Ce matin ce sont des larmes de crocodile qui coulent. Un trop-plein qui a besoin de sortir ou simplement mes hormones qui me mettent tout à l’envers. J’aurais envie de me faire serrer dans des bras tellement fort pour que mes larmes cessent. J’essaie d’être optimiste, j’essaie de voir le bon côté, j’essaie de rester positive, j’essaie de ne pas y penser, j’essaie de m’entourer de gens heureux qui m’aideront à passer à travers, mais ce matin, c’est plus difficile.
Les mauvaises nouvelles s’accumulent, les échecs s’empilent. J’essaie de me changer les idées, de regarder vers l’avant. Je me vois si triste, je vois mon copain qui refoule ces larmes pour éviter de me faire pleurer davantage. Je vois sa déception, je ressens mon cœur gros, prêt à exploser. Un cœur rempli d’émotions, de sentiments qui se bousculent. Je ne sais pas comment gérer tout ce qui m’arrive. Cette tristesse qui m’envahit, toutes ces piqûres que je dois m’infliger, le néant dans lequel je baigne : ne pas savoir quoi faire, comment le faire, et surtout, ne pas savoir où tout ça va me mener. Je me sens dans un jeu d’essai-erreur, un petit rat de laboratoire qui s’inflige une quantité phénoménale de substances différentes pour faire réagir ces tout petits ovaires remplis de follicules qui ne veulent pas s’agglomérer en ovule. J’aimerais tant que la structure du corps humain soit faite comme les structures d’acier, de béton et de bois que je calcule tous les jours. Une structure quantifiable, analysable et dont les réactions peuvent être anticipées.
Tomber enceinte devrait être si beau et si simple, mais peut devenir une énorme source de stress, d’anxiété, allant même jusqu’à mettre en péril un couple. Tout ton être est affecté : ton humeur, ta joie de vivre. Je perds cette petite lueur au fond de mes yeux. Ça amène une épreuve supplémentaire sous ton toit, le toit qui te protège de tous les orages qui entourent nos vies. Ça mène à des prises de bec, tes tensions qui ne devraient pas exister.
Ce cycle qu’une femme devrait mener mensuellement sans se compliquer la vie est pour certaines bien perturbé et la science n’a encore jamais trouvé la solution miracle. Lorsque tout chamboule, lorsque le cycle n’est pas là, que ton corps ne répond pas. Malgré tous les efforts, malgré toutes les injections, tout ce temps à passer à la clinique pour te faire dire qu’il n’y a pas d’évolution, que tu ne réagis pas bien à la médication, que tu dois continuer, que tu dois te piquer davantage, que tu dois essayer d’autres médicaments, sans pour autant avoir la certitude que celui-là va fonctionner. Aucun corps ne réagit pareil, aucune science n’est exacte. Mais ce matin, mon corps enflé d’injections de tout genre a envie de se vider, de pleurer, de laisser échapper en sanglots le trop-plein qui s’accumule jour après jour.
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Tous les corps sont si différents. Ils réagissent différemment. Tous ces médecins essaient tant bien que mal de trouver des solutions, de rassurer ces femmes inquiètes qui pleurent dans leur bureau. Et moi dans tout ça, je suis rendue cette femme, qui pleure en silence à se faire bousculer à gauche et à droite, sans avoir de réponse. On me rassure, on me conseille, mais pour être honnête, ce dont j’ai réellement besoin ces temps-ci, ce n’est pas d’entendre les histoires d’une amie d’une amie qui est tombée enceinte après 4 ans d’essai, ou bien une autre amie qui n’est jamais tombée enceinte ou encore une autre qui est tombée enceinte quand elle a lâché prise. Ce dont j’ai besoin, c’est d’une épaule sur qui pleurer, une oreille pour m’écouter, un gros câlin et un bec dans le front. Voilà c’est dit!
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