Traumavertissement: Viol, violence psychologique. Des ressources sont indiquées à la fin du texte.

Ce soir-là, tu as volé une partie de moi, tu m’as pris mon innocence, mon courage et ma force. J’ignore ton nom, ton âge, je ne peux même pas décrire ton visage. Je n’ai pas eu le temps de dire quoi que ce soit, tu ne m’as permis de te dire non. J’ai senti ton bras me plaquer contre la toilette publique, j’ai senti ton souffle, ta main monter ma robe, je ne pouvais bouger, tu me tenais contre la toilette avec tellement de force. J’ai senti une larme couler sur ma joue, j’ai senti ma gorge se nouer, j’ai senti un mal se former dans mon ventre, j’avais envie de crier, j’avais envie de pleurer, mais pourtant il y avait cette petite voix dans ma tête qui me disait de ne pas bouger, de ne rien dire.

Tu as descendu ma petite culotte, je peux encore sentir ta main sur ma cuisse. J’ai encore la douleur en mémoire, j’ai encore la sensation du froid de la céramique sur ma peau. Je ressens tes mouvements encore et j’ai tellement le cœur aux lèvres à chaque fois. Je n’aurais peut-être pas dû me taire. Si j’avais crié, est-ce que quelqu’un serait venu à mon secours? Si j’avais crié, est-ce que tu aurais utilisé la force sur moi? Est-ce que d’autres attendaient de l’autre côté? J’ai préférée me taire. J’ai décidé de te laisser faire ce que tu voulais faire, je t’ai laissé me faire du mal, me faire de la peine, je t’ai laissé me détruire.

fille couchée sur le solsource image : Unsplash

Tu as pris la confiance que j’avais pour les hommes, tu as pris la force que j’avais pour foncer dans la vie. Tu as pris le meilleur de moi et tu m’as laissé que les doutes et la peine. Je t’ai laissé me maltraiter, je n’ai rien dit. Cinq minutes ont dû s’écouler entre ton premier mouvement qui m’a fait comprendre que j’allais être détruite et les seuls mots que tu m’as dits étaient « c’était le fun une fille facile comme toi.» Je n’ai pas été facile, je ne voulais simplement pas me faire détruire plus, j’avais peur que tu décides d’utiliser la force et que peut-être mes parents allaient perdre leurs filles. Tu m’as laissée là, seule, perdue, détruite… J’ai été pour toi, seulement une fille facile à qui tu as tout pris, qui a peur de s’engager, qui a peur de se faire aimer, de se faire toucher. J’ai perdu par ta faute toute ma force, toute ma confiance.

Chaque fois que je suis dans un lieu public, j’ai peur d’entendre ta voix, car outre le mal, la douleur et la peur, le seul souvenir que j’ai de toi, c’est ta voix. Chaque fois que je rencontre un homme, j’ai peur, peur de ne plus pouvoir m’ouvrir et de me laisser être aimée. Chaque fois, j’ai peur que ta voix résonne dans la pièce. À toutes les femmes qui sont passées par là, trouvez votre force, votre petite voix, pour en parler, c’est la seule façon que l’on peut s’en sortir, que l’on peut sortir de là en vie.

Ressources

  • Aide immédiate : Appelez le 9-1-1.
  • Besoin de soutien? Composez le 1-888-933-9007
  • Pour les jeunes, il est possible de clavarder avec un professionnel de Tel-Jeunes par courriel, ou par téléphone en composant le 1-800-263-2266
source image de couverture : Unsplash
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