Le hasard fait entrer et sortir plusieurs personnes de nos vies. Parfois, on s’imagine que c’est pour le pire, alors que c’est probablement pour le mieux. Sans trop qu’on comprenne, le hasard sait bien faire les choses. Il nous force parfois à prendre des décisions qu’on n’avait pas le courage de prendre soi-même. À contrecœur. Des décisions difficiles à prendre, mais saines pour nous. Même s’il y a un litige entre ce que nous devons faire et ce que l’envie nous chuchote sournoisement, c’est parfois ça qu’il faut : faire des choix sains.

Ça peut cependant impliquer de sortir le moins bon de nos vies. Y’a des affaires qui passent date, qui caillent, qui puent. On peut les laisser moisir dans nos vies un moment sans oser leur toucher, mais il faut un jour se boucher le nez pour les jeter. Frotter. Laver. Pour refaire briller comme dans le temps. Et il faut se reconstruire sans les parties qui manquent maintenant. Au début c’est déstabilisant. Un peu inconfortable et épeurant. Mais l’habitude s’installe et on oublie généralement notre vie d’avant.

Quand je me mets à penser à tout ce temps, j’en ai mal au coeur. Pas dans le sens que je pleure sur mon malheur parce que tu m’as brisé le coeur. J’ai plutôt un mal de coeur de shooter. Ça goûte le vomi dans ma bouche quand je pense à toi couché dans mon lit qui me masse toute la nuit. Quand je pense à tout ce que t’as pu faire de croche. Sans valeur. Sans cœur.

Je te protégeais en disant que ce que tu faisais c’était parce que tu ne savais pas encore ce que tu voulais. Tu me jurais que t’essayais, mais que c’était plus compliqué que je pensais. Je te laissais le temps qu’il te fallait pendant qu’au fond tu jouais avec moi comme si de rien n’était. Pis moi, je disais que t’avais une bonne raison de faire le con. Que je ne pouvais pas t’en vouloir, on commençait à peine à se voir, on n’était pas rendu là, t’avais encore le droit de faire ça.

J’ai compris que les choses se passent subtilement. À un moment tout est satisfaisant, alors que l’instant suivant, le vent peut tourner subitement et les choses commencent à changer rapidement. Les gens qu’on croyait honnêtes franchissent la limite qu’on avait imposée, les choses du passé qu’on croyait réglées sont soudainement déterrées et ce qui nous rendait heureux finit parfois par expirer. Par puer. Parce qu’on l’a laissé trop longtemps nous négliger.

Peut-être que le hasard ne l’aurait pas choisi ainsi. Mais, on est jeudi. On sort les poubelles aujourd’hui. Donc je te laisse aller.

Pis on est jeudi soir. On sort au bar à minuit. Donc, je me laisse aller.

Un petit shooter? Anyway, j’ai déjà le vomi sur le cœur vu que j’ai pensé à toi tantôt.

Source image principale : Pixabay

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