Ça nous arrive tous de nous demander où est-ce qu’on s’en va à un moment ou à un autre. Surtout à la fin de longues études. Parce que tout à coup, la vie prend une configuration bien différente. On est enfin libre, la vie nous appartient et notre horaire aussi! On a du temps pour nous et pour nos proches. Eurêka! Une grande étape s’achève et on sent tout d’un coup le poids du monde s’envoler de sur nos épaules. C’est bon, la liberté. Ça nous donne envie de déplacer de l’air, d’être stimulé à nouveau. Nous voilà maintenant dans le néant, mais on est prêt à se jeter dedans!

Alors on se lance à pieds joints dans la recherche d’emploi pour faire propulser notre carrière vers de nouveaux sommets. On veut tout, tout de suite. Et on veut presque n’importe quoi qui passe. Mais on ne s’est même pas arrêté deux secondes pour faire le bilan, pour savoir qu’est-ce qu’on veut faire vraiment. Mais on s’en fout. On y réfléchira plus tard. On veut une job dans notre domaine à n’importe quel prix parce que maintenant il faut bien faire de l’argent. C’est la prochaine étape. À travers cet élan, on se rend compte que ça vient avec un petit stress, parce que maintenant qu’on a un bout de papier il faut le rentabiliser. Il faut se prouver à soi comme aux autres qu’on a pas fait tout ça pour rien, que c’est donc bien facile d’être engagé quelque part parce qu’on veut de nous partout.

Selon plusieurs perceptions, il n'y a jamais de temps mort pour ceux qui réussissent. Les vrais passionnés ne prennent pas de congé. Ils prennent tout.

BULLSHIT. Et puis c’est quoi au juste réussir? Est-ce que ça se résume à bien gagner sa vie? Et puis le bonheur dans tout ça, celui avec lequel on a tous droit de se lever les matins avant de partir travailler?

Je viens, comme plusieurs, de terminer un long parcours qui s’est étalé sur des années. Et j’ai pris tout ce qui allait avec : le stress, l’anxiété, la précarité, la solitude, la dépression…

Je suis fatiguée, essoufflée. J’ai juste envie de respirer un grand coup, de ne pas me sentir presser par quoi que ce soit. Mais par-dessus tout, j’ai envie d’être moi pour une fois. Pas l’étudiante. Ni un titre professionnel. C’est de la garniture pour moi, du flafla. Non merci, j’en veux pas. Je veux faire ce que j’aime, ce qui me passionne, pas ce qu’on attend de moi. Ma valeur ne s’arrête pas à mon diplôme, je veux posséder le droit tout entier d’en faire ce que je veux.

J’ai envie de m’éclater dans mon métier. Mais pour l’instant j’ai besoin de temps. Le temps d’en revenir deux secondes, des semaines entières, même des mois s’il le faut. J’ai envie de me reconnecter avec moi, celle que j’ai perdue à travers toute ces années passées à faire entrer des concepts dans ma tête plus que d’en faire ressortir des carrément nouveaux. J’ai besoin de m’arrêter avant que ça me sorte par les oreilles. Avant que ça m’emmerde.

C’est devenu essentiel pour moi de retrouver d’où est parti tout ça et où j’en suis quatre ans plus tard. Parce qu’on change en cours de route pis c’est bien parfait comme ça. Tout est correct tout l’temps du moment qu’on est aligné et en accord avec ce qu’on veut vraiment, pas dans 10 ans, pas dans 20 ans, mais ce qu’on veut juste là, pour un moment.

Et puis si on se laissait le loisir de réfléchir avant de tracer tout de suite notre avenir?

Source image principale : Unsplash

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