Faire face à la vie d'adulte

Travailler de 8 à 5 du lundi au vendredi, faire son épicerie et son ménage la fin de semaine, prendre congé au travail quand on a un rendez-vous chez le dentiste. Tomber enceinte. Avoir 3 enfants. Pas voir le temps passer. Les années s’enchainent. Et puis tout d’un coup, on est devenu vieux, la vie a passé sans qu’on s’en rende compte et on regrette le temps où l’on était jeune. Trouver sa job de vie, voir ses amies ne plus avoir de temps à nous consacrer parce qu’elles ont leur petite routine d’adulte. Voir ses amies s’acheter une maison, tomber en amour et avoir des enfants, pendant que nous, on est seules et que tout ce que l’on a, c’est un chien et deux pinsons et que c’est déjà compliqué à gérer. Deux scénarios dramatiques. Deux scénarios qui m’angoissent. Est-ce que c’est juste moi, ou bien la vie d’adulte, c’est un peu paniquant?

J’en suis à ma dernière année d’université et quand mon entourage me demande ce que je vais faire après, mon cœur se met à palpiter. J’ai les mains qui deviennent moites et j’hésite à tous les coups. Parce que je n’ai aucune idée de ce que je vais faire. En effet, je n’ai AUCUNE idée d’où je serai dans quatre petits mois. Et je trouve ça angoissant. Évidemment, je sais que la vie d’adulte, c’est bien. C’est l’accomplissement de toutes ces belles années d’étude, c’est le moment d’enfin grandir et tout, mais malgré ces belles paroles encourageantes que je vous lance comme ça, c’est une grande étape à franchir qui peut paraitre bien inquiétante pour la plupart d’entre nous. Certaines personnes sont, selon moi, prédisposées à être adulte. Elles ont choisi leur carrière, sont déjà en amour, ont décidé dans quelle ville elles resteraient et certaines ont même déjà trouvé leur emploi de rêve. D’autres n’ont rien décidé pour le moment. Pas de travail, de ville précise, d’engagement envers personne, rien qui ne les rattache nulle part. je fais bien évidemment partie de cette catégorie. C’est difficile de savoir vers quoi se diriger quand nous nous sentons tiraillé dans toutes les directions.

Source : omghow.com

Les adultes autour de nous ont pratiquement tous les mêmes mots à la bouche. « Tu as la vie devant toi, chanceuse! Tu peux choisir ce que tu veux, faire ce que tu veux, toutes les portes sont ouvertes à toi! » Par contre, pour faire un choix, il faudrait d’abord savoir ce que l’on veut, et c’est définitivement la partie la plus difficile selon moi. Les choix d’aujourd’hui auront réellement un impact sur notre futur. Ce n’est plus comme avant, où l’on pouvait se reprendre à la session prochaine si ça avait mal été à cette session-ci. En plus de ne pas savoir ce que je veux faire, je vois mes amies autour de moi qui sont en couple, qui s’achètent des maisons, qui tombent enceinte et tout ce qui s’ensuit. Moi, je ne sais même pas encore ce que je vais manger pour déjeuner demain matin. Je me sens complètement décalée de ma génération, complètement à part, même si je sais bien que je ne suis définitivement pas la seule dans cette situation. Bref, la vie d’adulte, ça me fait peur.

Source : weddingforward.com

J’aimerais pouvoir rester un enfant pour toujours. Appeler ma mère quand je suis malade pour qu’elle vienne me voir et me faire de la soupe Lipton. Appeler mon père quand j’ai un problème avec mon auto ou une porte d’armoire qui ne ferme plus. Je veux continuer à faire des anges dans la neige comme quand j’avais 4 ans. Je veux jouer dehors pendant des heures parce que je n’ai rien d’autre d’urgent à faire. Je veux construire des cabanes avec des couvertures dans mon salon et me cacher là pour une couple d’heures en faisant semblant que y’a rien d’important qui m’attend. Je voudrais ne pas avoir à me soucier du fait que c’est vrai que des fois, le gaz est cher et que je suis mieux de surveiller quand il change de prix. Je voudrais ne pas avoir à payer de factures, de loyer et d’épicerie. J’aimerais pouvoir me dire qu’il me reste la vie devant moi et que les choix importants, je les ferai dans une couple d’années et que ça presse pas.

Source : theodysseyonline.com

En vieillissant, on se rend compte que c’était si simple lorsque l’on était au secondaire et que notre plus grande peur était que quelqu’un d’autre ait la même robe de bal que nous. Que même l’université, avec ses nombreux travaux d’équipe et les notes d’école si importantes, représente tout d’un coup une partie beaucoup plus alléchante de notre vie que la vie d’adulte. Shame on me, je suis nostalgique d’une période de ma vie qui n’est même pas encore finie. J’aimerais me lever demain matin et que quelqu’un me dise « Voilà ce que tu vas faire, j’ai décidé pour toi, ça va bien aller, ne t’inquiète pas. » J’ai besoin que quelqu’un me prenne par la main et m’aide si je trébuche. Comme quand j’avais 6 ans, que je tombais en trottinette et que ma mère soignait mes blessures en me disant que ça allait passer. Sauf que la vie d’adulte et ses questionnements, ça ne passe pas. Je sais bien que c’est une belle période de la vie, mais je suis pas encore prête. Est-ce que quelqu’un est game de se sauver une couple d’années avec moi à l’autre bout du monde, dans un endroit où l’on peut continuer à être des gamins?

Je sais que cette vie d’adulte sera extraordinaire et remplie de choses positives et de belles surprises. Je vous rassure, votre vie sera belle vous aussi. Mais en attendant de choisir ce que je veux, je retourne me cacher sous mes couvertures en faisant semblant que je suis encore enfant et que ma mère va me surprendre avec du chocolat chaud.