Depuis quelques jours, vous avez sûrement vu la montée de bouclier chez nos voisins du sud par rapport au projet de la Cour suprême visant à permettre aux États de criminaliser l’avortement. C’est fou qu’on en soit encore à débattre de ceci, 50 ans après l’arrêt Roe v. Wade. En gros, cette décision étendait le droit à la vie privée jusqu’à la décision de se faire avorter.

En 2022, ceux que nous aimons surnommer « les vieux criss de evil catholiques » veulent invalider cette décision datant de 1973 et remettent donc sur la place publique le débat pour ou contre l’avortement.

Pourquoi c’est grave?

Parce que les femmes et toutes les personnes enceintes doivent avoir la liberté de choix. Parce que des avortements vont continuer d’avoir lieu, mais ils seront moins sécuritaires et mettront en danger la vie des femmes. Parce que les femmes bien nanties vont pouvoir se permettre de voyager dans d’autres états / pays pour aller de l’avant avec un avortement légal, mais celles qui sont les plus défavorisées ne le pourront pas et seront donc les plus impactées. Dans un pays où on offre aux nouvelles mères un congé parental d’à peine 3 mois, où tout le monde n’est pas assuré et où il n’y a pas de système de santé universel, le tout dans un contexte d’inflation avec la montée des coûts d’épicerie, de logement et d’essence, c’est d’une cruauté sans nom de vouloir obliger toutes les femmes à mener leurs grossesses à terme et se retrouver avec une immense responsabilité sur les bras.

La « droite diabolique catholique » se dit pro-vie

Mais est en fait plutôt pronaissance et anti-femmes, car elle n’a aucunement l’intention de lever le petit doigt pour ces bébés non voulus mis au monde de force par des mères qui auront été violées, ne sont pas dans une posture adéquate pour élever un enfant quelle que soit la raison ou qui ont tout simplement d’autres projets de vie qui ne concordent pas avec le fait d’avoir un enfant. Un argument qui ressort du débat et que je trouve particulièrement pertinent est que le droit à la vie privée ne peut obliger les Américains à donner du sang, des plaquettes ou un organe, même après leur mort. Il faut un consentement éclairé prémortem pour prélever des organes sur un cadavre, même si celui-ci peut sauver la vie d’une autre personne. On ne peut pas obliger les Américains à utiliser leur corps pour sauver une autre vie, mais on pourrait le faire lorsqu’il s’agit d’une grossesse? C’est pourtant la même chose, car le fœtus dépend à 100% du corps de sa mère pour survivre.

Je reviens à la législation.

Si cette décision passe, ce serait très dangereux pour d’autres groupes aussi parce qu’on s’en prend directement au droit à la vie privée. Dans l’agenda politique de ces conservateurs catholiques, l'égalité du mariage et les droits des personnes trans ne sont pas bien loin dans la liste de droits à éliminer. C’est pourquoi ce débat est réellement l’affaire de tous.

Et si vous croyez qu’au Canada, notre droit à l’avortement est acquis pour la vie, détrompez-vous! Le sujet a bien sûr fait son chemin jusqu’à la chambre des communes cette semaine et les députés conservateurs restent très silencieux sur la question. Il y a des soi-disant pro-vie là-dedans. On pourrait donc être à un gouvernement conservateur de ramener le débat ici aussi… Heureusement, notre cher Justin parle de renforcer le cadre légal entourant l’avortement au pays pour qu’il demeure accessible à toutes.

Image de couverture par Gayatri Malhotra
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