Par où commencer? Déjà cinq minutes à écrire et ça se bouscule à la sortie! Je commence par quoi? De quoi je veux parler? Ça fait déjà une bonne dizaine de fois que j’essaie de commencer mon texte et que j’efface ce que j’écris. Pourtant, je ne suis pas reconnue comme celle qui a le moins de chose à dire.

Ça fait aussi une bonne dizaine de fois que je décroche parce que je vois mon chat qui fait sa toilette du coin de l’oeil et que j’ai de la difficulté à rester concentrée sur mon clavier.

Je me suis installée avec des écouteurs pensant pouvoir écouter de la musique pendant que j’écrivais, mais je réalise qu’il n’y a pas de son dans mes écouteurs et que le seul fait de ne rien entendre m’aide à me concentrer sur ce que je veux vous dire.

Mon cerveau est la centrale de mille autoroutes qui n’ont pas de limites de vitesse.

En essayant de vous expliquer comment je me sens et comment c'est de vivre avec un TDAH, je me rends compte que je pense à mon vin/fromage de vendredi prochain. Je pense aussi à mon party de samedi. À ce que je vais mettre ou ce que je vais apporter... Je suis même en train de me dire que mon chum va arriver bientôt et que je dois faire le souper! Je réfléchis à ma journée au travail et je ris encore de certaines blagues de la journée. À ce que j’ai à faire demain et à mille autres choses en même temps.

Pour le moment, je suis ok. Il n’y a pas d’accidents de parcours sur aucune des autoroutes de mon cerveau. Ce qui veut dire que pour le moment, ce ne sont que des pensées à l’état brut.

Aujourd’hui, je suis dans une bonne journée. Eh oui! C’est drôle à dire, mais parfois, ça m’arrive de ne pas avoir une bonne journée. Comme tout le monde vous me direz! Pour moi, une mauvaise journée ne signifie pas que je n’ai pas eu une promotion au travail ou que j’ai échappé mon cellulaire et que la vitre s’est cassée. Non! Pour moi, une mauvaise journée, c'est directement relié à comment j'ai vécu mes émotions, celles qui envahissent trop souvent ma tête.

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Parfois, je me sens comme si je perdais le contrôle de ma voiture. La seule façon d’arrêter est en fonçant dans un arbre ou un banc de neige.  N’importe quoi qui ferait en sorte de retenir la voiture!  Je n’ai alors plus le contrôle de ma tête...

Que ce soit pour quelque chose de joyeux ou de triste, lorsque l’émotion envahit ma tête, je ne me gère plus. Je ne peux plus me concentrer sur ce que je fais.  Je ne suis même pas capable de me parler pour me calmer. Souvent, dans ce cas-là, je ne le vide pas sur la bonne personne. Cela peut rendre mes relations avec les autres assez difficiles.

Quand ça ne fonctionne pas comme mes plans sont établis, je panique. J’essaie par tous les moyens de changer la situation pour revenir au plan initial. On me prend alors pour une égoïste parce que j’essaie de convaincre que mon idée est la bonne et je suis très convaincante.

Je réagis avec tristesse des fois et ce, de façon trop intense. Pour moi, ne pas aller au cinéma comme prévu me rend triste comme si je venais de perdre un être cher ou fâchée comme si quelqu’un m’avait blessée profondément. Je ne suis pas capable de faire la différence entre toutes ces situations.

Lorsqu’il s’agit d’une bonne journée, j’en fais des blagues. Lorsque je suis dans une mauvaise journée, attention, la Terre arrête de tourner... Je crache tout le mal que j’ai à l’intérieur pour avoir un semblant de vide.

Sinon, je suis tellement heureuse que je fais un lavage de cerveau pour me créer un plan, des attentes ou pour me répéter sans cesse que je suis heureuse... Complètement deux extrêmes m’habitent.

Je me suis souvent demandée si j’étais une des seules personnes au monde à vivre cela... Je me rends compte que beaucoup de personnes souffrent de la même maladie que moi et que cela ne fait pas en sorte que je suis une mauvaise personne.

Le plus important, c'est qu’il faut que vous soyez fiers de qui vous êtes et que vous assumiez votre différence.

Il y a plein de manières possibles afin de ne pas vous laisser envahir par les mille autoroutes de votre cerveau, suffit simplement de vous prendre en main...

Image de couverture de Florian Steciuk
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