué. Et franchement thérapeutique. Parce qu’en regardant ces enquêteurs qui passent leurs weekends à travailler, je me sens moins seule dans mon « pas-de-vie ».

District31

Source: http://district31.radio-canada.ca/

Merde. Vendredi soir. Il est 20h. J’ai les yeux qui brûlent. C’est loser, mais je vais me coucher. Je n'en peux plus.

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Samedi matin, 9h. J’ai dormi de 20h30 à 8h30. Fatiguée? Aucun doute. Et j’ai rêvé. À Patrick de District 31. Désolée... Petite obsession, ici. Qui devrait se calmer quand je vais recommencer à avoir une vie. Réelle. Dans la réalité.

Patrick_Nadine

Source: http://cdn02.showbizz.net/wp-content/

Mais la réalité en ce moment, c’est que le mois de février est le plus court en jours, mais le plus long à vivre.

La réalité, c’est que je suis tannée de l’hiver. De vivre les bas mouillés. De me calmer le pompon en me répétant qu’avril s’en vient. Fuck. Avril, c’est dans une éternité.

La réalité, c’est que j’en ai marre de faire passer le travail avant le plaisir. D’annuler et de refuser des sorties. De m’isoler pour des soi-disant priorités.

La réalité, c’est que je n’en peux plus de mon vide amoureux. J’ai besoin d’une main dans la mienne. D’une épaule. D’un regard. D’une présence! C’est une urgence.

La réalité, c’est que j’ai craqué quand – District 31, épisode 84 – le Commandant Chiasson dit à son lieutenant : « Nadine, pense à toi. »

Chiasson Nadine

Source: https://www.facebook.com/ICIDistrict31/?fref=ts

« Pense à toi. » Trois mots, deux effets contraires : comme un coup de poing qui réveille et une caresse qui console. Des souvenirs remontent alors à la surface...

Un gars rencontré en janvier qui avoue ne pas vouloir côtoyer une fille ultra occupée : « Trop stressant. Et j’serais où, moi, là-dedans? »

Une conversation avec la gérante de mon gym : « En regardant tout ce que tu fais, Cath, as-tu le temps pour l’amour? »

Ma collègue qui explique que dans la vie, il y a un temps pour s’activer et un temps pour relaxer.

Moi qui suggère à des clients de prendre soin d’eux, de se faire plaisir un peu chaque jour pour ne pas accumuler de frustrations inutiles…

Un itinérant qui me prend la main en me disant : « Toi, tu donnes de bons conseils à tout le monde, mais tu ne les appliques pas. »

Fuck. Il a tellement raison.

Mais ça va, c’est beau. J’ai compris. Je vais penser à moi. Et penser à moi signifie d’abord arrêter de penser. Car moi qui m’irrite pour un rien, je mérite le repos. Dormir, point. Et un peu de soleil. Après, on verra. Une chose à la fois.

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