Comme cadeau de Noël de moi à moi cette année, j’ai décidé de me payer une séance photo professionnelle avec la meilleure des meilleures photographes du Québec, Sarah Paradis (appelez-la pour des séances photo, elle est ben bonne et ben gentille).

Je lui avais dit par message privé que je voulais avoir de belles photos de moi pour terminer sur une bonne note l’année 2019 et pour finalement la mettre derrière moi.

Encore une fois, les publications de tranches de vie personnelles sur Facebook ne sont pas trop mon style, mais je sens que ça va faire du bien de l’écrire ici pour mettre au vidange l'année dernière et accueillir 2020 avec aplomb et ambition.

jérémy grandmontSource image: Sarah Paradis Photography

Voilà, pendant neuf mois cette année, j’étais en en profonde dépression. Faut pas avoir peur de le dire, et peur de le dire je l’ai eue longtemps. J’avais de la difficulté à comprendre comment j’étais, je ne réfléchissais plus comme avant, je me trouvais pourri d’être là où j’étais avant et surtout j’étais extrêmement anxieux et stressé à l’idée de commencer une carrière professionnelle alors que je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie.

Je dois avouer que HEC Montréal a été pour moi une vraie bulle et j’ai sauté dedans à pieds joints et pas à moitié. Pendant trois ans et demi, j’étais à ma place, je parlais à tout le monde, tout le monde me connaissait et vice-versa. Je me suis impliqué dans divers comités et j’ai travaillé pendant près de deux ans pour Budweiser à titre d’ambassadeur de campus pour littéralement être payé pour boire tout le temps et influencer les gens à boire de la bonne vieille Bud (Thisbudsforyou).

Cependant, voilà, je n’avais aucun plan pour le « après » et je n’avais non plus aucune envie de m'en faire et d’y penser, car j’étais dans ma zone et j’étais très heureux ainsi. Je surfais sur cette longue vague qui ne s'arrêterait jamais dans ma tête. Dans la psychologie, on appelle ça faire de l’évitement: on évite consciemment de penser aux choses qui nous font peur ou angoisser dans le but de s’éviter un stress potentiel que nous ne voulons pas avoir.

Par contre, la vie étant ce qu’elle est, toute bonne chose a une fin, et un plan, je devais en avoir un. Je devais me trouver un emploi en janvier 2019 à la suite de mon BAA en comptabilité, que je suis maintenant fier d’avoir réussi, mais qui m’a longtemps pué au nez cet hiver.

Les plans que j’avais étaient, au départ, mon stage chez RCGT en comptabilité. Je voulais suivre le moule familial, une job stable, conservatrice, bonne, respectée et, surtout, qui va un jour ou l’autre faire de l'argent.

J’avais en effet en tête de vouloir recréer le mode de vie dans lequel j’ai toujours grandi et au travers duquel je n’ai jamais été trop expressif: celui d’un enfant né dans une famille très aisée financièrement, qui n’a manqué de rien et n’a jamais eu à stresser ou planifier quoi que ce soit avec ses finances personnelles de sa vie jusqu’à ses 24 ans, sur le marché du travail.

Qu’on se le tienne pour dit, j’ai les meilleurs parents du monde, qui m’ont élevé de la meilleure façon qui soit et je ne peux pas être plus fier d’être leur fils. Mais la réalité d’aujourd’hui, pour un jeune millénarial comme moi né en 1994 à l’aube de tout le boom technologique que l’on connait, n’est certes pas la même qu’eux, boomers nés à la fin des années 50 à l’aube de la retraite bien méritée.

Bref, par la suite, après avoir éliminé la comptabilité de mes plans en janvier, j’avais déjà rappelé mes anciens employeurs Labatt, chez qui je m’étais fait, je crois, un bon nom grâce à mon bon travail et ma passion pour ce pourquoi j’avais été engagé. Par contre, rapidement, j’ai vu que l’engagement dans une carrière était aussi ce qui me faisait peur à l’époque. Comme on dit, la peur et l’angoisse paralysent les gens et sont les ennemis invisibles qui les rendent inaptes à être performants dans quoi que soit et qui devient une épée de Damoclès planant au dessus de leur tête 24h sur 24 et 7 jours sur 7.

silhouette homme devant fenêtreSource image: Unsplash

Cette peur, je l’avais depuis ma dernière session de BAA, à l’aube de la fin de celui-ci et mon obligation que je m’étais fixer de travailler et tester le marché du travail dès janvier, sans vraiment avoir de plan et ni vraiment cherché d’emploi.

Il faut savoir que depuis que j’ai 16 ans, j’ai dû avoir au moins 11 jobs étudiantes différentes en neuf ans. J’avais, comme je l’ai dit, le loisir de travailler pour moi, sans souci ou obligation financière, grâce à ma situation familiale aisée. Alors dès que je sentais que j’avais plafonné et que je n’apprenais plus rien, je quittais pour une autre. Je voulais vivre de nouvelles expériences et apprendre de nouvelles choses et surtout rencontrer de nouvelles personnes. J’ADORE les gens et j’ai toujours été fasciné par la beauté des interactions humaines et par la manière dont l’humain pense et agit.

Pris de panique, j’ai quitté la multinationale Labatt, n’étant pas heureux et me souciant énormément de l’argent que j’y faisais jumelé à toutes mes dépenses pour vivre en appartement. Je voyais bien que faire de l’argent et le garder était un défi immense auquel je n’avais jamais fait face. D’autant plus que l’engagement long terme n’avait jamais été une réalité dans le marché du travail pour moi, qui quittais mes emplois quand je sentais que n’avais plus rien à y apprendre ou que je désirais faire plus d’argent ailleurs.

Pour vous dire, j’ai passé des épiceries, magasins de sport, bars, restaurants, promotion de marque, événementiel, ventes, comptabilité et ce, en neuf ans de travail.

S’en est suivi, par la suite, un long tourbillon de descente aux enfers, de regrets, de « j’aurais dont dû »:

  • J’aurais dont dû plus étudier pour la maîtrise
  • J’aurais dont dû moins brosser pour avoir de meilleures notes pour le DESS en comptabilité
  • J’aurais dont dû ne pas lâcher ma job si vite
  • J’aurais dont dû moins dépenser
  • J’aurais dont dû être moins cave et stupide

Tous ces « j’aurais dont dû » ont fini par former une personne que je n’étais plus, une personne qui n’étais plus moi, une personne qui était, selon les termes médicaux, en profonde dépression et qui se détestait lui-même.

garçon avec cheveux et mains dans le visageSource image: Unsplash

Un Jay Grandmont qui détestait ses choix, son image, sa vie, sa carrière, son argent, son chemin professionnel et qui détestait le HEC, un diplôme qu'il ne méritait pas, qui s’était toujours faufilé dans les divers travaux d’équipe en ne faisant rien, mais en étant un bon « imbécile heureux » et qui étudiait le strict minimum afin d’avoir le C+ ou B- nécessaires pour passer ses cours de manière respectable...

Source image de couverture: Unsplash
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