Vraiment doucement dans la crainte, vraiment doucement dans la révolte. La pièce chorégraphiée par Victor Quijada a su me transporter dans une panoplie d’émotions. Tantôt émue, tantôt anxieuse, cette oeuvre art m’a chavirée du début jusqu’à la fin.

Les costumes minimalistes dans les tons de terre ont su mettre le corps des danseurs en valeur sans les cacher. Les musiciens, Jasper Gahunia et William Lamoureux, discrètement à la droite de la scène, n’ont jamais cessé de jouer avec passion et polyvalence.

Bercée par les mouvements des danseurs, la mélodie changeante et les jeux d'éclairage soigneusement exécutés, le spectacle composé de dix danseurs et de deux musiciens se démarque par son minimalisme émouvant où l’on se centre sur l’essentiel: la virtuosité des artistes.

Je danse depuis quelques années et ce qui m’a particulièrement touchée, c'est le lien de confiance que les danseurs avaient entre eux. Avec les yeux bandés par leurs vêtements et leurs corps dévoilés en sous-vêtements par moments, plusieurs duos bougeaient en cohésion, vraiment doucement, entre la fragilité et la crainte.

Bien évidemment, la danse contemporaine est subjective et laisse place à l’interprétation. Comme un papa l’a si gentiment expliqué à son enfant, chacun la voit différemment et il n’y a jamais de bonnes réponses face à cette représentation. Pour ma part, j’ai vu des mouvements de masse, de la révolte, de l’espoir, de l’horreur et de la vitalité. J’ai été touchée et même surprise par la franchise des danseurs.

Une mention d’honneur à Jean Bui, un interprète qui m’a laissée sans mots en transmettant le désespoir et l’euphorie par sa voix, ses mouvements et son visage. Ses cris m’ont fait frissonner. Le corps de la jeune Brontë Poiré-Prest, si délicate et forte simultanément, m’a impressionnée par sa détermination et sa vulnérabilité.

Vraiment doucement est une pièce où le talent brut est dévoilé. Un art où l’on se questionne sur l’individualité, la peur d’être rejeté et la vulnérabilité de chacun. Et si la force de notre société était de se rassembler? De laisser taire le brouhaha du quotidien, de dévoiler notre vrai visage et de se laisser voguer dans la pure authenticité?

Merci Rubberband de m’avoir submergée pour le temps d’une soirée.

Source image de couverture: Danse Danse
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