Récemment, plusieurs étudiants du Québec ont appris que leur session d’hiver serait encore en ligne, et même si c’est un soulagement pour certains, c’est une nouvelle qui venait officialiser un peu plus pour d’autres le deuil de l’environnement d’apprentissage qu’ils avaient déjà entamé. Je pense que le terme deuil est approprié, puisqu’il s’agit réellement de la fin de quelque chose d’important et qui a des impacts sur la santé de mentale de beaucoup de nos étudiants actuellement.

Loin de moi l’idée de jouer l’apprentie-scientifique et de remettre en cause les mesures sanitaires prises par le gouvernement. Je n’ai pas les connaissances requises pour me permettre d’en parler publiquement. Cependant, je suis intervenante et je travaille tous les jours avec des étudiants qui se sentent démunis, brisés, isolés et anxieux. On jase, on ventile et surtout, on se partage des trucs pour que tout ça se passe mieux. J’ai pensé partager ici ma ligne directrice d’intervention, juste au cas où elle vous motive à la bienveillance et vous pousse à mettre vous aussi en place des outils pour vous aider. Au mieux, cet article-là vous donnera envie de chercher de l’aide si vous en ressentez le besoin.

homme anxiété études étudiant stressSource image: Unsplash

Ce qu’il faut savoir, à propos du stress, c’est que c’est quelque chose de très subjectif. C’est une réaction tout à fait humaine qui se produit quand un individu détecte une menace (quelque chose hors de son contrôle, de nouveau, de soudain et qui est compromettant pour son estime). Ce qui est stressant pour une personne peut être tout à fait banal pour une autre. Le stress en soi n’est pas strictement négatif non plus. C’est souvent grâce au stress qu’on a la motivation de se mettre en action pour relever des nouveaux défis. Mais si celui-ci perdure dans le temps, se joint à plein d’autres facteurs de stress (perte d’un emploi, déménagement, organisation d’un voyage, séparation, problèmes financiers,) et qu’il est incompatible avec les outils de gestion déjà mis en place par la personne, il peut devenir plus nocif.

C’est ce qui se passe actuellement pour beaucoup de nos étudiants. Ils cumulent les facteurs de stress comme si c’était une compétition. Ils essaient fort de réussir leurs cours pour lesquelles les modalités ont peu changé (en fonction des enseignants), jonglent souvent en même temps avec leur emploi et leurs responsabilités autres tout en se sentant isolés de leurs amis et de leurs collègues de classe.

Mais on leur dit qu’on est compréhensif et qu’on fait de notre mieux, que c’est l’occasion rêvée pour eux de faire preuve de créativité et de s’adapter rapidement à leur nouvelle réalité.

Comment tu te sens ?

Sans ruminer ni se nourrir de nos émotions négatives, il est quand même important d’être en mesure d’extérioriser comment on se sent et de le nommer à des gens en qui on a confiance. À force de faire comme si tout allait bien et de se dire « Non, ce n’est pas si grave, je vais bien », on finit par mettre toutes nos émotions en dessous du tapis et un jour, on prend une débarque en passant dans le salon. Les émotions que tu vies sont légitimes. Tu as le droit d’être en colère et d’avoir de la peine. Tu as le droit de trouver ça désagréable les cours en ligne et de ne pas trop savoir où tu te situes par rapport à ton futur en ce moment. Tu as même le droit de dire que « c’est de la marde », une fois de temps en temps. Accepter comment on se sent c’est l’étape numéro un pour se sentir mieux par la suite. Prends du temps à chaque semaine de téléphoner tes proches et d’être honnête avec eux sur comment tu sens.

Respire

Avant de prendre des décisions sur un coup de tête et décider que tu lâches l’école pour devenir danseuse, prends dont une Snickers. Non mais blague à part, c’est important de prendre un pas de recul quand on vit des émotions prenantes et que nos sentiments sont envahissants (qu’ils soient positifs ou négatifs). On a souvent tendance à se laisser guider par nos émotions et réagir fortement aux situations auxquelles on est confronté. Souvent, ça en dit long sur nous et sur les besoins qu’on a besoin de combler. Il y a des choses qui vont te blesser plus que d’autres, et des situations qui vont te faire sentir comme si tous tes projets tombaient à l’eau et que la vie n’avait plus aucun sens. Respire une fois, deux fois, va écouter de la musique pendant 15 minutes ou un épisode de The Office sur Netflix, médite et quand tu vas te sentir moins pris par ton feeling, passe à la prochaine étape.

Rationalise tes pensées

« Je suis certaine que le prof fait exprès de mettre l’examen cette date-là », « Je suis vraiment mauvaise à l’école », « Mes amis me parlent moins. Clairement, ils me détestent »… Bienvenue dans le monde magique des distorsions cognitives. C’est là où les rêves et l’estime vont se cacher pour mourir. Je te garantie que tu en cultives plusieurs sans même t’en rendre compte. Parmi les plus célèbres, il y a :

Le tout ou rien : Soit ça va mal, soit ça va bien. C’est la distorsion qui fait qu’on a de la difficulté à nuancer ce qui se passe réellement. C’est ce qui fait qu’on a tendance à utiliser les mots jamais et toujours. Par exemple: « Tu m’ignores toujours quand je te parle / Tu ne fais jamais le ménage dans la maison / Je suis toujours en retard dans mes travaux. »

Étiquetage : C’est la tendance à attribuer les actions de quelqu’un à son caractère. La personne ne fait pas d’erreur, elle est tout simplement mauvaise. Par exemple: « Je n’ai pas fait ma partie du travail hier, je suis vraiment lâche. »

Raisonnement émotionnel : C’est de prendre nos sentiments pour la réalité, que tout ne se base uniquement que sur notre senti (ça prend peu en considération le senti des autres). Par exemple: « Je suis en colère contre toi alors tu as clairement quelque chose à te reprocher. »

Disqualification du positif : Ne pas prendre en compte tous les éléments positifs dans une situation. Par exemple: Réussir tous ses examens, mais se penser en situation d’échec après avoir obtenu une note faible à un des travaux à remettre.

Et il en existe plein d’autres. Réaliser qu’on utilise souvent des distorsions permet de rationaliser les choses et de prendre des décisions plus éclairées. Le fait de réfléchir à une situation sous un angle différent permet même souvent d’atténuer notre sentiment négatif. Un bon outil pour travailler avec ça, c’est le tableau de restructuration de la pensée. Je ne vais pas réinventer la roue, mais tu trouveras dans le bas de cet article un lien pour aller y jeter un coup d’œil. Ça permet de mettre sur papier la situation objective, notre dialogue intérieur par rapport à la situation, les arguments pour calmer notre dialogue intérieur et les actions possibles à réaliser à partir de là.

Prends soin de toi

Tout le temps, souvent, comme tu le peux, avec toute l’énergie qui te reste. Prendre soin de soi, ça ne veut pas juste dire de pratiquer le yoga deux jours par semaine. Ça veut dire de souligner nos réussites, nos points forts, nos gratitudes et de se fixer des objectifs réalistes. Ça veut dire prendre une pause de son ordinateur pour aller marcher pendant 5 minutes. Sentir le dehors. Se refroidir le dedans du nez. Ça veut dire téléphoner aux gens qu’on aime, rester en contact avec eux. Prendre soin de soi, ça se fait de tellement de manières. J’encourage souvent les étudiants à prendre le temps, chaque jour, de dire quelque chose de positif sur leur personne, leur journée, leur parcours. Je pose toujours la question « C’est quoi, toi, tes forces qui peuvent t’aider à traverser l’épreuve que tu vis en ce moment? ». Fais-toi un journal de gratitude, mets sur pieds un vision board, lis des citations quétaines sur Pinterest. Bref, fais quelque chose pour toi.

Va chercher de l’aide

Si ça fait deux mois que l’émotivité te vire la vie à l’envers, que tu penses à tout lâcher, que tu te sens irritable et déstabilisé, va chercher de l’aide. Demande aux Services aux étudiants de ton établissement quelles ressources sont disponibles pour t’aider. Même en ligne il y a des travailleurs de milieux ou de campus qui peuvent répondre à tes questions et t’offrir une oreille attentive. Il y a aussi des proches, le 811 et plein de belles ressources accessibles pour tous…

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Je laisse ici quelques ressources et outils intéressants :

  • La série vidéo Bien ensemble et avec soi de l’Université de Sherbrooke qui propose des capsules sur différents sujet et des outils pour aller mieux: Tu y trouveras des exercices de méditation, un tableau de structuration de la pensée et bien plus
  • Mon journal de gratitude (Défi de 21 jours)
  • Ce site qui permet de trouver des applications qui répondent directement à tes besoins bien-être
  • Ce site
  • La ressource Espace Mieux-Être Canada : Possibilité de texter et clavarder avec un intervenant
  • La ressource Besoinaide.ca : Possibilité de clavarder et ligne d’appel
  • Il est aussi possible de se présenter au CLSC près de chez toi afin de communiquer avec l’intervenant présent sur place.
Source image de couverture: Unsplash
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