En cet instant présent, précis et qui semble si constant ces derniers temps, je suis tout simplement paumée! Vous savez, ce sentiment au fond de ses tripes que quelque chose de précis nous attend dans notre vie, une chose qui donnera le sens que l’on attend, mais un flou total vient alors rendre ce sentiment amère.

Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours pensé qu’à 30 ans, je serais parfaitement à ma place, que je saurais qui je suis et ce que je dois faire pour donner du sens à ma vie. Je ne me souciais de rien jusque-là, car à 30 ans, je devais savoir, c’était une évidence. Et bien voilà, les 30 ans sont là, sur le pas de la porte et je ne sais pas!

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Tiens, voilà ce que je répondrais à cette fameuse question qu’on adore me demander depuis quelques temps : «Et toi Madeline, que fais-tu de beau en ce moment dans ta vie?», implicitement «que fais tu pour te rendre utile à la société?». Et là, à chaque fois, je me dis : «Allez sors leur quelque chose qui semble réfléchi, un truc pas trop nul pour pas donner l’air de s’ennuyer dans sa vie, mais pas un truc trop bien non plus, pour pas donner l’air de se la péter.» En vérité, j’aurais envie de répondre : «Je suis paumée, tellement paumée dans ma vie, et j’assume entièrement ma paumitude, mon cerveau est cramé à force de chercher ce qui pourrait me rendre heureuse et épanouie, et en même temps être utile à notre société, j’en sais foutrement rien bon sang!»

J’ai vécu une enfance à rejeter l’école, à détester l’autorité, à être humiliée et pressurisée, parce que je n'étais pas assez douée dans aucune matière, à ne jamais me sentir à ma place, à prier pour que tout ce calvaire scolaire se termine vite.

À 15 ans, on a décidé pour moi que je n’étais pas assez intelligente pour faire de grandes études, que ce n’était pas le système scolaire qui n’était pas adapté à moi, mais bien moi qui avait un problème. On m’a donc assignée à suivre une formation en bureautique qui ne m’intéressait guère, parce que : «Madeline est organisée, rigoureuse et qu’elle adore utiliser l’ordinateur, alors voilà ce travail sera parfait pour elle.» Voilà comment on a choisi pour moi, mon avenir, sans me demander mon avis. Je peux ressentir encore ce sentiment de désespoir, j’étais simplement désemparée, je me sentais condamnée à subir les choix des autres qui avaient décidé pour ma propre vie.

J’ai toujours détesté qu’on me dise que je ne méritais pas de faire ce dont je rêvais, alors j’ai contourné le système et j’ai réussi à atteindre un niveau de formation bien plus élevé que ce à quoi on me destinait. Quoi que l’on veuille dans la vie, on peut prendre des chemins qui sont différents pour atteindre notre but, et se battre ainsi pour ce qui nous fait réellement vibrer et nous rend vivant: rire, écrire, aimer, pardonner, enseigner, observer, méditer, écouter, bavarder, chanter, danser, crier, respirer et enfin aimer encore plus fort!

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Un jour, je regarderai ce moment de ma vie où j’ai été si paumée, avec un sourire de bienveillance et de soulagement, et j’espère que je réaliserai qu’elle était nécessaire à mon bonheur.

Paumée, je suis paumée, alors je vis chaque jour l’un après l’autre, dans l’instant présent, afin que la vie me surprenne à tout instant. Paumée, je suis paumée, alors je lâche prise pour enfin m’autoriser à croire en ma bonne étoile. Paumée, je suis paumée, alors je pense sincèrement vivre l’une des plus belles étapes de ma vie, grâce à laquelle je verrai de nouveau le soleil briller sur ma planète de merveilleuse paumée.

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