Quand vient le temps de choisir des cours optionnels dans ton parcours académique, plusieurs questions te viennent sûrement à l’esprit, dont celle-ci: « lequel est-ce que je devrais choisir, qui serait assez intéressant, mais à la fois super facile pour ne pas trop faire baisser ma cote Z? » Pour être honnête, cette question, je me la pose à chaque début de session. Donc, ce que la paresseuse en moi voulait réellement prendre, on va se le dire, c’était un cours soft and easy pour alléger ma charge de travail. C’est dans cette perspective que je sélectionne ces types de cours: sans jamais avoir de grandes attentes.

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Cependant, j’ai été renversée lorsque j’ai suivi mes premiers cours d’étude sur la sexualité et le genre, qui sont complètement hors de mon champ d’étude principal. Après chaque classe, j’avais l’impression d’avoir appris tellement de nouvelles choses qui importaient réellement (selon moi) dans le monde, la société et son évolution en général; des concepts lourds de conséquences qui ne m’avaient jamais été enseignés auparavant, ou sinon très peu, durant mes vingt-deux années sur Terre. Je voulais partager à tout prix mes nouvelles connaissances à qui voulait bien m’entendre, ou même ceux qui ne voulaient pas (#sorrynotsorry). Au cours des derniers mois, j’ai réalisé que c’était important de partager tes opinions aux autres ou simplement des faits intéressants sur des enjeux qui te passionnent vraiment, si t’es bien informé et ouvert d’esprit. Car en bout de ligne, ça ne permet que de t’enrichir.  

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Aujourd’hui, j’ai le goût de te partager mes questionnements sur un sujet qui a eu un énorme impact sur ma façon de penser le genre, soit plus précisément le sexisme et les stéréotypes si ancrés et qui circulent à travers les structures de pouvoir qui dominent dans notre société. À mon avis, en général, pas assez de gens de mon âge sont au courant de l’influence qu’ont ces structures de pouvoir sur nous et les discours qui dictent les normes sociales. Pourtant, ça fait partie de notre quotidien. Et ce qui m’étonne le plus, c’est de savoir que je croyais que « normal » et « naturel » étaient des concepts interchangeables. En d’autres mots, je pensais que tout ce qui faisait partie de mon quotidien était normal, mais j’étais vraiment à côté de la plaque.       

J’ai commencé à me sentir réellement interpellée et curieuse lorsque ma prof nous avait introduit à la théorie queer. Celle-ci remet en cause les catégories de sexe, de genre et d’orientation sexuelle. Elle véhicule aussi l’idée de la performativité du genre, qu’il est socialement appris, joué et répété. Depuis notre enfance, on a été poussé à avoir des intérêts précis, et de se comporter d’une façon particulière tout dépendant de notre genre. Par contre, de nos jours en 2017, avec par exemple un nombre grandissant de garçons qui portent fièrement du maquillage comme on le voit sur les réseaux sociaux (je pense à MannyMUA et James Charles entre autres), ou alors des filles qui trippent sur le sport ou qui étudient en génie, j’ai de la misère à comprendre pourquoi on en est venu à associer certaines normes et attentes envers les gens, seulement en se basant sur s’ils sont étiquettés en tant que garçon ou en tant que fille. J’ai aussi beaucoup de difficulté à saisir pourquoi la société accorde autant d’importance à la catégorisation des sexes, lorsqu’il y a plusieurs personnes qui ne s’associent pourtant à ni l’un ni l’autre. Des oppositions binaires comme telles ne laissent aucune place à l’entre-deux et contribuent ainsi à la marginalisation des identités sexuelles et de genres qui ne tombent pas dans la norme.

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D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours fais répéter à l’école que le masculin l’emporte toujours sur le féminin, ou alors que le masculin est utilisé pour alléger le texte, dans le sens qu’il est considéré neutre. Et étrangement, je n’ai jamais été portée à me questionner sur le pourquoi. Être en mesure d’étudier, que ce soit seulement de façon minime, le domaine de la sexualité et du genre m’a aidée à réfléchir et à m’interroger sur des cas aussi anodins que la révélation du sexe des bébés durant les showers par exemple, ou plutôt l’importance et la nécessité qu’on y accorde. Ça m’a aussi ouvert les yeux par rapport à plusieurs aspects de ma vie, mais surtout sur le fait que jusqu’à maintenant, j’ai juste toujours accepté les normes en pensant qu’elles étaient justifiées par des séries de cause à effet, sans prendre le temps de comprendre ou de contrer le statu quo. J’ai aussi appris que la réalité est grandement biaisée et comment c’est important d’avoir un regard critique sur les structures de pouvoir dominantes autour de nous qui semblent si naturelles, mais qui au fond, permettent de maintenir plusieurs inégalités sociales.

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Finalement, si tu as réussi à lire jusqu’à la fin, c’est qu’il y a un cours que tu devrais ajouter dans ton horaire, parce que ce sont les trois crédits le plus enrichissants que j’ai accumulés depuis le début de mon bac. Non seulement ça m’a poussée à réfléchir sur les forces sociales qui nous entourent et sur leur influence sur les rôles de genre et de sexe, cela a aussi affecté ma perception de l’éducation. Parce que pour un moment, ça voulait dire que c’était la fin des bourrages de crâne pour tout recracher durant les examens, pour ensuite tout oublier à la seconde de quitter la salle… mais pour mes autres cours, ça resterait à voir.

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