Il y a quelques années déjà de ça, je me suis embrasée pour un amoureux des arbres, j’ai même appris le nom en latin d’une centaine d’entre eux pour être complice de sa passion.

Comme plusieurs fois auparavant dans ma vie de jeune adulte, aussi rapidement que je l’ai aimé, mon amour pour lui s’est réduit en cendres emportant tout sur son passage sauf un tout petit arbuste qui poussait au fond de mon ventre. Celui pour qui l’amour jamais ne s’éteindrait. C’était lui ma vrai passion, mon ambition à devenir meilleure, à être le mieux de moi-même. Toute mon ardeur allait lui appartenir, fort.

J’ai pleuré des journées entières à l’aimer ardemment, je n’avais jamais ressenti ça. Personne ne m’avait expliqué qu’aimer aussi fort, ça fait un peu mal, tant c’est difficile à contenir. On m’avait parlé des montées de lait, des coliques, des nuits sans l’ombre d’un bout de sommeil, mais on avait oublié de m’expliquer l’amour sans limite. Et même si tous s’entendent pour dire que c’est merveilleux l’amour sans bordure, on oublie que les débordements c’est parfois douloureux. Délicieusement douloureux.

mains coeur enceinte maman bébéSource image: Unsplash

À une autre époque, j’aurais probablement été une heureuse mère au foyer. Je n’ai aucune difficulté à passer des heures à le regarder dormir, lui lire des livres, lui faire découvrir la musique, lui apprendre la vie. La maternité aurait probablement été mon unique passion et peut-être un peu la littérature à temps perdu, entre deux boires et un changement de couche.

J’aimerais parfois savoir quel genre de femme je serais devenue dans les années 30 ou 40. Juste savoir, je ne voudrais pas y être ,parce que les choix, t’sais. La moi d’aujourd’hui a le choix avec tout ce que ça implique, avec tout ce que ça permet.

Le choix de devenir celle que je veux ou du moins devenir celle que je suis. À cette époque, je serais probablement demeurée avec celui qui a marqué ma peau de contusions et qui a meurtri mon esprit, jusqu’à brûler vive ou pire encore jusqu’à m’éteindre. On ne m’aurait jamais permis d’être, je ne me serais jamais permis d’être. Je n’aurais pas eu de carrière autre que celle d’être mère et épouse ou épouse et mère, je ne sais jamais dans quel ordre il faut les mettre.

Pourtant, même si je ne suis pas de ces générations, j’ai déjà cru à tort que mes relations me définissaient. Couple réussi = personne adéquate. Je ne pouvais pas être plus dans le « champ ». Tout ceci n’était que des paradigmes qui étaient bien ancrées dans ma tête de petite fille. Ma définition, je l’ai trouvée par moi-même au moment où j’étais plus seule que Tom Hanks dans Cast Away. C’est dans ces moments-là que j’ai eu le plus de plaisir, où je me suis découverte, où je me suis décortiquée pour trouver quelqu’un d’assez chouette avec des opinions, des convictions, des ambitions et l’envie de déplacer des montagnes.

enfant banc de parc noir et blancSource image: Patricia Morin-Boucher

J’espère pouvoir lui offrir ça, à mon petit arbuste. Lui donner la force d’être lui, même quand ce n’est pas facile, même quand le vent souffle ben fort et semble vouloir le déraciner. Je veux qu’il soit capable de trouver sa place à lui où il va s’épanouir, aimer sans bordure et pousser plus haut que le ciel.

Source image de couverture: Unsplash
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