Le texte suivant a été rédigé dans le cadre du projet « Hommage aux fxmmes #metoo ». L’idée derrière ce projet est d'offrir une nouvelle voix au mouvement #metoo, particulièrement dirigé vers des dénonciations par les fxmmes d’agressions ou d’inconduites sexuelles, bien que les fxmmes ne soient pas les seules à être victimes de la violence sexuelle. Les auteurs.trices qui prendront part au projet partageront avec vous leurs réflexions, leurs opinions, leurs observations ainsi que leur soutien, leur amour et leurs souhaits pour l’avenir quant à la cause de la violence sexuelle.  - Laurianne André, bachelière en sexologie

Durant toute ma vie, j’ai eu l’immense chance d’être proche majoritairement avec des femmes, surtout durant mon adolescence. Je suis un homme gai, et je peux compter sur une main les amis proches que j’ai eus durant mon passage à l’école secondaire, et la plupart était des filles. Durant ces années, pour quelqu’un comme moi, c’est-à-dire quelqu’un de visiblement différent des autres garçons de mon âge, ce n’était pas toujours facile de se sentir aimé, ou même accepté. J’ai eu de la chance : les filles qui m’ont accueilli comme un vrai ami, qui m’ont traité comme quelqu’un avec de la valeur et capable d’être aimé. Elles m’ont sauvé la vie. Dans ces années de développement très fragile, la présence d’amitié féminine m’a permis d’au moins graduer avec le sourire aux lèvres. Aujourd’hui, grâce à elles, je me sens capable de vivre ma vie d’une façon confiante, grégaire, ambitieuse, et sans regret. Ce sont elles qui me soutiennent toujours : dans mes triomphes et dans mes échecs, je peux compter sur elles, depuis dix ans, d’être là.

amour ellesSource image : Pexels

C’est une chance que j’ai, car je réalise que, ces femmes-là qui continuent de me soutenir tant, n’ont pas nécessairement connu le même soutien de la part du monde entier. Que ce soit une de mes amies qui se force de se taire quand son copain lui dit quelque chose de blessant parce qu’elle ne voudrait pas le fâcher ou qu’on l’appelle «dramatique», ou une autre amie qui sent qu’elle n’aura jamais le genre de corps pour être aimé par quelqu’un, ou une autre amie à qui un garçon a dit qu’elle devrait considérer à se blesser parce qu’elle ne voulait plus coucher avec lui... Bref, j’ai entendu des histoires qui m’ont secoué profondément.

C’est sûr, je serai toujours là pour mes amies, mais c’est dans ces moments-là que je réalise à quel point j’ai le privilège d’être un homme. Je ne vivrai jamais dans la peau d’aucune de mes amies, je ne vivrai jamais les choses qu’elles me racontent, et ça me brise le cœur parce que je ne pourrai jamais les soutenir au même niveau qu’elles m’ont soutenu. Les choses qu’elles ont faites pour moi durant nos années d’amitié, je ne pourrai jamais entièrement les remercier à cause de cette différence.

Tous les hommes, sans exception, ont à remercier plusieurs femmes pour leur développement, et c’est aux hommes de reconnaître le poids émotionnel que les femmes portent avec elles. Je ne crois pas qu’on vit encore dans un monde où ce fait est toujours reconnu par tous, mais j’espère un jour qu'il le sera. En attendant ce jour, je m’engage à essayer continuellement d’être là pour mes amies de toutes les manières possibles.

Je décrocherais la lune pour ces filles-là, parce qu’elles l’ont fait pour moi.

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