Samedi, mon cœur a pris une petite débarque. En un instant, quelques mois de moments doux et de souvenirs partagés ont pris fin pour laisser place à un affreux goût amer. Sans grande surprise, c’est le goût salé des larmes qui a envahi ma bouche. Ce n’était toutefois pas la tristesse à laquelle je m’attendais parce que je le savais, j’avais vu pire et de loin. C’était plutôt comme une douce mélancolie, celle quand on écoute quelques chansons d’amour en boucle en se répétant que ça va passer.

Lundi, c’est ma carrière qui a pris une audacieuse envolée. Un appel de quelques secondes m’annonçait que j’étais choisie pour un poste que je convoitais depuis trop longtemps. La vie a encore fait un tour de magie. C’est le goût sucré de l’excitation et de la fierté qui a pris place. Un peu comme le goût de la crème glacée à la gomme balloune après que ton père ait ouvert ton bulletin final de première année. J’ai tout de même eu un peu l’impression que la vie négociait avec moi, comme un parent avec un enfant. «Si tu manges tes asperges, tu vas avoir du dessert», j’entends encore dire mes parents. La vie m’a fait comprendre que je devais avaler le désagréable pour avoir droit au préférable.

Les jours suivants ont été ponctués de moments de joie intense et d’une certaine tristesse. Vous savez, le moment où on voudrait partager une merveilleuse nouvelle avec quelqu’un, mais que cette personne n’est plus notre quelqu’un. Est-ce que c’est dans ce genre de situation qu’on utilise le terme aigre-doux?

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Ce qui nous amène à jeudi matin. Pour vous mettre en contexte, c’est le matin où la neige de janvier a fait place à de la pluie et que le tout s’est soudainement transformé patinoire. Cette fois-ci c’est mon corps qui a pris une belle débarque dans un mélange de glace et de gravier noir. Rapidement, c’est le bras d’un gentil et drôle (lire aussi, assez mignon) de jeune homme qui m’a attrapée et m’a relevée de ma magnifiquement gênante chute. Ce bel inconnu a réussi à faire de la limonade avec la tonne de citron que je portais maladroitement. En peu de temps, mon dérapage non contrôlé goûtait pas mal plus doux qu’amer.

En parlant de citrons, la vie m’en a souvent fait cadeau, le goût surette de l’agrume allant jusqu’à m’irriter les yeux. Mais optimiste que je suis, j’ai rapidement appris qu’on pouvait en faire de la limonade ou les lancer au visage d’autrui, c’est au choix. L’amertume ça me connaît, cependant je fais le choix de voir le beau et le doux, mais surtout de ralentir et d’ajuster les saveurs si nécessaire. J’ai réalisé à quel point c’est à moi de jouer avec la recette parce que les goûts, ça ne se discute pas. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, j’ai reçu un biscuit chinois sans présage à l’intérieur. J’étais surprise et un peu déçue - moi qui les affectionne particulièrement - mais quand j’y repense, c’était peut-être une façon de me dire que je ne regardais pas au bon endroit, que ce n’est pas dans les biscuits qu’on apprend à goûter à la vie. Bref, j’ai compris que la vie est un assemblage d’événements qui peut se transformer en merveilleux selon ce qu’on y ajoute.

Bon appétit

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