On connait tous l'expression « Tu changes de chum comme tu changes de bobette ».

Et bien mon cas, je dirais plus que ; je change d'endroit comme je change de petite culotte. Je ne sais littéralement jamais sur quel pied danser.

J'ai toujours cru que de me promener d'un endroit à l'autre, avec dans la tête cette fameuse intention de vouloir changer d'air, allait enfin me permettre, un jour, de me sentir réellement à ma place. Après une couple de mois au même endroit, c'est comme si un mal être envahissant prenait possession de mon corps. Comme si le fait de rester sur place plus longtemps n'était pas envisageable, ni considérable. Comme si je me sentais soudainement de trop. Comme si le fait de rester trop longtemps dans une même ville pouvait devenir dangereux.

sac à dos, soleilSource image : Unsplash

Dangereux parce que j'ai peur. Peur d'y développer un attachement, d'y développer des amitiés. Et non pas seulement un attachement quelconque et des amitiés superflues. J'ai peur d'y développer du vrai, du concret. Peur, parce que les gens finiront par voir plus loin que ce que je voulais qu'ils voient, que ce que je voulais qu'ils croient. Peur parce qu'avec le temps, ils apprendront certainement à connaître la personne que je suis véritablement. Ça me terrifie. Je suis t-e-r-r-i-f-i-é-e à l'idée de les décevoir. Je ne sais donc pas si je suis prête. Prête à me montrer sous toute mon authenticité. Je ne sais pas si j'en suis capable, parce que je ne sais même pas si je la connais cette facette de moi. Celle à qui je ne laisse jamais voir la lumière. Celle que moi-même je connais plus ou moins. Alors je la redoute, moi aussi. Je suis si habituée de jouer la carte du temporaire, d'une ville à l'autre, que c'est comme si j'étais le personnage principal d'une pièce de théâtre qui joue en boucle, encore et encore. Alors comment? Comment réussir à me présenter sous mon vrai jour, si j'ai encore bien de la difficulté à me sortir de la nuit? Donc je continue. Je change de ville, change d'emploi, change de faux cercle d'amis qui ne durera pas. Change de tout. Mais je le sais. Je le sais que ça sonne faux. Que bien trop souvent je sonne faux. Que j'ai simplement peur. Que cette peur me pétrifie.

fille, sombre, blesséeSource image : Unsplash

À force de se faire blesser, à force de se faire trahir, on finit par s'oublier. Oublier peu à peu la personne que l'on est pour finalement s'associer à toutes ces étiquettes qui me lèvent le cœur. Étiquettes qui ont malheureusement pris vie de chacune des blessures que mon corps, ma tête et mon cœur ont subies. Étiquettes qui, j'ai l'impression, me sont aujourd'hui collées au front. Étiquettes qui m'ont tellement lavé le cerveau, me laissant croire qu'elles définissaient ma personne au grand complet. Lâche, peureuse, indécise, naïve, faible, impulsive... et j'en passe. Alors je me garde toujours une porte de sortie. Une sorte de correcteur temporaire que j'applique minutieusement sur ces étiquettes. Et j'écris au crayon plomb, parce que je ne sais que trop bien que ça ne durera pas ; belle, confiante, fonceuse, courageuse. Je sais que ce n'est pas sain. Que je dois me débarrasser de toutes ces idées perçues que j'ai envers moi. Que je dois briser l'emprise de certaines personnes toxiques. Que je dois effacer les traces permanentes qu'elles ont laissé sur mon cœur et dans ma tête. Que je dois laisser tomber mes barrières et recommencer. Pour de vrai cette fois. Recommencer à apprendre. À aimer. À connaître. À me connaître. Arrêter de croire que la vie ne commencera que plus tard. Arrêter de tout simplement retarder ma vie. De croire qu'aujourd'hui ne compte pas. De croire qu'aujourd'hui n'est que temporaire. Je ne veux plus avoir peur de décevoir les autres, parce qu'au final, c'est moi que je déçois.

Je ne veux plus avoir peur.

Je suis où je suis.

Je suis celle que je suis.

Source image de couverture : Unsplash
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