Trouble du stress post traumatique.

Peut disparaître dans les trois mois suivant l’événement ou dans 20% des cas devenir chronique. Je souhaitais profondément être dans la catégorie du trois mois, mais puisque ce n’est pas un événement mais bien 10 années, les probabilités de ne pas être chronique étaient minces. J’ai travaillé très fort et par chance j’étais suivi au moment où j’ai mis un terme à tout cela. Ce que je trouve le plus difficile présentement c’est de voir qu’il a encore de l’emprise d’une certaine façon sur moi.

Je vous mets en contexte.

Un flirt d’été se prolonge en première vraie relation. Étant chacun encore chez nos parents respectifs, j’aime bien sa compagnie et on s’entend relativement bien. Il pense comme moi, mes parents l’adorent, tous les gens de notre village aussi. On ne tarit pas d’éloges à son égard. Il quitte pour les études avant moi, il déménage de chez ses parents et moi j’en suis à ma dernière année, je suis finissante. On se parle par téléphone et on passe les weekends ensemble. On rêve de notre avenir, on planifie déjà notre vie. À 18 ans, il me demande en fiançailles, j’accepte. Tout va pour le mieux. Il est attentionné, respectueux et a les valeurs familiales à cœur, ce qui est important pour moi.

On emménage ensemble dans notre premier appartement.

Quatre ans se sont écoulés depuis notre première rencontre et je n’ai rien à dire. Parfois il se montre un peu contrôlant sur mes allées et venues, mais ça lui passe.

Puis les ‘‘red flag’’ débutent.

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Mais puisque ça fait quatre ans qu’il me montre une toute autre personnalité je passe outre. Au début, c’est des prises de tête parce que j’avais dis rentrer vers 20h30 alors que j’arrive à 21h00. Il me fait sentir comme si je suis le problème, comme quoi je n’ai pas de parole, que tout ce que je dis ne vaut rien. Puis, un jour, c’est un coup de poing dans le frigo à deux pouces de mon visage parce que j’ai un ami. 

Puis, viens le chantage sexuel, quand lui en veut c’est ici et maintenant. Si j’ose dire non il répondra : ne vient pas pleurer si je vais voir ailleurs. Me boude pendant des jours et m’ignore, comme si j’étais un fantôme. Quand il finit par ouvrir la bouche c’est pour me dire, tu le sais ce que t’avais à faire pour que je sois de bonne humeur et que je ne t’ignore pas, me donner du sexe.  Donc avec le temps j’ai apprise à ‘‘m’écartiller’’ si je voulais éviter les problèmes.

On continue notre vie, on fait nos études, on se prend la tête pour des absurdités, les années passent, puis tout empire. Quand il arrive de travailler je suis anxieuse, je ne sais jamais dans quel état je vais le retrouver. Parfois souriant et gentil, parfois en colère à claquer les portes, et me dire t’as rien fait aujourd’hui?! Alors que le souper cuit (très important d’être servi à l’heure quand il arrive) et que son lavage est fait, mais si je n’ai pas eu le temps de passer la balayeuse par exemple, je me ferai dire que je ne fou rien et quand j’essaie de me défendre, il me répond que je suis une criss de tête folle. 

Quand on est en publique il ridiculise ce que je dis comme si ça n’avait aucune importance. Une fois dans la voiture, il va me dire : as-tu vu tantôt comment t’as passé pour une conne, les autres te regardaient, t’avais pas rapport. Tu m’as fait honte. Et pendant la discussion avec d’autres au fil du temps je me faisais serrer le bras/pincer pour me faire taire. Si j’osais parler j’allais le regretter. Sois belle et tais-toi. 

Au fil du temps, c’est devenu mon habillement et mon corps.

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Parce qu’au début de la relation j’étais mince, mais au fil du temps j’ai débuté un trouble alimentaire: hyperphagie boulimique. Je tentais de me réconforter. J’ai pris du poids, beaucoup de poids. Il me disait tu sors pas comme ça? Tu t’es coiffée? Ça parait pas! Ou bien, une fois j’avais une robe longue d’été, il pouffe de rire et me dit, c’était tu à ta grand-mère cette robe là? 

Ce que je vous dis là je l’ai gardé pour moi des années, il n’y a pas beaucoup de gens qui sont au courant. Mes parents l’adoraient, je me disais que c’était vraiment moi le problème. J’ai débuté une psychothérapie avec une médication parce que j’ai développé un Trouble d’Anxiété Généralisé. Je crois que c’est ce qui m’a sauvé la vie. Honnêtement, je comprends pourquoi il était en colère quand il a su que je consultais. Ses mots résonnent encore : c’est ça tu vas aller parler de moi, tu vas me faire passer pour un gros criss de cave! Elle va vouloir que tu me laisse, font toutes ça les psy! 

J’ai continué quand même ma thérapie, c’était ça ou bien autre chose que je n’ose même pas nommer… J’y ai pensé. Après 1 an 1/2 de thérapie, on achète notre première maison. Je vais mieux, mais ce n’est pas encore au top. Il continue de me dénigrer et a commencé à critiquer mes amies et ma famille, il tente de m’isoler.

Dans la maison c’est l’enfer… il devient encore pire. Ma mère est à cinq minutes de chez nous mais je n’y arrive pas. C’est comme s'il t’avait retiré le petit peu d’estime de toi que t’avais que t’oses plus rien faire. Puis, la plus belle chose qui pouvait m’arriver arriva, mon chien. Cette petite bête sur qui j'ai mis tout mon temps et mon énergie. J’ai commencé à faire de la randonnée avec mon chien et mon amie. Elle me faisait rire, me redonnait un souffle de vie. 

Quand je l’ai vu avec mon chien, j’ai commencé à m’ouvrir les yeux. Quand j’ai vu comment il était avec elle, j’ai su. J’ai compris que jamais je ne donnerai à mon enfant un père comme celui-là. Je n’avais pas la force de me tenir debout pour moi au début, mais pour mon chien j’ai eu la force. J’étais sans pitié, pour une première fois depuis longtemps je tenais tête peu importe les conséquences. Mon chiot c’était et c’est la prunelle de mes yeux. Et doucement j’ai trouvé la force de lui tenir tête pour moi-même. Doucement il s’éloignait de moi, il ne me parlait presque plus, ne passait plus de temps en ma compagnie et plus c’était ainsi, plus je reprenais du mieux. 

Puis un bon jour, par erreur, j’ai découvert qu’il y avait une autre femme dans le décor.

Je me suis enfermé dans la chambre d’ami avec mon chien. Il criait, me suppliait d’ouvrir la porte, je ne l’ai pas fait, il m’a envoyée chier. Je lui ai demandé à plusieurs reprises de s’expliquer mais il niait tout. J’ai quitté le lendemain matin sans lui dire pour prendre quelques jours chez ma mère. Il m’a harcelée, sans arrêt pour que je retourne à la maison, m’a dit tu veux me faire passer pour un criss de crotté. Je lui ai dis je te demande seulement un peu de temps pour digérer tout ça peux-tu me respecter? Il m’a répondu, j’ai rien fait mais avoir su je l’aurais fourré criss! J’ai tenté de retourner chercher des vêtements mais il avait mis des grandes vis dans le cadre de porte à l'endroit où se trouve le ketch, je ne pouvais plus entrer chez nous. 

Il m’a dit : viens quand je suis là sinon tu n'entres pas.

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Donc j’y ai été la peur au ventre, la maison était saccagée, il avait tout lancé incluant les meubles. Finalement, je suis revenue à la maison, c’est fou à quel point on est manipulé dans ces situations. Je suis restée un mois et après ce temps, à quelques jours de Noël, tout à recommencé. Et là, pour la première fois de ma vie, je me suis tenue debout! J’ai dis C’EST TERMINÉ!!!!! C’EST ASSEZ!!! Il n’a pas résisté, quelques jours plus tard il emménageait avec l’autre fille.

J’ai trouvé un appartement en trois jours malgré qu’il me disait que je n’y arriverais jamais seule, que je n’étais pas capable de faire ma vie seule, avec son petit regard de pitié sur moi. J’ai dormi sur le sol en attendant mes meubles, ma mère, mes amies, ma tante, ma famille, m’ont aidée. Et je suis restée surprise de tous le support que j’ai eu. J’ai fais la meilleure chose de ma vie! Je continuais ma médication et mon suivi.

Mon premier Noël seule avec mon chien. J’ai pleuré et crié de douleur, je me suis sentie seule au point d’en avoir les tripes qui te sert. Puis, j’ai découvert ma nouvelle liberté et j’ai doucement commencé à l’apprivoiser. Encore aujourd’hui, j’ai des séquelles de ce traumatisme que j’ai vécu. Le premier soir que je suis sortie marcher avec une amie sans avoir de compte à rendre, j’étais seule dans ma voiture le sourire aux lèvres.

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Je sais qu’il me reste encore du chemin à faire. Ça m’affecte encore et plus que je ne le voudrais. Je dois l’accepter, je suis insécure vis à vis des autres filles, je me sens souvent moins belle que les autres. Je n’ose pas parler avec les gens, car j’ai peur d’être insignifiante. J’ai des doutes sur tout et sur rien, j’ai peur de faire honte à mon nouveau partenaire quand il tente de me présenter de nouvelles personnes. Je panique souvent, je tente de me contrôler et d’affronter mes peurs, mais ce n’est pas facile.

Par contre si je peux dire une chose, c’est que ma vie présentement est exactement le reflet de ce que j’imaginais dans mes rêves, j’ai du respect à la tonne, de l’amour, de l’écoute et j’en passe. Il me redonne foi en l’amour, foi en moi, il est patient et doux.

Aujourd’hui, je veux simplement donner espoir aux filles qui vivent ce genre de relation avec un pervers narcissique. Vous pouvez vous en sortir même s’il dit le contraire! Croyez-moi c’est le plus beau cadeau qu’on peut s’offrir et surtout n’hésitez pas à demander de l’aide à des professionnels. Que ce soit au CLSC ou à des amis ou de la famille, parlez je vous en prie ne restez pas là!

J’aurais pu écrire un roman sur mon histoire, j’ai tenté de condenser le tout. J’aimerais en dire plus encore. Mais je suis heureuse, épanouie et plus forte que je ne l’ai été depuis une dizaine d’année! Je me sens épanouie, même si mon trouble de stress post traumatique resurgit parfois, je suis heureuse comme jamais! Le plus difficile, c'est de prendre la décision de partir, une fois fait tout s’enclenche. Mais, par pitié, ne restez pas avec ce genre de personne. Il sont malades, ont besoin de soins, ne les laissez pas vous détruire. Il y a une meilleure vie qui vous attend même si ça fait peur! Je te jure que ce sera la plus belle décision de ta vie! 

Source de l'image de couverture : Unsplash
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