Le texte suivant a été rédigé dans le cadre du projet « Hommage aux fxmmes #metoo ». L’idée derrière ce projet est d'offrir une nouvelle voix au mouvement #metoo, particulièrement dirigé vers des dénonciations par les fxmmes d’agressions ou d’inconduites sexuelles, bien que les fxmmes ne soient pas les seules à être victimes de la violence sexuelle. Les auteurs.trices qui prendront part au projet partageront avec vous leurs réflexions, leurs opinions, leurs observations ainsi que leur soutien, leur amour et leurs souhaits pour l’avenir quant à la cause de la violence sexuelle. 

- Laurianne André, bachelière en sexologie

Je voudrais débuter ce texte en rendant hommage aux femmes qui ont eu une influence positive dans ma vie et qui continuent de le faire. J’ai eu la chance de grandir entouré de femmes fortes et déterminées. Leur soutien et l’exemple qu’elles m’ont donné ont certainement aidé à façonner mon parcours. Ma grand-mère a une forte personnalité qui l’a aidée à prendre sa place à une époque où ce n’était pas encore nécessairement la norme pour les femmes. Ma mère, après avoir eu son quatrième enfant, a complètement changé de carrière pour poursuivre un rêve et lancer son entreprise. Ma grande sœur a toujours été un modèle pour moi avec son énergie et sa volonté de réussir tout ce qu’elle entreprend. Je vois un beau mélange de ces qualités chez ma plus jeune sœur alors qu’elle approche l’âge adulte et elle me remplit de fierté. J’ai aussi la chance de compter plusieurs femmes extraordinaires parmi mes meilleures amies. Je vous vois toutes travailler fort pour atteindre votre plein potentiel, et je ne peux m’empêcher de souhaiter que le monde vous en donnera toutes les chances.

Bon, maintenant, le moins beau.

Cet été, je me suis fait siffler pour la première fois de ma vie. Évidemment, vous comprendrez que ça ne s’adressait pas à moi : je marchais avec deux amies et des hommes qui passaient par là en voiture ont baissé leur fenêtre pour les siffler et leur lancer de beaux compliments. Ça m’a choqué pour plusieurs raisons.

D’abord, le cliché de la situation. « Yark… y’a encore des gars qui font ça. » Ensuite, la réaction de mes amies. « Banal. On est habituées. » Pas que je vivais dans un monde de fées où les problèmes de société n’existent pas, mais en même temps, en tant qu’homme blanc hétérosexuel, un peu oui. Belle manière de me rappeler mon privilège.

J’aurais aimé faire quelque chose de plus que seulement regarder ces hommes s’éloigner avec dégoût. Cette impuissance m’est restée dans la tête pendant plusieurs jours. Et je pouvais seulement imaginer comment se sentent les femmes qui vivent ça régulièrement.

Le mouvement #metoo, pour moi, c’est de l’espoir.

Ces dernières années, j’ai réalisé la toxicité de la culture masculine. Par exemple, en tant que sportif, j’ai entendu et participé à de nombreuses « discussions de vestiaire ». On était jeunes, on ne savait pas, on ne comprenait pas, mais ce n’est pas une excuse. En 2020, ça m’a amené à une plus profonde introspection. Je n’ai pas toujours été parfait et je ne le suis pas non plus aujourd’hui, mais j’ai espoir que je suis meilleur qu’avant et j’ai espoir que je pourrai être meilleur demain. J’ai espoir que d’autres hommes ont aussi fait cette introspection.

apprendre #metooSource image : Pexels

Je comprends mieux aujourd’hui les difficultés auxquelles les femmes font face dans la vie de tous les jours, dont je n’avais aucune conscience dans un passé pas si lointain.

Je repense aux histoires que ma mère me racontait, où elle recevait des commentaires désobligeants et des avances répétées sur son milieu de travail. « Ahhh, c’est des gars de la construction… » qu’on se disait. Aujourd’hui, je pense à toutes les autres fois où c’est arrivé et qu’elle n’a rien dit.

Je revois des moments où des collègues masculins ont dévalorisé des collègues féminines et moi qui ne réalise rien, aveuglé par mon ignorance. Merci à vous qui m’avez fait assez confiance pour m’en parler parce qu’aujourd’hui, ils ne m’échappent plus tous, ces moments.

Je vois ma sœur qui doit se battre à chaque conférence Zoom pour que son collègue écoute ses idées ou ne lui marche pas sur les pieds devant leur patron ou leurs clients. Ça, c’est quand il la laisse parler…

Je ne pense pas qu’on doit tout mettre dans le panier du sexisme, de la misogynie ou de la masculinité toxique. Par contre, avec tous les exemples qu’on a vus dans les médias ces dernières années, en plus de ce qui se passe devant nos yeux, écarter la possibilité que ça fasse partie de l’équation, c’est se mettre la tête dans le sable. Si tu n’es pas conscient de ça aujourd’hui, c’est que tu n’as pas fait l’effort de t’informer et de t’éduquer.

J’espère que plus d’hommes ont compris qu’ils ne comprendront jamais, mais aussi qu’ils doivent mettre plus d’effort à essayer de comprendre. Réaliser que notre zone de confort est un privilège, c’est un bon premier pas. La prochaine étape c’est de prendre action et de poser des gestes concrets pour contribuer à changer notre environnement immédiat. C’est comme ça, petit à petit, qu’on arrivera à construire un monde où nos mères, nos sœurs et nos amies auront les mêmes chances que nous.

Pour moi, #metoo c’est cet espoir là.

Source image de couverture : Pexels
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