Dans un dodo, je serai à Sherbrooke pour quatre jours. Car demain, le 12 octobre au matin, j’oserai sortir de mon île urbaine pour m’aventurer dans une contrée pas si lointaine, la charmante région estrienne, là où, je l’espère bien, les arbres m’accueilleront branches grandes ouvertes avec des feuilles autres que vertes. Je partirai ainsi en cavale, tels Alonso et Sancho, Thelma et Louise ou encore, Dean et Sal, pour profiter à fond de la 39e édition du Salon du livre de l’Estrie (SLE), un des plus importants événements littéraires ayant lieu chaque année sur le grand territoire de notre si belle province. Je tiens à tout prix à m’expatrier en Estrie l’instant d’un long weekend, car le SLE offre une programmation avec pour thème « les territoires insoumis », une thématique qui m’a immédiatement conquise, moi qui aime tant sortir des sentiers battus.

Territoires insoumis

J’aime ce thème, il m’inspire. Il m’inspire à me lever et à brandir le poing bien haut, ou plutôt, à prendre mon stylo pour mettre les barres sur les t et les points sur les i, et ainsi me révolter, par l’écrit, à l’instar d’un Winston Smith et d’un Hervé Jodoin. Il m’inspire aussi, car s’il y a une chose que la lecture peut nous apprendre, c’est bien l’insoumission. L’insoumission face à l’ignorance, en donnant des connaissances. L’insoumission face à la violence, en donnant des mots pour nous dire. L’insoumission à ce qui est, en nous ouvrant à d’autres réalités. Par conséquent, l’insoumission face à la haine, en nous apprenant l’empathie. Oui, l’empathie. Car en plongeant dans l’esprit de divers personnages et auteurs, il devient possible de saisir et d’aimer l’humain dans toutes sa complexité, ses déclinaisons, ses nuances et ses différences. Bref, nul besoin d’expliquer davantage, il suffit de lire Le loup des steppes de Hermann Hesse pour comprendre à quel point l’écriture et la lecture ont le pouvoir de faire tomber les frontières entre soi et le monde, entre soi et les autres, entre le soi civilisé et le soi sauvage.

Libres et insoumisSource: centredefoiressherbrooke.com

Livres libres

Les mots sont puissants. Surtout ceux qui sont écrits, publiés et partagés. Car ils ont le pouvoir de déconstruire, de construire et de reconstruire les mentalités et la réalité. Ce n’est pas pour rien qu’à une certaine époque au Québec et qu’encore aujourd’hui dans de trop nombreux pays, des livres sont mis à l’index et des auteurs sont interdits, car jugés subversifs et dangereux. Tout bon dictateur se fait d’ailleurs un devoir de prendre d’assaut l’univers littéraire en faisant de cet espace de liberté d’expression un terrible outil de propagande. Car les mots peuvent appeler à l’insoumission, oui, mais peuvent également devenir une arme d’une efficacité incroyable pour emprisonner des cerveaux rendus malléables à force d’être lavés.

Toutefois, lorsque les mots sont librement exprimés à travers des livres qui circulent tout aussi librement, ils ont la réelle capacité de libérer. Libérer celui qui les écrit autant que celui qui les lit. Ce lien entre livre et liberté est tout à fait naturel quand on sait que ces deux mots dérivent de liber signifiant homme libre. L’homme libre d’écrire ses pensées, ses mots, ses réflexions, ses mondes imaginés, ses opinions. L’homme libre également de lire, de choisir ce qu’il lit, d’y croire ou non, de questionner, d’acquiescer, de réfuter, d’aimer, de détester, de partager…

L’écriture et la lecture sont donc synonymes de liberté en offrant un espace privilégié à l’insoumission, et en permettant de faire croire et ressentir, l’instant d’un livre, que tout est encore possible, que tout peut être encore imaginé, et que toute vie peut être encore autrement vécue. Quand on comprend que chaque livre est un condensé de vies, un lieu unique qui nous offre de vivre plusieurs vies à la fois – que ce soit celle d’un adepte de Hare Krishna, tel le Mikael Dionne de François Gilbert; celle d’un jeune délinquant, telle la Bête de David Goudreault; celle d’un plongeur dépendant au jeu, tel le narrateur de Stéphane Larue; celle d’une famille homoparentale, tels les Morin-Aubert de Simon Boulerice; ou encore, celle d’un couple en détresse, tels Simon et Marie de Matthieu Simard* –, on se dit que ce n’est sûrement pas un hasard si les mots livre et vivre n’ont qu’une seule lettre de différence…

Vivre le livre

Pour toute cette liberté et cette douce insoumission, ce weekend, je libérerai mon temps pour aller le passer dans l’univers littéraire insoumis du Salon du livre de l’Estrie, qui se déroulera sous la présidence d’honneur du poète, romancier, slameur et chroniqueur David Goudreault, un artiste multitalentueux dont les mots et le talent ne tuent guère, mais vivifient, au contraire. Alors venez le rencontrer, lui, et tous les autres auteurs qui occuperont non seulement le Centre de foires de Sherbrooke, mais également plusieurs endroits sur le territoire estrien, comme le Bistro O’Chevreuil, La petite boîte noire et le Tremplin.

Parce que le Salon du livre de l’Estrie se fait généreux, je vous conseille vivement de parcourir la programmation** afin de choisir, parmi les 130 activités proposées, celles que vous ne voulez pas manquer. Allez… Maintenant, soumettez-vous à la tentation du livre… et passez donc nous voir au Salon!

* Tous ces auteurs seront présents au Salon du livre de l’Estrie (SLE).

** Pour la programmation complète du SLE, c'est ici. Pour rester au courant des activités du SLE, rendez-vous ici.

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