J’avais 36 ans et je n’ai jamais voulu d’enfants. Je m’assume à 100 % dans mon choix, mais le problème, c’est de l’affirmer haut et fort. En 2019, c'était encore mal vu aux yeux de la société. Ça suscite beaucoup de préjugés et de commentaires étranges : « C’est égoïste, tu vas changer d’idée!», « t’auras personne pour s’occuper de toi lors de tes vieux jours » (eeeee allô, t’as vu le nombre de personnes – des parents pour la plupart – abandonnées dans les CHSLD??), « tu ne penses pas le regretter? » et tant d’autres...

Des propos à saveur de tabou

C’est comme si ça insultait profondément les gens d'annoncer que je ne veux pas d’enfant. Pourtant, il n'y a rien de plus personnel comme choix. Et quand on me demande si – au moins – j’aime les enfants, bien je dis non. Ayoye han! Je n’ai pas d’affinité avec eux et je n’aime pas être en leur présence. Je sais que ça peut déstabiliser certaines personnes ce genre d’affirmation. Pourtant, tout le monde est capable de dire: « Je n’aime pas les retardataires, les narcissiques, les manipulateurs, les lunatiques ».

Des enfants, ça reste des petits humains, et ce n’est pas pour moi.

Mon but en disant ça, ce n’est pas de monter une brigade anti-enfants, c’est seulement de dire tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. C’est de faire comprendre que l’acceptation des autres, ça passe aussi par le respect de position sur des sujets plus sensibles comme le fait de vouloir ou non des enfants. C’est aussi d’amener d’autres femmes (et hommes) à se poser les fameuses questions. Toi, pourquoi t’en veux des enfants? Avouez que cette question ne se pose jamais! Étrange, non? C’est pourtant une décision qui affectera toute ta vie.

Oui, j’y ai été « exposée »

En 2009, j’ai été monitrice de langue auprès des 4e à 9e années quand je travaillais à Terre-Neuve. En 4e année, ils sont encore jeunes, ils sont encore cutes. Et oui, j’ai fait de belles rencontres avec des enfants gentils et bien élevés, mais elles étaient exceptionnelles et je pouvais les compter sur les doigts d’une main. Je sais que mes propos offusqueront certaines personnes, mais je pense que si on nous ne donne pas une tribune régulièrement, à nous les gens qui ne veulent pas d’enfants et qui ne se sentent pas super à l’aise en leur présence, on n’en viendra pas à bout de ce fameux tabou!

Parenthèse au passage

J’aimerais parler de quelque chose qui m’énerve. Jamais je n’entends les gens autour de moi dire à quel point c’est extraordinaire d’avoir des enfants:« Je les aime, mais câline… ils me tirent tellement du jus! Je les donnerais pour une semaine. » Certains disent que les leurs « tapent sur leurs nerfs», qu’ils poussent tout le monde à bout, qu’ils coûtent chers et qu’ils n’ont aucune reconnaissance. Et quand j’ose dire que moi, je n’en veux pas, c’est un outrage au tribunal. Quand même étrange comme phénomène, non?

J’ai entendu un reportage qui parlait de femmes qui regrettaient d’avoir eu des enfants. On ne parle pas juste de jeunes mamans avec des bébés qui ne font pas leur nuit… On parle aussi de femmes dont les enfants sont adultes. J’ai trouvé ça extrêmement courageux qu’elles le disent, et aussi vraiment important. C’est important d’avouer que finalement, « Cétait une carrière que je voulais, et non des enfants ». Ou « j’avais des plans et je n'ai jamais pu les faire parce que j’ai eu des enfants ».

C’est important de faire réaliser que c’est une décision qui n’est pas à prendre à la légère. Je peux imaginer qu’il y a un amour inconditionnel avec la chaire de ta chaire. Je peux comprendre que tu fonds quand ton bébé te sourit pour la première fois. Mais ce n’est pas juste ça. C’est énormément de sacrifices, et pour pas grand-chose en retour (attention, je répète ce que j’ai entendu de certaines mères, ne commencez pas à me jeter des pierres!).

« Je regrette d’avoir eu des enfants »

Si tu fais cette recherche sur Google, tu seras vraiment surpris des résultats. Avoir des enfants, c’est difficile, et les nouveaux parents sont souvent dépassés. Même les parents moins nouveaux. J’ai eu pratiquement toute ma vie pour me poser la question, surtout à la fin de ma vingtaine quand j’étais en couple avec un gars qui en voulait vraiment et qui – malgré ce que je lui avais dit dès le début de notre fréquentation – espérait que je change d’idée.

Mais je n’ai jamais eu le désir, « l’appel ». Parce que oui, je pense que c’est une vocation. Ce n’est pas juste D’AVOIR des enfants, c’est de les éduquer adéquatement et d’être là pour tous les aspects de leur développement. Ma belle-mère de l’époque me mettait de la pression. Ça, c’est malsain en passant. Si quelqu’un te met de la pression et que tu n’es même pas sûre de vouloir des enfants, dis-lui d’arrêter. Ce n’est pas correct.

Lui en voulait, pas elle

Je connais une fille qui a eu un bambin juste parce que son chum en voulait. Ben devine quoi… le gars, il ne s’en occupe pas de son enfant et il est méchant avec lui! La fille n’ose même pas le laisser seul avec son bébé. Je ne veux absolument pas dire que tous les pères sont négligents. Il y a d’excellents pères. Ce que je veux dire, c’est que tu ne devrais jamais, au grand JAMAIS, enfanter pour garder ton chum, lui faire plaisir, lui assurer une descendance ou donner des petits-enfants à tes parents. Encore aujourd’hui, il y a des femmes qui ont des enfants pour les mauvaises raisons.

Parce que c’est le chemin de la vie

J’ai déjà demandé à une amie pourquoi elle voulait des enfants. Et elle ne savait pas quoi me répondre. Elle a dit ben… parce que c’est le cours normal de la vietu finis l’école, tu te mets en couple, tu achètes une maison pis tu fondes une famille.

Ok.

Ça fait que toi, tu ne te poses pas la question pantoute là? Tu te contentes d’entrer dans le moule? Depuis ce temps, je pense qu’elle réfléchit vraiment plus aux raisons qui la pousseraient à avoir des enfants. Si j’ai pu semer un p’tit doute, ne serait-ce que déclencher le début d’une réflexion, je suis bien contente.

J’espère que toi aussi, tu vas te poser la question au moins une fois. Ne serait-ce que pour te répondre à toi-même.

source image couverture: pexel
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