Je me réveille, ayoye, j’ai mal partout. Je m’étire pour regarder l’heure sur mon téléphone, 2 h 12. J’ai chaud, je suis trempée. Il fait 16 degrés dans la chambre, le ventilateur fonctionne à plein régime, la fenêtre est ouverte et je suis couchée sur le dessus des couvertures. Les joies d’être une femme enceinte.

Bon bin tant qu’à tourner dans le lit, je vais me lever.

Je me tourne du mieux que je peux dans le lit pour essayer de me lever, je contracte. Je renfonce dans la mousse mémoire, j’ai de la misère. Je m’appuie sur la table de nuit pour m’aider un peu. J’accroche mon verre d’eau format géant pis j’envoie par terre tout son contenu. Il y en a partout, je suis découragée. Je ramasse à l’aveuglette avec le peu de mouchoirs que j’ai sous la main, le linge que j’avais sur le dos hier qui traine encore à terre s’occupera d’absorber le reste.

Je m’enligne vers les toilettes.

Il faut que j’arrête dans le cadre de porte parce que je suis essoufflée pis parce que j’ai mal aux hanches. Je m’arracherais l’aine, ça pique. Je m’assois sur la toilette pis je prends mon petit miroir de poche dans le tiroir. Je me contorsionne pour voir ce qui se passe en dessous de ma bedaine. Lucky me, j’ai eu trop chaud pis je suis pleine d’eczéma. Je fouille dans l’armoire de pharmacie pis je me badigeonne de crème. Rendue là, au diable les bobettes, mais je me dépêche à mettre mes bas par exemple !

Je descends dans la cuisine, je pars le four.

J’ai vu une recette de biscuits au pain d’épices hier pis je n’arrive pas à me la sortir de la tête. Je l’sais, c’est un craving de femme enceinte. Je vous laisse imaginer la scène : il est 2 h 33, je cuisine des biscuits, pas de bobettes, avec mon top de pyjama imprégné de colostrum parce que mon sein droit pense que j’ai besoin de sa production pour compléter ma recette. Tout se passe bien, je ne fais pas de messe avec mes nouveaux attributs que je ne sais pas trop comment gérer. Je m’ennuie de mes petits seins.

Je descends dans le sous-sol.

Je pars une brassée de draps en tout genre pour enfin pouvoir finir la chambre de bébé. Je remonte mon lot de couches lavables pis j’en échappe la moitié dans l’escalier. Je les ramasse, je contracte. Fuck that ! Je les garroche sur le sofa, je les assemblerai plus tard.

Je fais chauffer de l’eau pour me faire un thé.

Je suis trop excitée, j’ai reçu ma commande de David’s Tea cette semaine. Je choisis minutieusement la sorte que je vais essayer. J’ouvre la boite avec un peu trop d’effort pis son contenu revole dans la pièce quand le couvercle décide finalement de coopérer, comme si j’avais voulu faire un party de confettis dans ma cuisine. Il est 3 h 26 : je ne peux pas passer l’aspirateur. À cette heure-là, mon homme va m’arracher la tête. Cherche le balai, trouve pas le balai. J’ai l’air super intelligente à quatre pattes dans la cuisine à faire des petits tas de feuilles de thé pour essayer de faire en sorte que ça se ramasse mieux. Tout d’un coup j’ai comme une illumination : crisse mes biscuits !

Ça l’air que quand on est une femme enceinte il faut apprendre à lâcher prise.

Alors il est 4 h passé et je vous écris ma petite péripétie en mangeant mes biscuits brûlés pis en buvant un thé fait à partir des feuilles que j’ai ramassées par terre en écoutant Harry Potter pis en assemblant des couches lavables dans mon salon. Pas de bobettes. Avec les seins qui coulent. Je sens que la journée va être longue.

Image de couverture par Kinga Cichewicz
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