J’ai vu un couple souper en silence ayant comme seuls échanges des questions anodines, répétitives, vides d’intérêt.

« C’est bon hein? C’est tu la même sauce que d’habitude? » 

Pas de questions sur leur journée. Pas de commentaires sur leurs états d’esprit. Pas de projets pour plus tard. Juste des bruits de fourchettes qui crissent au fond de l’assiette. Je les regardais vivre en laissant les minutes passer comme si elles allaient venir pour toujours, sans qu’on leur donne de sens.

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Source : Unsplash 

J’ai compris que le bonheur se divise en deux types.

Il y a l’éphémère, le court terme. Celui qu’on choisit sans penser aux conséquences, sur le vif de l’émotion, selon l’envie du moment. Celui quand on se gâte, quand on mange sans avoir de remords, quand on boit sans penser au lendemain, quand on se fait plaisir peu importe ce que les autres auront à dire, quand on écoute nos désirs en ignorant notre conscience, quand on s’investit sans réfléchir.

Et il y a celui qu’on planifie, le long terme. Le bonheur qui est récolté longtemps après l’avoir semé, celui qu’on entretient au quotidien malgré tous les soins dont il a besoin. Quand on fait ce qui est bien, quand on agit dans un but précis, pour une bonne raison, pour l’avantage qui s’ensuit oubliant tout le temps qu’on y investit.

Dans le même ordre d’idées, il y a deux types de relations.

Celle basée sur les petits bonheurs à chaque matin, au jour le jour. La relation dans laquelle tes amies te voient aller et qu’elles savent que ça va mal virer. Mais tu ne veux pas les écouter. Tu fais spontanément ce qui te tente en te fermant les yeux sur ce qui risque d’arriver.

À l’inverse, il y a l’autre genre de relation basée sur les rêves face à l’avenir, sur les discussions qui parlent d’un futur heureux, sur les projets pour plus tard impliquant un monde à deux. La relation qui place ses cartes avant de commencer pour être certain de ne pas se faire déjouer une fois trop impliqué.

Je me suis alors promis de ne plus jamais assister à des bruits d’ustensiles le temps d’un souper. Y’a longtemps j’ai choisi de vivre intensément sans penser à ce qui m’attend. Parce que je crois pertinemment que si on planifie notre bonheur, on prend le risque de l’attendre trop longtemps. Et quand l’avenir est incertain, aussi bien l’oublier et profiter de ce qu’on a entre les mains. Je me suis donc fais la promesse que plus tard, j’allais faire en sorte de trouver une personne qui allait combler mes soupers d’histoires, de débats et de regards. Je veux des soupers remplis de mots, de souvenirs et de rires, des soupers où on en profite, des soupers qui passent trop vite, des soupers avec de la visite. Je veux un complice de vie avec qui chaque minute passée sera souhaitée sans être une obligation imposée par la routine de nos journées. Je veux des échanges de commentaires, de compliments, de réflexions, de communication. Je veux de la passion dans le salon jusque dans nos pantalons. Je veux des attentions imprévues pis des rires d’enfants qui grandissent.

À 22 ou 82 ans, je vais continuer de vivre avec la même personne à mes côtés seulement si elle me fait sentir de jour en jour qu’elle est la meilleure qui puisse en ce moment exister pour m’accompagner au cours de ma vie ainsi qu’à chacun de mes soupers obligés.

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