Quand tu as un trouble d’anxiété, un événement quotidien et anodin pour la majorité des gens devient malsain, très malsain, comme le fameux 5 à 7. Je ne parle pas de celui au bar branché à siroter un mojito entres collègues et à rigoler des clients furieux rencontrés.
Source: SAQ
Non, je parle du 5 à 7, du deuxième shift, soit le moment le plus appréhendé de ma journée, celui où je vais chercher les enfants à la garderie. Ils ont faim, ils sont fatigués, ils ont besoin d’affection… à peine deux minutes dans l’auto et on est rendu au troisième inspire, expire…
Arrivée à la maison : « Maman j’ai faim, maman joue avec moi, maman où est papa ». En inspirant, je répète pour la troisième fois que papa travaille de soir cette semaine.
- NONNN, je m’ennuie de papa!
Je sors des ficellos, installe un film, fais revenir le filet de porc et hop au four 20 minutes. Je pars le riz et les légumes. Maman s’en vient jouer!
- J’arrive, maman va jouer un petit peu.
- Non beaucoupppppp
Ok beaucoup. Après tout, la notion du temps, c’est quoi chez l’enfant de 4 ans. Le fameux 5 à 7 chez les personnes anxieuses vire souvent à genoux avec un sac à papier brun. Pas celui de l’épicerie, mais celui qui t’aide à respirer lors d’hyperventilation.
Source: Blogspot.ca
C’est trop en même temps, tout simplement trop. Oui, tout le monde est dans la même situation, mais l’angoissée chronique doit respirer et expirer une couple de fois de plus. Avoir des jumeaux de 4 ans ne doit pas aider, mais l’anxiété non plus.
Bon, le souper est prêt. Pendant que les enfants mangent, je lave la vaisselle et range celle-ci. Une personne avec un trouble d’anxiété a de la difficulté à lâcher prise, même si elle sait qu’elle doit le faire. Tout laisser et nettoyer une fois les enfants couchés? Profiter de ces instants en famille et ranger le tout plus tard? Ce serait une bonne idée, mais la tendance à la perfection est incarnée voire incrustée. Penser à l’idée de laisser la casserole collée de saumon dans le lavabo, les assiettes croûtées de « kechtup » oui kechtup pour le vocabulaire d’un enfant de 4 ans, sur le comptoir… Juste voir l’évier rempli, la tête me tourne. Je ne pourrai jouer aisément avec mes fils qu'une fois le tout rangé. C’est plus fort que moi. Je ne suis pas bien sinon.
L’étape du souper terminé, on peut jouer longtemps (5 minutes, mais je dis longtemps quand même). Ensuite, je fais couler le bain, retourne jouer « beaucoup », hop dans le bain. Pendant que les enfants s’amusent, je finis de tout ranger, répondre à quelques courriels urgents du bureau, lave les enfants, prépare leurs pyjamas et tant qu’à y être, sors le « kit » du lendemain question de sauver du temps, retourne à la salle de bain.
- Maman, veux sortir.
Sors un, sors l’autre. «J’ai froid.» Attends, je dois habiller ton frère. «J’ai faim, je veux regarder Toupi et Binou.» «Non, Caillou.»
Source: Unis
Je suis essoufflée, j’ai le goût de brailler ma vie. C’est ça la vie de famille! Ne jugez pas trop vite en disant que tous les parents vivent cela au quotidien. Celles qui comprennent ce qu'est un TAG se reconnaissent sans doute dans cet article. On est toutes pareilles, il faut juste apprendre à relaxer, une fois la marmaille couchée. Inspire, expire! Lâcher prise, difficile à réaliser, mais c'est dans ma liste de défis à accomplir. Comment vivez-vous le 5 à 7?
Source: Famili.fr