À toutes les madames qui s'en mettent un peu beaucoup sur les épaules.

Du plus loin que je me rappelle, j'ai toujours été la p'tite fille timide et réservée qui avait 3-4 amies à l'école, pas invitée aux partys du monde cool pis au bord des larmes chaque fois qu'un adulte parlait le moindrement fort. Mais pendant le secondaire, j'ai appris à me construire une sorte de carapace constituée de sarcasme et de je-m'en-foutisme. Je suis devenue moi. Encore un brin loser, mais plus forte, t'sais comment ça marche.

On dira ce qu'on voudra, c'est vrai qu'il y a des avantages à être perçue comme une personne forte et quasi désinvolte. Genre, les gens ne perdent pas souvent leur temps à essayer de t'atteindre parce que tu les intimides ou whatever pis ils te laissent tranquille. Ah! Si seulement ils savaient.

En réalité, je suis hyper sensible. Ce n'est pas un secret, les enfants apprennent en devenant adulte à cacher leur hypersensibilité sous des couches de cynisme et de détachement que l'on méprend souvent pour une certaine "force". J'ai jusqu'à ce jour réussi à conserver précieusement ce genre de masque que je me suis fabriqué.

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Source : 1980vibes.tumblr.com

Mais la vie s'en sacre bin de ton masque pis de tes théories qui t'aident à dormir la nuit. Viennent des périodes plus ardues où même la nonchalance n'a plus aucune importance. Ça fait que c'est ça qui se passe pour moi ces temps-ci. Cette semaine en particulier, je me remets beaucoup en question. J'ai arrêté l'école, je ne sais pas trop où je m'en vais, c'est un temps mort où j'ai moins de job pis la santé de mes parents laisse à désirer. J'veux pas me plaindre le ventre plein, parce que j'suis forte en criss, t'sais bin. J'ai quand même un toit au-dessus de la tête et de la bouffe sur la table. J'ai cette habitude de penser que je ne peux pas crier haut et fort mes doutes et mes peines parce que mon entourage s'attend à rien de moins que la fille forte et positive à laquelle ils sont habitués.

À bien y penser, c'est assurément moi qui se met cette pression de rester impassible devant les secousses de la vie. Il y a des moments où même les femmes les plus fortes de caractère faiblissent. Je l'ai entendu combien de fois ouin, mais toi t'es forte! Même mon ex qui m'a laissée quelques semaines après que ma mère soit diagnostiquée avec une maladie mentale m'a lancé un joli: tu vas être correct Sarah, t'es faite forte.

C'est acquis pour le monde que t'as le dos large pis t'es capable d'en prendre. Ça apaise leur conscience. C'est peut-être naïf de ma part, mais j'ai comme philosophie que la vie ne met sur notre chemin que des épreuves que l'on peut surmonter. Éternelle positive que je suis, je sais que je vais passer au travers. Chaque fois que je vis un moment plus difficile, je me rappelle tout ce que j'ai parcouru jusqu'à ce jour, pis je fonce la tête baissée. Avec un sourire, même.

C'est sûr, être forte c'est bien. Mais parfois l'envie de succomber aux larmes et vivre les vraies émotions tapies au fond de moi, ça fait du bien. Être capable de pleurer pour mieux avancer, qu'ils disent. T'es forte, t'es bonne, t'es capable! Enweye!

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