Hier, j'ai écrit ceci sur Facebook: « Ma grand-maman est partie hier pour son long voyage. Elle est partie doucement, en dormant, à 90 ans. Thérèse c'est une femme que j'admire pour tant de raisons et qui demeurera un exemple pour le reste de ma vie. Elle était un rayon de soleil pour quiconque la croisait, toujours le sourire aux lèvres. Grand-maman, elle aimait la fête et les rassemblements, elle aimait rire et jouer, elle aimait la vie. Grand-maman parlait sans cesse, elle avait toujours une histoire ou une anecdote à raconter quelque soit le sujet. Et on n'avait jamais l'impression de la déranger, peu importe quand on arrivait chez elle à Mont-Saint-Hilaire.

Thérèse, j'espère vieillir comme toi, avec cette soif de vivre toujours présente. Tu auras été autonome, vivant dans ta maison, jusqu'à la fin, lucide et allumée. Tu vas terriblement manquer à toute la famille. Je m'ennuie déjà de ta voix énergique. Bon voyage Grand-maman, comme t'a dit mon papa hier. Je t'aime. 

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Je crois qu'on n'est jamais prêt à dire au revoir à quelqu'un qu'on aime. La mort, peu importe quand elle survient est toujours un choc, en quelque sorte. Même si ça fait partie de la vie. Je vis étrangement avec le départ de mes proches. Chaque fois. J'ai le choc, je pleure, je comprends le concept, mais une partie de moi garde l'impression que cette personne va revenir dans ma vie, que j'entendrai encore sa voix et que notre histoire n'est pas terminée. C'est encore le cas avec le départ de grand-maman.

J'ai de la chance. On me dit souvent que je lui ressemble sur différents points. À la blague, on me dit que j'ai les mêmes billots, qu'elle avait, à la place des jambes. Bien sûr! Comme le dit Shakira: «Lucky I have strong legs like my mother, To run for cover when I need it », Thérèse et moi, on avait cela. Mais au-delà de nos ressemblances physiques, on me dit souvent que j'ai de la jasette, comme elle et que toutes deux, nous sommes des boules de bonheur, toujours le sourire aux lèvres. On m'a souvent dit que j'avais ça d'elle. Ça me touchait. Maintenant, ça me chamboule. Si c'est elle qui m'a donné cela, c'est le plus beau cadeau qu'elle ait pu me faire: me transmettre la joie de vivre. Merci.

Son départ me remet en question. Je vis à 1000 à l'heure, toujours entre mes projets, mon boulot, mes voyages, les événements et j'en passe. Toutefois quiconque me connait sait que ma famille a une place de choix au sein de ma vie. J'ai toujours aimé mes proches et nous avons toujours été tissés serrés. Toutefois, même si je parle sur une base régulière à mes proches et que je tente de les voir le plus souvent possible, quand quelqu'un part, on se demande si on aurait pu leur accorder plus de temps. Et la réponse est toujours oui. Dans mon cas. Le départ de grand-maman me pousse à vouloir voir davantage papy et mamie, les parents de ma mère, qui sont toujours vivants et en forme. 

Est-ce que dans notre vie moderne on va trop vite? Oui. Plusieurs personnes en parlent. Est-ce que la vieillesse est quelque chose qui ralentit? Oui. Est-ce que les personnes âgées sont souvent traitées à la va-vite? Malheureusement. Par chance, jusqu'à la toute fin de sa vie, Thérèse a pu vivre dans sa maison, au bas de la montagne de Mont-Saint-Hilaire, entourée de ses enfants et de ses petits-enfants qui la visitaient souvent. Par chance, jusqu'à la toute fin de sa vie, Thérèse a été autonome et a pu garder toute sa dignitié. Par chance, jusqu'à la toute fin de sa vie, Thérèse a eu le sourire.

Tous n'ont pas cette chance.

Et il est temps que ça change. Il est temps que nous arrêtions notre train de vie de fou à courir pour avoir une carrière plus belle et des bébelles pour s'assoir et écouter nos aînés qui ont tant à nous raconter et à nous apprendre. Il est temps qu'on leur rende la dignité que trop ont perdu. Il est temps qu'on les aime. Comme j'aime grand-maman, papy et mamie. Et il est temps qu'on leur donne la plus belle richesse qui soit: NOTRE TEMPS.

Ce n'est pas compliqué de choisir de passer une soirée avec nos grands-parents au lieu de nos amis. Et c'est si simple, quand on va les voir, de les écouter, de leurs poser des questions et de se laisser raconter les histoires de leurs vies. Parce qu'au fond, c'est là que la magie opère: quand on leur donne assez de temps pour qu'ils nous racontent d'où ils viennent (et d'où on vient) et qu'on apprenne à travers leurs expériences à eux. Il vaut mieux agir avant qu'il soit trop tard et d'avoir des regrets. 

Mardi soir dernier, j'ai parlé à grand-maman au téléphone lui promettant d'aller la voir ce mercredi. Ce rendez-vous sera manqué, mais je sais qu'elle est partie sachant qu'on avait ce moment à nos agendas et que j'avais hâte de la serrer dans mes bras. Les derniers mots que je lui ai dit sont «je t'aime» et elle m'a répondu «moi aussi». Et alors que j'écris ces lignes, ce moment joue en boucle dans ma tête.

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